Espace militaire : l'Europe à la traîne
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http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3244,36-978241@51-977481,0.html
Dans la galaxie de l'espace militaire, la position de l'Europe s'apparente à celle d'un satellite en orbite basse assistant, impuissant, au passage d'une sonde américaine en route pour Mars. Cet écart budgétaire et technologique ne cesse de se creuser : les Etats-Unis comptent pour plus de 90 % des dépenses mondiales consacrées à ce secteur. Ils dépensent vingt fois plus pour l'espace militaire que les Vingt-Sept réunis, et sont les seuls à disposer de toute la gamme des outils permettant d'observer, de détecter, d'écouter, de communiquer, d'alerter, de se positionner et peut-être, demain, de faire la guerre à partir de l'espace.
A son rythme actuel de croissance, le marché global de l'espace sera quinze fois plus important en 2025. Or, par nature, l'espace est le terrain des technologies duales : les applications civiles ont des retombées militaires, et réciproquement. Cette "nouvelle frontière" commerciale a son équivalent militaire. Un indice parmi d'autres : les troupes présentes en Afghanistan utilisent sept fois plus de communications par satellite que les forces alliées pendant la première guerre du Golfe.
Cette asymétrie fondamentale entre l'Europe et les Etats-Unis s'explique par des raisons historiques, sans justifier l'incapacité des Européens à prendre la mesure du défi qui leur est lancé, d'abord par les Etats-Unis et la Russie, mais aussi par les nouveaux acteurs de l'espace militaire que sont la Chine, le Japon, l'Inde, Israël, le Brésil. Une trentaine de pays ont aujourd'hui engagé des efforts budgétaires significatifs pour se doter de capacités militaires spatiales. "Intellectuellement, les Européens ont intégré le fait que l'espace est stratégique, résume un industriel. Mais ils ne sont pas passés à l'acte sur le plan budgétaire. L'une des conséquences négatives de ce retard technologique, c'est que nous sommes de moins en moins interopérables avec les Américains."
Il est vrai que, pendant trente ans, l'espace a été le champ clos des protagonistes de la guerre froide : Etats-Unis et URSS. Les satellites étaient les outils de surveillance des programmes balistiques et nucléaires de l'adversaire.
Rien n'a véritablement changé. Dans la guerre moderne, c'est l'espace qui donne la supériorité de l'information, partant celle de la décision et de l'action. Fin 2004, les Etats-Unis et l'ex-URSS/Russie avaient lancé plus de 2 000 satellites militaires, contre 40 à 50 pour les autres pays. Selon Eurospace, 244 satellites militaires ont été placés en orbite de 1995 à 2004, dont 93 pour les Etats-Unis, 129 pour la Communauté des Etats indépendants (CEI), 12 pour l'Europe, et 10 pour le reste du monde.
Si les missiles et les bombes restent les moyens les plus efficaces, et surtout les moins coûteux, d'infliger des dommages à l'adversaire, et si l'espace n'est pas encore devenu un espace de bataille, ce statu quo - l'exemple du tir antimissile chinois du 11 janvier l'a montré - est fragile. Loin d'être un sanctuaire dédié à la science, l'espace est un immense réservoir de puissance et d'enrichissement, et aussi une jungle sans loi.
Si le traité sur l'espace de 1967 bannit le déploiement d'armes de destruction massive, en particulier nucléaires, il ne prévoit rien pour endiguer la militarisation de l'espace, y compris sous la forme d'armes antisatellites. Forts de leur avance technologique, les Etats-Unis, comme l'a confirmé la nouvelle politique spatiale américaine du 31 août 2006, entendent conserver une totale liberté d'action dans l'espace, considéré comme vital pour leurs "intérêts nationaux", et y dénier le droit d'accès à leurs adversaires, tout en s'opposant à tout nouveau régime juridique contraignant.
L'Amérique est donc restée sourde aux demandes en faveur d'un traité visant à empêcher une course aux armements dans l'espace. Etant donné leur avance sur le reste du monde, les Américains ne voient aucun intérêt à accepter des restrictions qui ne s'appliqueraient qu'à eux-mêmes. Européens et Américains ont tenté de bâtir ensemble une architecture spatiale, laquelle a buté sur une approche conceptuelle divergente, et surtout sur la disproportion des investissements que chaque partie était prête à y consacrer.
Les Etats-Unis affichent aujourd'hui une volonté de "contrôle", voire de "domination", alors que les Européens parlent de "surveillance" de l'espace. Les premiers consacrent plus de 20 milliards de dollars par an (sans tenir compte des programmes secrets) à l'espace militaire, contre environ 1 milliard de dollars pour les seconds. Dans leur rapport de février sur la politique spatiale, intitulé "L'audace ou le déclin", le député Christian Cabal et le sénateur Henri Revol résument ainsi cette situation : "Il n'existe pas de programme européen, mais une juxtaposition de programmes nationaux, bilatéraux, voire trilatéraux. Cinq pays européens disposent de systèmes de télécommunications spatiales militaires mais ces cinq systèmes sont tous différents."
Le système de positionnement et de navigation par satellite Galileo incarne ainsi le sursaut spatial de l'Europe, mais aussi sa caricature. Faute de financements privés, et en raison du patriotisme industriel de nombre d'Etats, le programme-phare de l'indépendance de l'Europe est en panne. La France, dont l'effort financier pour le spatial militaire représente plus de la moitié de celui de l'Europe, affiche une certaine fatigue budgétaire devant l'absence de mobilisation de ses partenaires.
Car il en est de l'espace militaire comme de la défense européenne : la plupart des Européens ont une vision peu ambitieuse de l'indépendance stratégique du Vieux Continent, et se satisfont des prestations que leur offre Washington. La France et ses principaux partenaires européens ont pourtant des réalisations à faire valoir dans le spatial militaire, que ce soit dans les domaines de l'observation (les français Hélios et Pléiades, l'allemand SAR-Lupe, l'italien Cosmo-Skymed), des télécommunications (le français Syracuse, l'italien Sicral, le britannique Skynet, l'allemand Satcom BW), de l'alerte avancée (le français Spirale), de l'écoute électromagnétique (le démonstrateur français Essaim) ou de la détection radar (Graves), mais ces avancées constituent des "niches" qui s'intègrent rarement dans une architecture européenne du spatial militaire.
Pour que celle-ci voie le jour, il faudrait commencer par doubler (jusqu'à 2 milliards d'euros par an) l'effort de l'Europe, ce qui suppose des sacrifices : les armées sont-elles prêtes à renoncer à une partie de leurs chars, de leurs avions de combat et de leurs sous-marins ? L'Europe se persuadera-t-elle que l'arrivée de nouveaux acteurs dans l'espace militaire l'obligera tôt ou tard à s'intéresser à la défense antimissile et à l'"arsenalisation" de l'espace ? Elle ne semble pas en prendre le chemin. Comme si elle n'avait pas assimilé ce principe stratégique de Clausewitz : "Qui tient les hauts tient les bas."
Dans la galaxie de l'espace militaire, la position de l'Europe s'apparente à celle d'un satellite en orbite basse assistant, impuissant, au passage d'une sonde américaine en route pour Mars. Cet écart budgétaire et technologique ne cesse de se creuser : les Etats-Unis comptent pour plus de 90 % des dépenses mondiales consacrées à ce secteur. Ils dépensent vingt fois plus pour l'espace militaire que les Vingt-Sept réunis, et sont les seuls à disposer de toute la gamme des outils permettant d'observer, de détecter, d'écouter, de communiquer, d'alerter, de se positionner et peut-être, demain, de faire la guerre à partir de l'espace.
A son rythme actuel de croissance, le marché global de l'espace sera quinze fois plus important en 2025. Or, par nature, l'espace est le terrain des technologies duales : les applications civiles ont des retombées militaires, et réciproquement. Cette "nouvelle frontière" commerciale a son équivalent militaire. Un indice parmi d'autres : les troupes présentes en Afghanistan utilisent sept fois plus de communications par satellite que les forces alliées pendant la première guerre du Golfe.
Cette asymétrie fondamentale entre l'Europe et les Etats-Unis s'explique par des raisons historiques, sans justifier l'incapacité des Européens à prendre la mesure du défi qui leur est lancé, d'abord par les Etats-Unis et la Russie, mais aussi par les nouveaux acteurs de l'espace militaire que sont la Chine, le Japon, l'Inde, Israël, le Brésil. Une trentaine de pays ont aujourd'hui engagé des efforts budgétaires significatifs pour se doter de capacités militaires spatiales. "Intellectuellement, les Européens ont intégré le fait que l'espace est stratégique, résume un industriel. Mais ils ne sont pas passés à l'acte sur le plan budgétaire. L'une des conséquences négatives de ce retard technologique, c'est que nous sommes de moins en moins interopérables avec les Américains."
Il est vrai que, pendant trente ans, l'espace a été le champ clos des protagonistes de la guerre froide : Etats-Unis et URSS. Les satellites étaient les outils de surveillance des programmes balistiques et nucléaires de l'adversaire.
Rien n'a véritablement changé. Dans la guerre moderne, c'est l'espace qui donne la supériorité de l'information, partant celle de la décision et de l'action. Fin 2004, les Etats-Unis et l'ex-URSS/Russie avaient lancé plus de 2 000 satellites militaires, contre 40 à 50 pour les autres pays. Selon Eurospace, 244 satellites militaires ont été placés en orbite de 1995 à 2004, dont 93 pour les Etats-Unis, 129 pour la Communauté des Etats indépendants (CEI), 12 pour l'Europe, et 10 pour le reste du monde.
Si les missiles et les bombes restent les moyens les plus efficaces, et surtout les moins coûteux, d'infliger des dommages à l'adversaire, et si l'espace n'est pas encore devenu un espace de bataille, ce statu quo - l'exemple du tir antimissile chinois du 11 janvier l'a montré - est fragile. Loin d'être un sanctuaire dédié à la science, l'espace est un immense réservoir de puissance et d'enrichissement, et aussi une jungle sans loi.
Si le traité sur l'espace de 1967 bannit le déploiement d'armes de destruction massive, en particulier nucléaires, il ne prévoit rien pour endiguer la militarisation de l'espace, y compris sous la forme d'armes antisatellites. Forts de leur avance technologique, les Etats-Unis, comme l'a confirmé la nouvelle politique spatiale américaine du 31 août 2006, entendent conserver une totale liberté d'action dans l'espace, considéré comme vital pour leurs "intérêts nationaux", et y dénier le droit d'accès à leurs adversaires, tout en s'opposant à tout nouveau régime juridique contraignant.
L'Amérique est donc restée sourde aux demandes en faveur d'un traité visant à empêcher une course aux armements dans l'espace. Etant donné leur avance sur le reste du monde, les Américains ne voient aucun intérêt à accepter des restrictions qui ne s'appliqueraient qu'à eux-mêmes. Européens et Américains ont tenté de bâtir ensemble une architecture spatiale, laquelle a buté sur une approche conceptuelle divergente, et surtout sur la disproportion des investissements que chaque partie était prête à y consacrer.
Les Etats-Unis affichent aujourd'hui une volonté de "contrôle", voire de "domination", alors que les Européens parlent de "surveillance" de l'espace. Les premiers consacrent plus de 20 milliards de dollars par an (sans tenir compte des programmes secrets) à l'espace militaire, contre environ 1 milliard de dollars pour les seconds. Dans leur rapport de février sur la politique spatiale, intitulé "L'audace ou le déclin", le député Christian Cabal et le sénateur Henri Revol résument ainsi cette situation : "Il n'existe pas de programme européen, mais une juxtaposition de programmes nationaux, bilatéraux, voire trilatéraux. Cinq pays européens disposent de systèmes de télécommunications spatiales militaires mais ces cinq systèmes sont tous différents."
Le système de positionnement et de navigation par satellite Galileo incarne ainsi le sursaut spatial de l'Europe, mais aussi sa caricature. Faute de financements privés, et en raison du patriotisme industriel de nombre d'Etats, le programme-phare de l'indépendance de l'Europe est en panne. La France, dont l'effort financier pour le spatial militaire représente plus de la moitié de celui de l'Europe, affiche une certaine fatigue budgétaire devant l'absence de mobilisation de ses partenaires.
Car il en est de l'espace militaire comme de la défense européenne : la plupart des Européens ont une vision peu ambitieuse de l'indépendance stratégique du Vieux Continent, et se satisfont des prestations que leur offre Washington. La France et ses principaux partenaires européens ont pourtant des réalisations à faire valoir dans le spatial militaire, que ce soit dans les domaines de l'observation (les français Hélios et Pléiades, l'allemand SAR-Lupe, l'italien Cosmo-Skymed), des télécommunications (le français Syracuse, l'italien Sicral, le britannique Skynet, l'allemand Satcom BW), de l'alerte avancée (le français Spirale), de l'écoute électromagnétique (le démonstrateur français Essaim) ou de la détection radar (Graves), mais ces avancées constituent des "niches" qui s'intègrent rarement dans une architecture européenne du spatial militaire.
Pour que celle-ci voie le jour, il faudrait commencer par doubler (jusqu'à 2 milliards d'euros par an) l'effort de l'Europe, ce qui suppose des sacrifices : les armées sont-elles prêtes à renoncer à une partie de leurs chars, de leurs avions de combat et de leurs sous-marins ? L'Europe se persuadera-t-elle que l'arrivée de nouveaux acteurs dans l'espace militaire l'obligera tôt ou tard à s'intéresser à la défense antimissile et à l'"arsenalisation" de l'espace ? Elle ne semble pas en prendre le chemin. Comme si elle n'avait pas assimilé ce principe stratégique de Clausewitz : "Qui tient les hauts tient les bas."
zx- Messages : 2650
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Il me semble que les américains sont en train de développer des satellites espions équipés de miroir de 30 m (!), qui pourront donc surveiller en permanence le monde entier depuis l'orbite géostationnaire sans les inconvénients des orbites basses...
Pour ce qui est des armements dans l'espace, il s'agit en particulier de doter ces satellites géants de capacités de défense.
(J'ai lu ça dans le dernier livre de Jacques Villain, mais l'information est à vérifier, surtout pour ce diamètre de 30m).
Pour ce qui est des armements dans l'espace, il s'agit en particulier de doter ces satellites géants de capacités de défense.
(J'ai lu ça dans le dernier livre de Jacques Villain, mais l'information est à vérifier, surtout pour ce diamètre de 30m).
lambda0- Messages : 4879
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Le chiffre pour les dépenses militaires spatiales américaines (20 G$/an) qui circule en ce moment (Figaro - Le Monde) me parait un tantinet exagéré... Ce serait plus que le budget de la NASA (dont les vols habités sont plus coûteux que les missions automatiques) qui rappellons le n'est pas entièrement consacré à l'espace.
Il y a un ou deux ans il était question de 10 G$/an pour les dépenses militaires spatiales américaines...
Donner un total qui grimpe aussi vite sans citer les détails officiels programme par programme ne me parait pas sérieux, sauf à considérer comme sérieuse la démarche pifométrique de pseudo-experts qui "évaluent" le total sur la base de 80 % d'inconnues (programmes blacks supposés par exemple)...
Pour mémoire, aux USA, même quand les détails techniques des programmes militaires sont secrets, les votes des budgets du Congrès et du Sénat sont publics.
Il y a un ou deux ans il était question de 10 G$/an pour les dépenses militaires spatiales américaines...
Donner un total qui grimpe aussi vite sans citer les détails officiels programme par programme ne me parait pas sérieux, sauf à considérer comme sérieuse la démarche pifométrique de pseudo-experts qui "évaluent" le total sur la base de 80 % d'inconnues (programmes blacks supposés par exemple)...
Pour mémoire, aux USA, même quand les détails techniques des programmes militaires sont secrets, les votes des budgets du Congrès et du Sénat sont publics.
Dernière édition par le Jeu 15 Nov 2007 - 15:58, édité 1 fois
_________________
Les fous ouvrent les voies qu'empruntent ensuite les sages. (Carlo Dossi)
Là il faudrait des sources, car de tels télescopes pourraient avoir de sacrés applications en chasse aux exoplanètes et même en détection de processus biotiques sur les exoplanètes...lambda0 a écrit:Il me semble que les américains sont en train de développer des satellites espions équipés de miroir de 30 m (!), qui pourront donc surveiller en permanence le monde entier depuis l'orbite géostationnaire sans les inconvénients des orbites basses...
Pour ce qui est des armements dans l'espace, il s'agit en particulier de doter ces satellites géants de capacités de défense.
(J'ai lu ça dans le dernier livre de Jacques Villain, mais l'information est à vérifier, surtout pour ce diamètre de 30m).
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Les fous ouvrent les voies qu'empruntent ensuite les sages. (Carlo Dossi)
Henri a écrit:Là il faudrait des sources, car de tels télescopes pourraient avoir de sacrés applications en chasse aux exoplanètes et même en détection de processus biotiques sur les exoplanètes...lambda0 a écrit:Il me semble que les américains sont en train de développer des satellites espions équipés de miroir de 30 m (!), qui pourront donc surveiller en permanence le monde entier depuis l'orbite géostationnaire sans les inconvénients des orbites basses...
Pour ce qui est des armements dans l'espace, il s'agit en particulier de doter ces satellites géants de capacités de défense.
(J'ai lu ça dans le dernier livre de Jacques Villain, mais l'information est à vérifier, surtout pour ce diamètre de 30m).
J'ai lu ça dans le dernier livre de Jacques Villain :
http://www.amazon.fr/conqu%C3%AAte-lespace-Spoutnik-lhomme-Mars/dp/2711740358
Mais comme il y a quelques autres affirmations surprenantes et non justifiées dans ce livre, il faudrait une autre source pour confirmation.
A+
lambda0- Messages : 4879
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Localisation : Nord, France
lambda0 a écrit:
J'ai lu ça dans le dernier livre de Jacques Villain :
http://www.amazon.fr/conqu%C3%AAte-lespace-Spoutnik-lhomme-Mars/dp/2711740358
Mais comme il y a quelques autres affirmations surprenantes et non justifiées dans ce livre, il faudrait une autre source pour confirmation.
A+
Ca c'est sur... j'appellerais plutôt cela des affirmations rocambolesques :|
mooi, je verai plus 30 cm que 30 m. La, ca semble plus réaliste...Deja sur terre, un miroir de 30 m, c'est deja assez conséquant...
yoann- Messages : 5781
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Au delà du chiffre de 30m, je pense que la mise en orbite géostationnaire d'un satellite d'observation militaire est une ânerie. On perd tout de même un facteur 100 sur la distance avec un satellite en LEO (300 km contre 36000 !).
En plus, la précision est encore réduite si on considère une observation dans une région de latitude relativement élevée, par exemple Paris, Moscou, Pékin ... en raison d'une part de l'angle d'incidence et d'autre part des pertubations dues à une traversée plus importante des rayons dans l'atmosphère.
En fait, les satellites placés en LEO sont déjà limites au niveau de la résolution et on préfère bien souvent avoir recours à des avions pour avoir un peu plus de précision. Le développement des drones est en effet très à la mode en ce moment et il est tellement facile de leurrer un satellite que l'utilité même des satellites pour l'observation militaire est remise en question. Rappelons nous les "preuves" avancées par Powell lors d'une fameuse réunion de l'ONU. Les photos prises par les satellites témoignaient du développement d'armes de destruction massive en Irak ....
Les Européens ont peut-être un train de retard dans ce domaine, mais en vérité, il vaut sans doute mieux utiliser les avions ...
En fait, c'est surtout le GPS et donc Galileo qui sera la meilleur support des militaires, pour le guidage des avions et des missiles.
On se retrouve en quelques sortes comme pour Ariane : les Européens ne font pas grand chose dans le spatial, mais ce qu'ils font est essentiel et répond à la demande. Reste plus qu'à demander la Lune ... :D
A+,
Argyre
En plus, la précision est encore réduite si on considère une observation dans une région de latitude relativement élevée, par exemple Paris, Moscou, Pékin ... en raison d'une part de l'angle d'incidence et d'autre part des pertubations dues à une traversée plus importante des rayons dans l'atmosphère.
En fait, les satellites placés en LEO sont déjà limites au niveau de la résolution et on préfère bien souvent avoir recours à des avions pour avoir un peu plus de précision. Le développement des drones est en effet très à la mode en ce moment et il est tellement facile de leurrer un satellite que l'utilité même des satellites pour l'observation militaire est remise en question. Rappelons nous les "preuves" avancées par Powell lors d'une fameuse réunion de l'ONU. Les photos prises par les satellites témoignaient du développement d'armes de destruction massive en Irak ....
Les Européens ont peut-être un train de retard dans ce domaine, mais en vérité, il vaut sans doute mieux utiliser les avions ...
En fait, c'est surtout le GPS et donc Galileo qui sera la meilleur support des militaires, pour le guidage des avions et des missiles.
On se retrouve en quelques sortes comme pour Ariane : les Européens ne font pas grand chose dans le spatial, mais ce qu'ils font est essentiel et répond à la demande. Reste plus qu'à demander la Lune ... :D
A+,
Argyre
Argyre- Messages : 3397
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Je n'ai pas le livre de Villain sous la main, je vérifierais ce soir s'il cite ses sources, ou s'il s'agit seulement de suppositions.
Sinon, l'observation permanente d'un hémisphère permet par exemple de surprendre des événements ponctuels, comme la mise à feu d'un missile observée dans l'IR, ce qui ne nécessite pas une résolution décimétrique.
A+
Sinon, l'observation permanente d'un hémisphère permet par exemple de surprendre des événements ponctuels, comme la mise à feu d'un missile observée dans l'IR, ce qui ne nécessite pas une résolution décimétrique.
A+
lambda0- Messages : 4879
Inscrit le : 22/09/2005
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lambda0 a écrit:Je n'ai pas le livre de Villain sous la main, je vérifierais ce soir s'il cite ses sources, ou s'il s'agit seulement de suppositions.
Sinon, l'observation permanente d'un hémisphère permet par exemple de surprendre des événements ponctuels, comme la mise à feu d'un missile observée dans l'IR, ce qui ne nécessite pas une résolution décimétrique.
C'est vrai, bon point !
Néanmoins, au radar, le missile est détecté quelques secondes plus tard s'il s'agit d'un missile longue portée; et s'il s'agit d'une guerre locale, il y a des avions d'observation qui tournent en permanence au-dessus de la zone sensible.
Par ailleurs, un satellite placé en GEO aurait une couverture théorique maximale, mais il faudrait plusieurs télescopes pour effectivement pointer vers toutes les zones requises ! Et on aurait également un problème de traitement des données, car on obtiendrait l'équivalent d'une image comportant des milliards de pixels ...
A+,
Argyre
Argyre- Messages : 3397
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Je viens de vérifier dans le livre de Villain, qui consacre plusieurs chapitres à la militarisation de l'espace.
Le budget militaire spatial US était de 22.6 G$ en 2006, sans tenir compte du NRO qui consacrerait 3 à 4 G$ à l'imagerie spatiale. En ajoutant les contributions d'autres agences, comme la NSA et la NIMA, les dépenses militaires spatiales réelles atteindraient 35 à 40 G$ (p194).
Le chiffre de 22.6 G$ est donc la valeur officielle, et ceux de 35 à 40 G$ des extrapolations. Dans tous les cas, le budget militaire est largement supérieur au budget de la NASA.
Par ailleurs, ils ont commencé l'année dernière à déployer un réseau incluant des satellites géostationnaires opérant dans l'IR pour la détection de lancement de missiles (le SBIRS, p253).
Enfin, pour la "Future Imagery Architecture", le NRO étudie bien des satellites géostationnaires équipés d'un téléscope de 30 mètres, 3 ou 4 satellites de ce type permettant une surveillance permanente de toute la planète (p253). Et il parait logique que ces coûteux satellites géants soient équipés de moyens de défense.
Ca ressemble bien à un déploiement rapide et massif de systèmes militaires spatiaux et à une fuite en avant.
Le budget militaire spatial US était de 22.6 G$ en 2006, sans tenir compte du NRO qui consacrerait 3 à 4 G$ à l'imagerie spatiale. En ajoutant les contributions d'autres agences, comme la NSA et la NIMA, les dépenses militaires spatiales réelles atteindraient 35 à 40 G$ (p194).
Le chiffre de 22.6 G$ est donc la valeur officielle, et ceux de 35 à 40 G$ des extrapolations. Dans tous les cas, le budget militaire est largement supérieur au budget de la NASA.
Par ailleurs, ils ont commencé l'année dernière à déployer un réseau incluant des satellites géostationnaires opérant dans l'IR pour la détection de lancement de missiles (le SBIRS, p253).
Enfin, pour la "Future Imagery Architecture", le NRO étudie bien des satellites géostationnaires équipés d'un téléscope de 30 mètres, 3 ou 4 satellites de ce type permettant une surveillance permanente de toute la planète (p253). Et il parait logique que ces coûteux satellites géants soient équipés de moyens de défense.
Ca ressemble bien à un déploiement rapide et massif de systèmes militaires spatiaux et à une fuite en avant.
lambda0- Messages : 4879
Inscrit le : 22/09/2005
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Si je cromprends bien, à chaque fois qu'un Irakien ou un Coréen allume son barbecue, il déclenche une alerte rouge sur les bateaux américains naviguant à proximité ... :affraid:lambda0 a écrit:Par ailleurs, ils ont commencé l'année dernière à déployer un réseau incluant des satellites géostationnaires opérant dans l'IR pour la détection de lancement de missiles (le SBIRS, p253).
Plus sérieusement, pour pallier au problème de l'inclinaison, il s'agit de satellites placés en orbite géosynchrone et non géostationnaire. De plus, ils sont aidés par d'autres satellites placés en orbite très elliptique. AMHA, ils sont focalisés uniquement sur les gros missiles et il doit y avoir un peu trop de fausses alertes (feu de forêt, incendie d'une maison, ...), il leur faut donc vérifier à l'aide d'autres satellites.
Voir : http://en.wikipedia.org/wiki/Space-Based_Infrared_System
"étudie" ? La NASA a déjà étudié pleins de trucs pas très sérieux, donc un de plus ou un de moins ... who cares? En fait, ce qui est intéressant, c'est le résultat de l'étude. Je persiste à croire pour le moment que c'est un concept qui ne mérite pas d'être retenu.lambda0 a écrit:
Enfin, pour la "Future Imagery Architecture", le NRO étudie bien des satellites géostationnaires équipés d'un téléscope de 30 mètres, 3 ou 4 satellites de ce type permettant une surveillance permanente de toute la planète (p253). Et il parait logique que ces coûteux satellites géants soient équipés de moyens de défense.
Argyre- Messages : 3397
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Localisation : sud-ouest
Argyre a écrit:"étudie" ? La NASA a déjà étudié pleins de trucs pas très sérieux, donc un de plus ou un de moins ... who cares? En fait, ce qui est intéressant, c'est le résultat de l'étude. Je persiste à croire pour le moment que c'est un concept qui ne mérite pas d'être retenu.lambda0 a écrit:
Enfin, pour la "Future Imagery Architecture", le NRO étudie bien des satellites géostationnaires équipés d'un téléscope de 30 mètres, 3 ou 4 satellites de ce type permettant une surveillance permanente de toute la planète (p253). Et il parait logique que ces coûteux satellites géants soient équipés de moyens de défense.
De toute façon, il est bien évident que ce n'est pas pour demain matin. Mettons plutôt 2015-2020.
Ensuite, même si celà parait peu crédible avec un miroir monobloc (ne serait-ce qu'à cause de la taille limitée de la coiffe des fusées), ça ne parait pas invraisemblable avec une optique répartie.
Si on peut concevoir des téléscopes répartis de 100m ou plus pour voir les exoplanètes, on peut bien concevoir ici un téléscope équivalent à 30m tourné vers la Terre, et on aura même moins de problème de flux.
Je ne crois rien, je constate seulement l'existence de tels projets, l'intérêt militaire, et le fait que ce n'est pas invraisemblable techniquement.
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lambda0- Messages : 4879
Inscrit le : 22/09/2005
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Localisation : Nord, France
Où peut on trouver le détails de ces 22.6 G$ officiels en 2006 ? Car au rythme actuel des lancements militaires US, ça fait cher le kg de satellite... Pour mémoire une mission civile MER en direction de Mars (ou une mission habitée de la navette) revenait à un peu moins d'1G$ autant que je me rappelle... J'ai comme l'impression que le contribuable US se fait un peu gruger dans l'histoire...
_________________
Les fous ouvrent les voies qu'empruntent ensuite les sages. (Carlo Dossi)
Henri a écrit:Où peut on trouver le détails de ces 22.6 G$ officiels en 2006 ? Car au rythme actuel des lancements militaires US, ça fait cher le kg de satellite... Pour mémoire une mission civile MER en direction de Mars (ou une mission habitée de la navette) revenait à un peu moins d'1G$ autant que je me rappelle... J'ai comme l'impression que le contribuable US se fait un peu gruger dans l'histoire...
Je ne sais pas, Villain n'a pas cité ses sources, et je suis en train d'essayer de recouper tout ça.
Par contre, pour avoir des ordres de grandeurs, j'ai vérifié le coût d'un satellite KH : de l'ordre de 1.5G$ en incluant le lancement. La facture peut donc monter assez vite avec quelques gros satellites.
http://www.globalsecurity.org/space/systems/kh-12.htm
lambda0- Messages : 4879
Inscrit le : 22/09/2005
Age : 57
Localisation : Nord, France
Ha, on m'appelle ?
Non je plaisante.
Oui, ZX exprime trés bien une situation de fait. Les USA sont
maître du jeu, et ils veulent le rester. Ils sont prêts à contester
l'accés à l'espace aux pays qui ne leur semble pas fréquentables
et jusqu'ici personne, même pas les Russes ont contesté cette
déclaration.
Bon, Henri conteste les budgets US, mais le fond reste que
sans une violente réaction de la part d'un pays opposant,
les USA restent dominants.
Bon, on peut discuter comme Lambda0 sur les techniques
des miroirs où les contester comme le fait Argyre, le fait
que les USA développent une panoplie invraissemblable
de systèmes spatiaux militaires modernes devraient
interpeler tout le monde.
Voyez l'assourdissant silence de l'Europe concernant les
ABM en Europe de l'Est, et voyez aussi la violente
réaction Russe à cet effet.
Voyons aussi le test ASAT Chinois qui est un sérieux
avertissement aux USA. Mais entre un avertissement
et obtenir la parité il y a un monde.
Le budget européen militaire est bien vu, bien analysé
et je suis tout aussi convaincu qu'avant la Lune, il nous
faut Galileo, c'est militairement stratégique.
Les Russes ne s'y trompent pas, ils misent tout sur
Glonass et les Chinois amorcent avec Kompass (?).
A vous suivre.
Non je plaisante.
Oui, ZX exprime trés bien une situation de fait. Les USA sont
maître du jeu, et ils veulent le rester. Ils sont prêts à contester
l'accés à l'espace aux pays qui ne leur semble pas fréquentables
et jusqu'ici personne, même pas les Russes ont contesté cette
déclaration.
Bon, Henri conteste les budgets US, mais le fond reste que
sans une violente réaction de la part d'un pays opposant,
les USA restent dominants.
Bon, on peut discuter comme Lambda0 sur les techniques
des miroirs où les contester comme le fait Argyre, le fait
que les USA développent une panoplie invraissemblable
de systèmes spatiaux militaires modernes devraient
interpeler tout le monde.
Voyez l'assourdissant silence de l'Europe concernant les
ABM en Europe de l'Est, et voyez aussi la violente
réaction Russe à cet effet.
Voyons aussi le test ASAT Chinois qui est un sérieux
avertissement aux USA. Mais entre un avertissement
et obtenir la parité il y a un monde.
Le budget européen militaire est bien vu, bien analysé
et je suis tout aussi convaincu qu'avant la Lune, il nous
faut Galileo, c'est militairement stratégique.
Les Russes ne s'y trompent pas, ils misent tout sur
Glonass et les Chinois amorcent avec Kompass (?).
A vous suivre.
Mais non, mais non ;)Astro-notes a écrit:Ha, on m'appelle ?
Non je plaisante.
...
Surtout que les chinois semblent bien avoir flairé le piège de la surenchère technologique coûteuse et ont en mémoire l'exemple de l'Union Soviétique.Astro-notes a écrit:
...
Voyons aussi le test ASAT Chinois qui est un sérieux
avertissement aux USA. Mais entre un avertissement
et obtenir la parité il y a un monde.
...
Pour le reste, assez d'accord : essayons déjà de développer notre système de positionnement.
Mais ce serait quand même intéressant de comprendre comment est ventilé le budget militaire spatial US.
A+
lambda0- Messages : 4879
Inscrit le : 22/09/2005
Age : 57
Localisation : Nord, France
Astro-notes a écrit:Voyez l'assourdissant silence de l'Europe concernant les
ABM en Europe de l'Est, et voyez aussi la violente
réaction Russe à cet effet.
Voyons aussi le test ASAT Chinois qui est un sérieux
avertissement aux USA. Mais entre un avertissement
et obtenir la parité il y a un monde.
Le budget européen militaire est bien vu, bien analysé
et je suis tout aussi convaincu qu'avant la Lune, il nous
faut Galileo, c'est militairement stratégique.
Les Russes ne s'y trompent pas, ils misent tout sur
Glonass et les Chinois amorcent avec Kompass (?).
D'accord également. Fondamentalement, l'Europe semble
s'engluer dans d'éternels problèmes nationaux ou
intra-européens et nos dirigreants ne parlent jamais de
spatial, que ce soit au niveau militaire ou autre.
Pour info, moins d'1 étudiant sur 2 dans la classe que j'ai
testée (école d'ingénieurs) savait ce qu'était le module Colombus.
Désespérant ...
A+,
Argyre
Argyre- Messages : 3397
Inscrit le : 31/01/2006
Age : 58
Localisation : sud-ouest
Je me rappelle vaguement d'un article que j'avais lu il y a une vingtaine d'années concernant la facturation des composants électroniques de l'époque. Le chip TTL (années 80) était vendu en qualité militaire (boîtier céramique) 90 fois plus cher qu'en qualité civile (boîtier plastique)... L'échantillonage et les séries plus réduites n'explique peut-être pas tout, je suspecte les industriels de l'armement de gonfler sérieusement leurs factures et leurs marges... surtout quand il s'agit d'honorer des contrats placés sous la définition d'intérêts dits de "sureté nationale"...
_________________
Les fous ouvrent les voies qu'empruntent ensuite les sages. (Carlo Dossi)
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