La mort de Kennedy a-t-elle profité au programme Apollo ?

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Une question me taraude le peu d'esprit qu'il me reste: Et si J.F.Kennedy n'avait pas été assassiné, le programme Apollo (et donc le programme lunaire) aurait-il été jusqu'au bout ? ou aurait-il été abandonné devant l'énormité de la chose ?
Autrement dit, le programme lunaire a t'il été mené pour ce qu'il est, ou pour honnoré la mémoire de son instigateur ?
Si JFK n'avait pas fait le malin à Dallas et qu'il avait été battu aux élection de 1964, son successeur aurait-il (été obligé de) continué le programme ?
En résumé, la mort de JFK a t'elle été bénéfique au programme lunaire ?, sa mort à t'elle "sauvé", voir permi le programme lunaire ?
(puisque le Américains n'avaient que la date de la fin de la décénie dans le viseur).
Ariane 68
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C'est intéressant ce que tu avances. Parce que selon Albert Ducrocq, dans son livre de 1977 A la recherche d'une vie sur Mars*, l'espace était devenu une priorité pour JFK. A la page 188, AD évoque un discours du président prononcé par Kennedy à Dallas quelques heures avant qu'il ne trouve la mort.
Celui-ci envisageait "le lancement de seize stations orbitales pour l'espace au sein de la Terre". J'ai fait des recherches sur ce discours mais impossible de mettre la main dessus.


*edit : Editions Flammarion (Je crois qu'il est aujourd'hui épuisé)
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C'est probablement aussi pour cela qu'ils ont persévéré au Vietnam puisque dès son accession au pouvoir, Kennedy avait non seulement confirmé le bien fondé de l'intervention décidée par son prédécesseur mais renforcé de près de 100 000 hommes le contingent US.... :evil:
Plus prosaïquement, c'est la continuité à la tête de la NASA malgré deux changements de Présidents qui a permis d'aller au bout de la promesse de Kennedy. On doit dans cette histoire beaucoup plus à James Webb (qui mérite au moins un téléscope pour ça La mort de Kennedy a-t-elle profité au programme Apollo ? Venerer) et à son successeur Thomas Paine qui ont soutenu le programme auprès des décideurs malgré les difficultés consécutives à l'accident d'Apollo 1.
Donc, certes, il y avait des décisions présidentielles à honorer mais aussi une administration toute entière acquise à la cause de l'exploration.
Explorer: le discours de Dallas n'a même pas eu le temps d'être prononcé (peut-être était-il déjà écrit ?) puisque c'est en se rendant de l'aéroport au Dallas Business and Trade Mart qu'il a été assassiné (seulement 45 minutes après avoir atterri à Dallas et non quelques heures). Par contre, Kennedy a prononcé au moins 4 ou 5 discours (dont une bonne moitié devant des académiques et des chercheurs donc la science et l'espace ne devaient pas être oubliés des thèmes abordés) durant les deux jours ayant précédé son arrivée à Dallas... C'est peut-être à ceux-là qu'AD La mort de Kennedy a-t-elle profité au programme Apollo ? 661840 La mort de Kennedy a-t-elle profité au programme Apollo ? Venerer faisait référence dans son livre ?
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Explorer a écrit:C'est intéressant ce que tu avances. Parce que selon Albert Ducrocq, dans son livre de 1977 A la recherche d'une vie sur Mars*, l'espace était devenu une priorité pour JFK. A la page 188, AD évoque un discours du président prononcé par Kennedy à Dallas quelques heures avant qu'il ne trouve la mort.
Celui-ci envisageait "le lancement de seize stations orbitales pour l'espace au sein de la Terre". J'ai fait des recherches sur ce discours mais impossible de mettre la main dessus.


*edit : Editions Flammarion (Je crois qu'il est aujourd'hui épuisé)

Ne s'agirait-il pas en fait de ce texte, celui que Kennedy DEVAIT prononcer ce jour-là ?

http://www.australianpolitics.com/usa/president/kennedy/jfk-speech.shtml

Ce discours évoque bien la priorité de l'espace pour la puissance américaine. En revanche, A. Ducrocq n'écrit pas que c'est dans ce discours que JFK parle des 16 stations orbitales du programme post-Apollo.

Sur le fond, je pense que JFK aurait tout fait pour mener le programme Apollo à bien, malgré le coût de la guerre du Vietnam.
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Excellente question sur le thème du passé alternatif.
Pour ma part, je pense que la charge émotionnelle autour de l'assassinat de Kennedy était telle qu'il était impossible d'arrêter comme cela le programme lunaire. Cependant, s'il avait vécu, je ne pense pas non plus qu'il aurait laissé tomber cet engagement.
A méditer
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Ariane 68 a écrit:
...Autrement dit, le programme lunaire a t'il été mené pour ce qu'il est, ou pour honnoré la mémoire de son instigateur ?


A la lecture de l'un de tes questionnements Ariane 68, je me suis replongé dans l'un des ouvrages de Xavier Pasco*

A la page 87, on peut lire que la cohérence de la politique spatiale américaine (à l'époque), et plus particulièrement le programme Apollo, semble ne pas être affecté par les changements de présidences:

"D'Eisenhower à Kennedy, ....., c'est bien une cohérence de la politique présidentielle qu'il faudrait parler, dimension fondamentale à côté de laquelle le nouvel équilibre institutionnel de 1961,
encore si commenté aujourd'hui , peu presque faire figure d'épiphénomène sans réelle portée."

Sous les deux mandats, le programme spatial ne parut jamais être autre chose qu'un objet politique régi dans le cadre strict d'une nette prééminence présidentielle. C'est à partir d'une approche semblable, qui met l'accent sur la continuité
des pratiques politiques, que l'on peut mettre en perspective cette autre "rupture" (Kennedy - Nixon) que l'historiographie spatiale a coutume d'identifier comme " l'ère post-Apollo". On s'apperçoit en particulier que le pouvoir présidentiel incarné par Richard Nixon, va s'exercer sous des formes .. pratiquement inchangés ... "


En définitif, mort de Kennedy ou pas, la politique spatiale américaine de cette époque, incarnée principalement pour Apollo par les présidents Kennedy, Johnson et Nixon, gardait la même orientation. Cette dernière bien sûr, a pu conservé son but dans des structures administratives (Nasa) et législatives (les deux chambres) qui elles, étaient sujettes à changements.

* La Politique Spatiale Américaine des Etats-Unis 1958-1995 - Xavier Pasco - Edition l'Harmattan/1997
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Ok pour tout ces arguments et explication DGFIP, d'accord avec toi, mais la question était plutôt dérigé du côté émotionnel:
De notre côté (de l'Atlantique), quand on voit les reportages sur cette conquête de la Lune, c'est surtout le côté d'un personnage porté au firmament de la pensée qu'on nous montre, Un peu (et c'est juste une comparaison imagée...) comme chez les Chinois qui vivent avec la pensée et le portrait de Mao en grand au dessus de leur tête. On a l'impression que la parole et le discours de Kennedy est un peu le Livre Rouge des pationnées et des artisants ce la conquête spatiale. (j'espère m'être bien exprimé...)
Alors la question était; est-ce que l"image" qu'on a ici de JFK est-t'elle aussi valable du côté américain de l'Atalntique, est-ce que la mort de Kennedy à t'elle crée un mythe, un "dieu" capable de transandé le "peuple" et de le poussé à accomplir les désires impossible de son président défunt ?
Autrement dit, JFK a t'il été la "post-combustion" (sans jeu de mots :pale: ) de la conquête spatiale qui à permis d'aller sur la Lune avant le 31.12.1969, post-combustion sans qui il n'aurait pas été possible d'aller aussi vite dans un temps aussi court ?
(C'est pas un bon sujet de dissertation de phylo pour le BAC, ça ?...)
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xapon a écrit:Pour ma part, je pense que la charge émotionnelle autour de l'assassinat de Kennedy était telle qu'il était impossible d'arrêter comme cela le programme lunaire.

Je suis du même avis.

xapon a écrit:Cependant, s'il avait vécu, je ne pense pas non plus qu'il aurait laissé tomber cet engagement.
A méditer

S'il avait vécu ET été réélu. Les dépenses déjà engagées pour le programme spatial, pour peu de résultats visibles par le grand public fin 64, auraient certainement été un argument de campagne assez fort des républicains.
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cosmochris

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xapon a écrit:je pense que la charge émotionnelle autour de l'assassinat de Kennedy était telle qu'il était impossible d'arrêter comme cela le programme lunaire.
A méditer

Désolé xapon, j'avais pas vu ton point de vue. Je crois que ça résume assez bien le mien. Cela aurait été pour les Américains un véritable "crime" que de bafouer ainsi la mémoire de JFK. Cela a du grandement facilité a poussé le ingénieurs dans leur dernier retranchement pour arriver coûte que coûte avant la fin de la décenie à envoyer un homme là-haut.
Là je pense que l'émotif à dû jouer un grand rôle dans l'aboutissement de cette entreprise véritablement incommensurable.
Avec des "si" on mettrait Paris dans une bouteille, mais là c'est la Lune qu'on y a mis...
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Ariane 68 a écrit:
Autrement dit, JFK a t'il été la "post-combustion" (sans jeu de mots :pale: ) de la conquête spatiale qui à permis d'aller sur la Lune avant le 31.12.1969, post-combustion sans qui il n'aurait pas été possible d'aller aussi vite dans un temps aussi court ?

Je vois ce que tu veux dire. Mais à mon sens, tout en gardant cet aspect que tu décrit, émotionnel et transcendant pouvant traverser les masses à un moment de l'histoire, il faut voir les choses plus prosaïquement, de façon plus pragmatique.

Nul n'ignore le contexte politique et stratégique de l'époque. Le discours de Kennedy est moins un point de départ, qu'une étape importante dans une politique stratégique et spatiale, catalyseur à l'époque de l’affrontement Est/Ouest, engagée déjà au lendemain de Spoutnik. Cet engagement, donc cet effort politique n'est pas sollicité qu'au niveau du bureau ovale. C'est toute la nation qui est sollicitée, chaque américain va "sentir passer" concrètement cette course aux étoiles. Une nation peut accepter un tel sacrifice, mais elle a besoin, et c'est là où on retrouve le côté émotionnel et mythique que tu décris Ariane 68, d'un signe fort. Ce signe fort, cet appui quelque part, c'est le discours de Kennedy. Voilà pourquoi je dis que cette date dans l'aventure spatiale n'est pas un point de départ mais un acte politique fort, au sens collectif du terme, à l'intérieur d'un engagement déjà manifesté de l’exécutif américain, destiné à concentrer les énergies et les esprits d'une nation entière. Certes la disparition de Kennedy peut avoir joué un rôle "accélérateur", mais le but devait-être atteint de toute façon !
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Dans le contexte de guerre froide de l'époque, Spoutnik d'une part puis Gagarine d'autre part furent deux "Pearl Harbour" pour le peuple américain. En ce sens, peu importe le personnage qui allait catalyser un certain esprit de vengeance, celui-ci a perduré jusqu'à juillet 1969 et ne pouvait que survivre à Kennedy ou tout autre Président l'ayant incarné. Là, le soufflet est retombé un peu comme plus récemment lors de l'annonce de la mort de Ben Laden mais on ne parle plus de guerre "froide" dans ce dernier cas (non seulement l'opinion publique US était déjà prête au retrait d'Irak pour des raisons proches de celles du désastre vietnamien mais aussi maintenant à celui d'Afghanistan). A l'échelle spatiale, on peut dire que le Programme Apollo en réussissant portait les germes de sa propre disparition au profit du Programme navette, ne l'oublions pas, très largement soutenu à ses débuts par le DoD qui y voyait un outil de la "guerre des étoiles" qu'ils avaient déjà dans les cartons et qui devriendra peu après l'IDS des années Reagan. D'ailleurs, le parallèle se poursuit jusqu'au bout et le désengagement du DoD du programme navette se fait peu après l'accident de Challenger et conduit ensuite à l'arrêt de l'IDS. La navette n'est plus dès lors une autre arme de la guerre froide (exit SLC-6) mais redevient plus simplement un outil de l'exploration spatiale (ce pour quoi elle n'était pas conçue).
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J'ajoute à vos excellentes réponses, deux autres motivations non exprimées formellement : Nationalisme exascerbé ; haine d'une élite intellectuelle US de l'antéchrist bolchevic. A mon avis. cela est un bon élan à ajouter aux autres. La mort de JFK les a conforté dans cet élan, mais JFK vivant, cela n'aurait rien changé, je crois, à cette histoire qui n'est pas que technique mais aussi idéologique. AMHA c'est même une histoire qui ne finira jamais :evil:
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La Course à la Lune a été lancée par JFK sur l'impulsion de son vice président LBJ et sur la base d'une étude interne hyper-optimiste de la NASA. A l'époque, aucun américain n'avait été mis sur orbite et les Soviétiques n'y ont pas cru. Le vrai moteur de l'affaire était LBJ. JFK, lui, n'y portait qu'un intérêt limité.

Les vraies difficultés techniques et financières se sont posées après l'assassinat de JFK et ont poussé les Etats-Unis à consacrer jusqu'à 5% du budget fédéral à cet effort en 1965/66. C'est énorme (aujourd'hui la NASA reçoit environ 0,5%).

Sans nul doute que si JFK avait survécu et été réélu, il aurait révisé son défi et reporté l'alunissage à 1975 ou 1980, voire l'aurait abandonné, car l'objectif n'était pas tant d'aller sur la Lune que de doter les Etats-Unis d'une infrastructure capable de concurrencer l'idée que l'on se faisait de celle des Soviétiques pour effectuer tous les types de missions habitées ou automatiques qu'ils pourraient tenter.

Kennedy assassiné, son défi était gravé dans le marbre et devenait un devoir sacré des Etats-Unis. C'est pourquoi il a reçu des budgets mirifiques, et pourquoi l'ensemble du programme post-Apollo (qui était pourtant le véritable objectif) a été sacrifié à l'alunissage.

Il est intéressant de noter que les Soviétiques, eux, n'ont engagé leur propre programme qu'en 1964, après la mort de JFK, quand ils ont compris que les Américains devenaient sérieux.

Autre conséquence, privé de poursuite avec "Post Apollo" (dont il n'est resté que le Skylab) et de concurrence avec le retard des Soviétiques, Apollo est apparu comme une gabegie et a contribué largement à décrédibiliser la conquête spatiale en général et les vols habités en particulier auprès du grand public.

Comme le disait Jacques Villain en interview dans Science & Vie en 2007 : "Apollo a tué la conquête spatiale, on est allé trop vite, trop loin" et après il ne reste plus rien à accomplir de spectaculaire car le voyage vers Mars c'est une autre paire de manches...
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Aspic a écrit:...
Comme le disait Jacques Villain en interview dans Science & Vie en 2007 : "Apollo a tué la conquête spatiale, on est allé trop vite, trop loin" et après il ne reste plus rien à accomplir de spectaculaire car le voyage vers Mars c'est une autre paire de manches...
Là, je ne suis plus du tout ce genre de raisonnement biaisé (Apollo a de tous temps était la cible privilégiée des militaires car ce programme n'était pas celui qu'ils auraient voulu). Aller trop vite, trop loin en matière de conquête, c'est une qualité et non un défaut La mort de Kennedy a-t-elle profité au programme Apollo ? Non Le même type de sophisme oserait affirmer que la navette a tué l'accès à l'Espace parce qu'elle a proposé trop tôt et trop vite des progrès qui aurait mis des décennies à apparaître sinon.
Pourtant je suis d'accord pour admettre que chaque progrès important de la conquête spatiale doit s'accompagner d'une phase de consolidation:
c'est justement ce qui a manqué à Apollo mais qui était précisément prévu dans l'AAP (on remarquera en passant qu'il n'y a aucun équivalent côté Programme navette montrant bien que ce programme était porté par une vision à long terme erronée): l'exploration repart aujourd'hui là où Apollo l'a laissé sauf qu'au lieu de vols autour de Vénus, on vise plutôt des astéroïdes. On peut aussi voir la phase actuelle que nous vivons comme la consolidation du programme navette qui avait pour but de faire baisser le coût de l'accès au LEO: le seul hic, c'est que les solutions que l'on voit apparaître prennent leurs racines (c'est volontairement simplificateur car il est évident que les avancées technologiques de la navette ne sont pas sans influence sur les méthodes de conception et les technologies employées de nos jours mais je m'en tiens au concept de mission) non pas dans le Programme navette mais dans le Programme Apollo, démontrant à nouveau que celui-ci aurait du être poursuivi. Alors "aller trop loin, trop vite ?", c'est certainement aussi ce que faisait le Concorde par exemple mais l'argument qui l'a mis à terre est avant tout financier (flambée des prix des matières premières, dont le pétrole, dont on commence juste à percevoir les effets dévastateurs) et non scientifique. Sur le plan industriel, chacun sait ce que ce genre de programme apporte à ceux qui leur succèdent et même s'ils sont voués à l'échec commercial dès leurs débuts (ce qui était le cas de la navette portée par le lobby militaire et donc pas vraiment tournée vers la rentabilité: ce lobby perdure et persiste d'ailleurs avec le X-37).
Dans le même genre politique fiction, si des décisions politiques ne l'avaient pas ralenti inconsidérément, l'ISS aurait été sur orbite au moins 10 ans plus tôt et les mêmes qui disent aujourd'hui que ce programme a été trop lent et a coûté trop cher viendraient aujourd'hui nous expliquer qu'on est allé trop vite et trop loin. :evil:
On fait dire ce qu'on veut aux gens dans des interviews mais j'ai trop d'estime pour Jacques Villain pour croire qu'il se laisserait influencer par les opposants à la conquête spatiale dans la veine de ce que faisait à la fin du 19ième siècle les opposants à la conquête de l'air: on pouvait lire sous certaines plumes "A quoi bon essayer de voler dans les airs, il y a des choses beaucoup importantes à faire ici bas comme produire l'acier dont on fait les armes et extraire le charbon qui fait rouler nos trains". Pendant ce temps, Clément Ader écrivait qu'aucune guerre ne se gagnerait dans le futur sans le concours de l'aviation... ;)

Tiens pour finir, encore un bon sophisme histoire de pousser l'absurde assez loin: vu le nombre de débris qui flottent au dessus de nos têtes, tout cela prouve qu'en matière de lancements de satellites, on est allé trop loin et trop vite parce que maintenant, on va être obligé de nettoyer tout ça avant de pouvoir continuer à accéder à l'Espace tranquillement. La mort de Kennedy a-t-elle profité au programme Apollo ? 45200
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La question mérite en effet d'être posée. Il est certain qu'après l'assassinat de Kennedy le nouveau président Johnson ne pouvait pas remettre en cause un programme qui incarnait l'héritage spirituel de son prédecesseur et son don à l'Amérique. La même chose est vraie pour Nixon. Par contre, il est tout aussi vrai que le risque était faible, du moins en 1963, étant donné l'investissement spatial personnel de Johnson, un "fana" d'autant plus acquis à la cause, qu'il percevait l'espace comme l'ultime milieu dont le contrôle signifierait la domination du monde ("our Freedom is at stake") et qu'il croyait fermement en l'exceptionalisme de l'Amérique.

Je suis sceptique toutefois à l'idée selon laquelle Apollo serait une idée du vice-président Johnson, plutôt que de Kennedy. Contrairement à ce qui a été dit, le moteur d'Apollo, c'est Kennedy. L'idée existait certes déjà - depuis au moins 1959 - et Johnson l'aurait certainement soutenue s'il avait été au pouvoir, mais justement il ne l'était pas. On lui a posé la question - en tant que président du Conseil spatial -, on a eu son avis. Mais une fois la décision prise, Johnson a été marginalisé. La problématique est devenue présidentielle.

De fait, la décision est d'autant plus intéressante à analyser qu'elle a été prise par un président dont l'intérêt pour l'espace était tout relatif. De ce point de vue, Kennedy n'est pas un visionnaire mais un décideur pragmatique qui voit un problème - les perceptions mondiales à l'égard de l'URSS et des Etats-Unis - et trouve une solution - inverser la tendance en prenant comme objectif une cible spectaculaire. En l'occurrence, être premier sur la Lune. Le prisme à partir duquel Kennedy jugeait l'espace était lié à la guerre froide et à la politique étrangère. Je ne fais que reprendre Xavier Pasco en disant qu'il n'y a jamais eu de politique spatiale au sens propre du mot, car celle-ci a toujours été instrumentalisée.

Cela explique aussi pourquoi l'époque post-Apollo a été, paradoxalement, victime du succès de 1969 : le programme n'a pas été pensé dans cette optique là ; ce qui importait, c'était battre les Soviétiques ! Pour désigner cette conséquence perverse, les historiens parlent d'un "effet Kennedy" ("While its intent at the beginning was to enlarge American competence in space, its implementation has built a Proscrustean bed and the American space program has been severely mutilated to fit it"). Jusqu'à preuve du contraire, au risque de faire hurler, on ne va pas dans l'espace pour aller dans l'espace.

Sur ces questions, je ne peux que recommander la lecture du denier ouvrage de John Logsdon, John F. Kennedy and the Race to the Moon (2010) dans lequel je puise mes arguments (et mes deux citations). A noter que Logsdon, un des plus grands historiens de l'espace aux Etats-Unis, avait écrit une première version en 1970 (disponible gratuitement). Pour ceux qui sont intéressés, j'ai écrit une rapide fiche de lecture de l'ouvrage ailleurs. Une autre peut être lue ici.
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A certains moments de la lecture de vos posts sur ce sujet il y a qq chose qui me met mal à l'aise. Lorsque le Président Kennedy lance l’Amérique sur le défi lunaire, bien entendu il ne sait pas qu'il n'en verra pas l'aboutissement d'une part et d'autre part il ne sait pas si les Russes ne seront pas sur la Lune avant les USA ! En fait ce qui me gène ici c'est que l'Amérique n'avait que la Lune comme aventure à gagner ; toutes les autres grandes premières spatiales historiques étaient perdues. C'était la Lune ou rien de bien fantastique d'autre. Certes peut-être la station orbitale comme MOL+Dynasoar, mais ce n'était pas suffisamment marquant à mon avis. Ceci dit qu'il n'y a pas dû y avoir beaucoup de discussions sur l'objectif. C'était OUI ou NON sans plus.

Sujet très intéressant là. :sage:
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La thèse de Logsdon est bien mieux étayée et plus crédible d'autant qu'elle s'appuie sur un fait qui semble perdurer et que personne ne conteste: "L'Espace est instrumentalisé". C'est vrai qu'il s'agisse de la conquête institutionnelle de l'Espace qui a remplacé dans l'inconscient collectif ce qu'étaient les expéditions polaires (il n'y a qu'à voir les raisons du désastre de l'expédition Scott au pôle Sud pour s'en convaincre) et avant elles, l'exploration de l'Afrique mais aussi, plus près de nous, des initiatives privées telles Google Xprize et autres qui sont les danseuses de leurs initiateurs, agissant plus comme vecteur de promotion commerciale que réellement dans le but de faire progresser la conquête du Cosmos.
Astro-notes a écrit:... Certes peut-être la station orbitale comme MOL+Dynasoar, mais ce n'était pas suffisamment marquant à mon avis. Ceci dit qu'il n'y a pas dû y avoir beaucoup de discussions sur l'objectif. C'était OUI ou NON sans plus.
Sujet très intéressant là. La mort de Kennedy a-t-elle profité au programme Apollo ? Sage
MOL+Dynasoar, c'est ce que trame l'USAF en arrière-plan d'Apollo et qui mènera justement à son arrêt (et "remplacement" par le Shuttle) effaçant d'un trait tout ce qu'avait prévu l'AAP. Donc, évidemment que c'est marquant mais pas pour la course à la Lune mais plutôt pour l'après-Apollo, une fois décidé l'abandon de l'AAP. D'ailleurs, la présence significative des ex-MOL (e.g. Crippen, Fullerton, Truly, Bobko...etc) sur les premiers vols navette en est encore la preuve flagrante => jusqu'à l'accident de Challenger, la navette est ouvertement un programme dual comme on dit aujourd'hui... Apollo se voulait un programme civil et pacifique (c'est de la guerre mais seulement "froide" La mort de Kennedy a-t-elle profité au programme Apollo ? 45200 donc une arme diplomatique plus que tactique) même si l'origine des équipages (H.Schmitt étant l'exception) ne faisait aucun doute.
Guilp a écrit:...
Cela explique aussi pourquoi l'époque post-Apollo a été, paradoxalement, victime du succès de 1969 : le programme n'a pas été pensé dans cette optique là ; ce qui importait, c'était battre les Soviétiques ! Pour désigner cette conséquence perverse, les historiens parlent d'un "effet Kennedy" ("While its intent at the beginning was to enlarge American competence in space, its implementation has built a Proscrustean bed and the American space program has been severely mutilated to fit it"). Jusqu'à preuve du contraire, au risque de faire hurler, on ne va pas dans l'espace pour aller dans l'espace.
...
Un "lit de Procuste" ? Alors ça, effectivement, c'est particulièrement pervers. Le mot est bien choisi 🤡
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Aspic a écrit:Sans nul doute que si JFK avait survécu et été réélu, il aurait révisé son défi et reporté l'alunissage à 1975 ou 1980, voire l'aurait abandonné

Kennedy assassiné, son défi était gravé dans le marbre et devenait un devoir sacré des Etats-Unis.

C'est un résumé très proche de mes pensées. Je pense que seul la mort de Kennedy à permis à tous les ingénieurs et surtout aux astronautes d'accepter d'être toujours à la limite (très souvant au-delà même) du résonnable en brûlant les étapes. Pensez à Apollo 7, Apollo 8, Apollo 10, Apollo 11 qui ont chaque fois été lancé alors que les vols précédent étaient très loins d'être parfait et sécurisé.
Je pense donc que c'est ce "devoir sacré" qui a joué le rôle d'andorphine sur les astronautes. Sans cela, je pense aussi qu'ils n'y serait pas arrivé avant 5 ou 10 ans de plus.
Le fait que ce soit JFK à aussi dû jouer un rôle important. Remplacé JFK par Georges Bush Jr, et je suis pas sûr que cela aurait eu le même effet patriotique (encore que, ils l'ont bien suivit après le 11 septembre...)
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Ariane 68 a écrit:...
Le fait que ce soit JFK à aussi dû jouer un rôle important. Remplacé JFK par Georges Bush Jr, et je suis pas sûr que cela aurait eu le même effet patriotique (encore que, ils l'ont bien suivit après le 11 septembre...)
Encore que, même G.W.Bush Jr. vivant, ils sont quand même allé jusqu'au bout de la traque de Ben Laden honorant ainsi sa parole. Je suis persuadé que pour Apollo, il en était de même puisqu'il s'agissait là aussi de venger l'honneur de toute une nation blessé par les deux victoires successives des "Rouges": Spoutnik et Gagarine. Il n'y a donc pas que la mort d'un Président qui peut galvaniser tout un peuple et les participants au Programme se devait aussi d'honorer la mémoire de l'équipage d'Apollo 1 en faisant en sorte qu'ils ne soient pas morts pour rien (alors que le décès de JFK n'avait aucun rapport avec Apollo... du moins espérons le) La mort de Kennedy a-t-elle profité au programme Apollo ? Venerer. En cela, on comprend mieux également l'énorme mobilisation au moment de l'accident d'Apollo 13: il fallait ainsi éviter à tout prix que le Programme fasse 3 victimes de plus. 🇳🇴
Finalement, en relisant l'ensemble des réponses, je ne trouve pas la question aussi pertinente que cela (ou alors, sont-ce les réponses y compris les miennes qui ne le sont pas ??). Cela revient à se demander si la mort de Steve Jobs La mort de Kennedy a-t-elle profité au programme Apollo ? 661840 va permettre à Apple d'achever son œuvre ou bien de l'arrêter La mort de Kennedy a-t-elle profité au programme Apollo ? Wall Reposons cette dernière question dans 40 ans et on verra à quel point elle est absurde ?
Kostya
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