Politique spatiale de Donald Trump, 45e président des Etats-Unis

La discussion de Jim Bridenstine avec les employés du siège de la NASA le 1^er avril 2019 :

L'EUS n'est pas abandonné, mais la priorité est donné à l'étage central.
https://twitter.com/jeff_foust/status/1113115214503870464

Le discours de Jim Bridenstine au 35^th Space Symposium, le 9 avril 2019 :

"La route vers le pôle" (lunaire) :


Le retour sur la Lune aurait donc lieu dès EM-3 et le LOP ne serait qu'en version minimale avant cette mission.

4 ans pour fabriquer un atterrisseur qui n'est pas encore budgété? Je leur souhaite bien du plaisir...

C'est vrai que le délai est court, mais nos technologies n'ont plus rien à voir avec celle des années soixante, nos financements non plus, la part du privé (ou son influence) est bien présente, c'est bien une autre histoire que nous vivons, tout en sachant que le moindre accident économique qui affecterait la planète peut mettre soit un terme soit un long report à cette aventure. Toujours la même question pour moi, qui sera le second pays à poser le pied sur le sol lunaire (?) ; je pense (il me semble) que l’Amérique tient la tête 

Astro-notes a écrit:C'est vrai que le délai est court, mais nos technologies n'ont plus rien à voir avec celle des années soixante, nos financements non plus, la part du privé (ou son influence) est bien présente, c'est bien une autre histoire que nous vivons, tout en sachant que le moindre accident économique qui affecterait la planète peut mettre soit un terme soit un long report à cette aventure.

Les exemples technologiques de grand programme sans dérives ne sont pas tellement nombreux, quelque soit le niveau technologique. En disant cela, je viens de lire un article du Monde.fr sur la centrale nucléaire de Flammanville, qui est repoussée en 2020 (au lieu de 2012) pour 11 Md€ (au lieu de 3)

Concernant l'espace, tous les projets ou presque ont largement dépassé leur coût et les échéances (télescope Webb, FH pour les échéances -le coût est inconnu- les capsules Dragon et Boeing, etc) pourtant développés avec les technologies d'aujourd'hui. Et un atterrisseur lunaire habité, c'est une autre affaire...

Astro-notes a écrit:Toujours la même question pour moi, qui sera le second pays à poser le pied sur le sol lunaire (?) ; je pense (il me semble) que l’Amérique tient la tête 

Ce qui n'empêchera pas qu'elle soit toujours la première... :blbl:

En fait je ne parlais pas de problèmes économiques internes comme des dépassements budgétaires, mais je parlais d'accident comme le crac de 2002 (techno) ou 2008 (financière) qui ébranlerai tous les pays de la Terre.

4 ans pour construire cet atterrisseur est certes un peu court, mais cela peut aussi motiver les Américains d'avoir un challenge du type Kennedy. Une sorte de grand effort national, c'est ce que Trump cherche to prove the greatness of America.

Le tweet de Donald Trump annonçant l'amendement budgétaire de 1,6 Md$ hier soir et les interventions de Jim Bridentine hier soir et aujourd'hui :
https://twitter.com/realDonaldTrump/status/1128050996545036288

Ca fait une belle somme en effet et important, il semble que la volonté politique est là pour marche à nouveau sur la Lune.

un commentaire russe par une belle illustration ironique :

https://live.staticflickr.com/65535/32903352327_e3eb2fba8a_k.JPG

On a une idée de son origine ?

Cette fois je ne traduis pas de peur de changer le sens subtil des mots et donc de ce qu'il faut en tirer  :scratch:
https://twitter.com/realDonaldTrump/status/1137051097955102720
https://twitter.com/JimBridenstine/status/1137110361025515527

Mais même pour des anglophones, ces messages me semblent difficiles à interpréter exactement 

Jim Bridenstine, n'envisage peut-être pas d'emprunter le pyjama de D. Trump (de toute façon c'est un sujet classifié secret défense ) mais il n'y a pas de doute qu'il doit s'approprier ses visions spatiales (sic) et tenter de les mener à bien dans les délais impartis .
Retour sur la Lune .... (en version habitée ... au moins pour Artemis 3 en 2024) .... et Mars cité pour amuser la galerie.

Peut-être que  pour comprendre la politique spatiale de Donald Trump , il faut appliquer le principe d’incertitude ...mais au niveau macroscopique : plus la date est précise, moins l’objectif est localisé.
En tout cas , j’admire Jim Bridenstine pour la mise en applications de ces directives  ;)

Bridenstine n'a pas la partie facile et je suis d'accord quand montmein69 dit que Mars est cité pour la galerie, car ils sont très loin d'un amarsissage.

C'est la technique de communication éprouvée de Trump : occuper l'espace médiatique et créer des polémiques. Au cas d'espèce, le message est peut être adressé aux entreprises américaines liées au spatial et en particulier à la NASA : "Avec tout l'argent que l'Etat vous donne, vous avez intérêt à obtenir des résultats probants !" ainsi qu'à son électorat "J'exerce le pouvoir". En France, le peuple se moque complètement du spatial, aux Etats-Unis, le citoyen me paraît un peu plus concerné.
Quant à Mars, plus personne n'y croit, mais c'est un sujet récurent dans les médias, donc il faut occuper.

Bien oui, mais pas au point de proférer des mensonges, or Trump est devenu spécialiste des raccourcis hâtifs. Ainsi le programme de retour sur la Lune n'est pas lié au programme de débarquement sur Mars.
(c'est récemment que tout le monde s'est rendu compte que les missions sur Mars devraient attendre 2035 et ensuite).

katalpa a écrit:Bien oui, mais pas au point de proférer des mensonges, or Trump est devenu spécialiste des raccourcis hâtifs. Ainsi le programme de retour sur la Lune n'est pas lié au programme de débarquement sur Mars.
(c'est récemment que tout le monde s'est rendu compte que les missions sur Mars devraient attendre 2035 et ensuite).

 C'est un raccourci un peu hâtif ...
Car le programme lunaire est bien inscrit dans un programme plus ambitieux de débarquement sur Mars, du moins c'est ce qui est affiché et il y a de multiples conférences et études sur ce qu'on peut gagner à faire un voyage vers la Lune avant de se préparer à Mars. Il y a notamment la mise en place du Gateway, sachant que le Gateway ne sert à rien pour un voyage exclusivement lunaire.
Cela dit, à mon sens, le Gateway est une ânerie pour le voyage martien, mais c'est un autre problème.

William Gerstenmaier est remplacé par Ken Bowersox à la tête de la division de l'exploration humaine.
https://twitter.com/lorengrush/status/1149127633227173888

Je transfère mon message dans le sujet dédié à la réorganisation en cours à la NASA

Aujourd'hui une misérable rumeur : Trump serait en train de changer d'avis, Lune ou Mars...

http://nasawatch.com/archives/2019/07/is-there-anothe.html

?

C'est une rumeur tout a fait plausible. Trump a déjà grondé à propos de la comm de la NASA qui était trop axée sur la Lune sans voir plus loin.

Thierz a écrit:C'est une rumeur tout a fait plausible. Trump a déjà grondé à propos de la comm de la NASA qui était trop axée sur la Lune sans voir plus loin.

C'est une raison plutôt surprenante du moins exprimée ainsi.
Le "programme lunaire" de la NASA ? jusqu'au début de cette année il y avait une poursuite du développement du système SLS/Orion avec seulement des vols cis-lunaires (donc sans poser d'équipage), et le projet LOP-Gateway qui pouvait éventuellement être utilisé pour se poser, mais plutôt pour les partenaires et pour des missions automatiques en pilotage à distance (la NASA finançait des recherches pour de petits atterrisseurs, l'appel à projet pour un atterrisseur habité est tout récent). Pour les USA c'était l'idée de placer des équipages dans le LOP-G pour tester un vol long et dans un environnement spatial différent de celui de l'ISS, avec une visée (certes lointaine, mais rien de nouveau) de tester un Deep Space Habitat sur orbite NRHO en vue du voyage martien.
On en pense ce qu'on veut .... mais il y avait un axe directeur (et AMHA quand certains parlent d'aucun projet ... ils exagèrent volontairement ou pas).

La focalisation sur la Lune est bien arrivée il y a seulement quelques mois, avec en juin le projet Antares Artemis et la demande de budget additionnel pour réaliser avec le calendrier (démentiel ?) visant à réaliser Antares Artemis 3 (Boots on the moon 2024).

il n'est pas nouveau qu'au sein de la NASA il y a deux "tendances fortes"

• ceux qui voulaient rester dans la logique "la Lune on y est déjà allé, il faut préparer Mars, on peut utiliser les abords de la Lune mais sans y poser des équipages". Déjà entériné par le Congrès sous Obama même si les financements restaient insuffisants.
  
• ceux qui voulaient un retour lunaire. Et depuis l'élection de Trump cela a été renforcé par la pression de sa nouvelle équipe gouvernementale, pour contrer notamment les chinois. Volonté aussi de soutenir plus activement le privé en l'incitant à "exploiter" la Lune et à y créer une occupation permanente. Ce qui se concrétise actuellement.
  

Donc pour moi ce nouveau volte-face ou plutôt faut-il parler de cumul d'objectifs ? du moins en paroles, est surprenant, peut-être un souhait de ré-équilibrage en affirmant la nécessité d'être au charbon sur tous les fronts ? (America First .... çà marche bien en période électorale). Ou manoeuvre pour contrer un possible défaut d'accord bi-partisan pour le vote des affectations des rallonges budgétaires (si orientées uniquement pour le projet lunaire) ?

On va voir si cela se traduit déjà par une poursuite du ménage dans les différentes branches de la NASA. Cela ne coûte pas cher de faire un peu de dégagisme, et on dispose alors de nouveaux responsables plus dans "la ligne"* fut-elle sujette à fluctuations dans les années à venir.

* celle indiquée par le doigt une fois positionné sur la couture du pantalon