Le "remorqueur spatial" MEV-1

montmein69 a écrit:Le coût additionnel d'un tel convoyeur et de son lanceur pour atteindre l'orbite GEO, comparé à la valeur résiduelle d'une satellite de telecom de 10 ou 15 ans d'âge ne me parait pas forcément une formule gagnante.
Mais la performance est réelle et cela peut servir pour des équipements plus jeunes "à sauver" ou de vieux satellites à parquer avant leur perte définitive.

De ce que je comprend du site de Northrop Grumman, le programme MEV est conçu pour passer à un autre satellite lorsque Intelsat décidera que l'extension de mission est terminée:

"When the customer no longer desires MEV's service, the spacecraft will undock and move on to next client satellite"
Lorsque le client ne désire plus les services du MEV, le véhicule spatial se détachera et se déplacera vers le prochain satellite client

Ils ne disent pas combien de temps ni combien de fois il est prévu de le faire, mais coup cela rabaisse sérieusement le coût de la mission ramenée à chaque satellite desservi.

mic8 a écrit:

montmein69 a écrit:Le coût additionnel d'un tel convoyeur et de son lanceur pour atteindre l'orbite GEO, comparé à la valeur résiduelle d'une satellite de telecom de 10 ou 15 ans d'âge ne me parait pas forcément une formule gagnante.
Mais la performance est réelle et cela peut servir pour des équipements plus jeunes "à sauver" ou de vieux satellites à parquer avant leur perte définitive.

De ce que je comprend du site de Northrop Grumman, le programme MEV est conçu pour passer à un autre satellite lorsque Intelsat décidera que l'extension de mission est terminée:

"When the customer no longer desires MEV's service, the spacecraft will undock and move on to next client satellite"
Lorsque le client ne désire plus les services du MEV, le véhicule spatial se détachera et se déplacera vers le prochain satellite client

Ils ne disent pas combien de temps ni combien de fois il est prévu de le faire, mais coup cela rabaisse sérieusement le coût de la mission ramenée à chaque satellite desservi.

On peut spéculer un peu en partant des infos pour Intelsat 901.  Le MEV a une durée de vie de 15 ans et le premier dépannage du MEV-1 doit durer 5 ans.  Sachant qu'il faut du carburant pour passer d'un satellite à un autre, on peut tabler sur 2 voire 3 satellites si la mission est identique à celle d'Intelsat 901.

Raoul a écrit:Pour la première fois, un satellite  s'amarre à un autre juste au-delà de l'orbite géostationnaire, afin de lui fournir de quoi rallonger sa période opérationnelle!

Je pense qu'il faut aussi mentionner dans cette première que cet amarrage a eu lieu avec un satellite non conçu pour cette fonction

Le zouave a écrit:Amarrage non-coopératif de MEV-1 avec un vieux satcom Intelsat.

Pourquoi non coopératif? Au contraire Intelsat 901 était encore fonctionnel, et totalement volontaire pour cet amarrage. Et donc il était toujours stabilisé 3 axes ce qui rend amarrage beaucoup plus facile.

Pour moi non coopératif c'est soit avec un débris non stabilisé, soit avec un sat qui n'avait pas forcément envie de se faire attraper....

d'après cet article MEV-1 peut fournir plus de 15 ans de services d’extension de la vie de satellites.

https://reves-d-espace.com/mev1-maintenance-des-satellites-en-orbite/

Wakka a écrit:MEV-1 a réussi à s'amarrer à Intelsat 901 07h15 UTC ce matin - une première pour l'industrie !

https://www.northropgrumman.com/space/space-logistics-services/mission-extension-vehicle/

Je me demande à quel point on se rend compte que cette photo est absolument historique ! Elle mériterait de faire la une de Nature, voir du Time, ou même être élue photo de l'année 2020. Dommage qu'elle ne soit pas en couleur elle aurait certainement eu un impact médiatique plus grand.

Pour la première fois, un satellite est photographié en orbite géostationnaire. Outre la prouesse technologique c'est la mise en abyme qui est fantastique. La Terre devient un objet lointain. En LEO on peut la caresser. Le GEO est déjà la frontière. Se dire que les télécommunications de millions de personnes transitent par cette boite de ferraille nichée dans le cosmos remet en perspective, au sens propre comme au figuré, les prouesses de la conquête spatiale.

MEV-1 marque un changement de paradigme considérable dans l'exploitation de l'espace. Grâce aux remorqueurs, les assemblages, réparations, repositionnements deviennent possible. Pas seulement pour d'onéreux programmes institutionnels habités, mais pour "l'industrie spatiale du quotidien", les télécoms, l’observation de la Terre, etc...

MEV-1 est avant tout un démonstrateur. Lancer un satellite pour en assister un autre, cela ne sert pas à grand chose. Mais si un remorqueur peut prolonger de 5 ans la durée de vie de 5 ou 6 satellites, là cela devient très intéressant.

La vraie rupture technologique, c'est la propulsion ionique. Certes elle n'est pas nouvelle. Mais dès lors que l'on peut s'alléger en ergols et disposer d'une énergie inépuisable grâce aux panneaux solaires, on démultiplie le champs des possibilités. En GEO, c'est simple car il suffit de faire légèrement varier l'altitude pour passer d'un satcom à un autre (tous situés à des longitudes différentes, mais dans le même plan).  La propulsion ionique y a toute sa place. C'est en revanche plus complexe lorsqu'il faut changer d'inclinaison, car les Delta-V sont plus conséquents.

La technologie est développée tranquillement et silencieusement depuis vingt ans et plus. Et on n'a pas non plus relevé que la plupart des engins spatiaux lancés cette année sont équipés en propulsion ionique.
L'étape suivante est l'augmentation de puissance électrique disponible, pour déplacer des charges de plus en plus élevées.

Ce que je trouve assez magnifique dans cette photo, c'est aussi que l'équateur est vertical et que l'on voit mal les continents ! Je trouve que cela remet aussi les choses en perspective, et nous montre que nos conventions et autres frontières sont bien artificielles...

Vadrouille a écrit:

Wakka a écrit:MEV-1 a réussi à s'amarrer à Intelsat 901 07h15 UTC ce matin - une première pour l'industrie !

https://www.northropgrumman.com/space/space-logistics-services/mission-extension-vehicle/

Pour la première fois, un satellite est photographié en orbite géostationnaire. Outre la prouesse technologique c'est la mise en abyme qui est fantastique. La Terre devient un objet lointain. En LEO on peut la caresser. Le GEO est déjà la frontière. Se dire que les télécommunications de millions de personnes transitent par cette boite de ferraille nichée dans le cosmos remet en perspective, au sens propre comme au figuré, les prouesses de la conquête spatiale.

en faite il est très probable qu'il y ai déjà eu d'autre photo de satellite géostationnaire, mais juste qu'elle n'ai pas était rendu publique. oui je parle des petits satellite russe (les américains et les chinois doivent faire pareil) en "tourné d'inspection".

après , c'est vrai que c'est rare (même unique) de voir un GEO entièrement déployer en vrai image.

Vadrouille a écrit:
.../cut/...
La vraie rupture technologique, c'est la propulsion ionique. Certes elle n'est pas nouvelle. Mais dès lors que l'on peut s'alléger en ergols et disposer d'une énergie inépuisable grâce aux panneaux solaires, on démultiplie le champs des possibilités. En GEO, c'est simple car il suffit de faire légèrement varier l'altitude pour passer d'un satcom à un autre (tous situés à des longitudes différentes, mais dans le même plan).  La propulsion ionique y a toute sa place. C'est en revanche plus complexe lorsqu'il faut changer d'inclinaison, car les Delta-V sont plus conséquents.

C'est vrai que le réservoir contenant le gaz qui sera ionisé .... procure dans un volume faible comparé aux ergols consommables classiques, une capacité de déplacement importante
Une étape suivante pourra être de concevoir un ensemble de propulsion pouvant se rapprovisionner en rechargeant (ou remplaçant) une "cartouche" de ce gaz.
Tout dépend de la durée d'utilisation cumulée possible pour un moteur ionique.

phenix a écrit:

en faite il est très probable qu'il y ai déjà eu d'autre photo de satellite géostationnaire, mais juste qu'elle n'ai pas était rendu publique. oui je parle des petits satellite russe (les américains et les chinois doivent faire pareil) en "tourné d'inspection".

C'est plus que probable : c'est certain. Mais les américains ont fait ça bien avant les russes, avec notamment le satellite Prowler, lancé durant une mission militaire de la navette spatiale mais sans existence officielle ni place dans le catalogue public du Norad. Plus récemment, cette activité a été confiée aux GSSAP.

Je ne pensais pas à l'orbite géostationnaire concernant les satellites espions. Mais c'est vrai qu'avec les WGS et autres CBAS (et leurs homologues russes et chinois) il y a matière à faire. Toutefois la menace vient-elle vraiment de ce type de satellites en GEO ?

Les SBIRS y sont bien la haut (GEO) et c'est éminemment militaire et éminemment emmerdant pour les russes et les chinois en terme d'alerte au profit des américains.

Vadrouille a écrit:
Mais c'est vrai qu'avec les WGS et autres CBAS (et leurs homologues russes et chinois) il y a matière à faire.

Les WGS sont des satellites de télécommunications, pas d'inspection orbitale.

Vadrouille a écrit:Je ne pensais pas à l'orbite géostationnaire concernant les satellites espions. 

si il y a de l'epionnage en GOE. il y a d'ailleurs eu un cas sur intelsat 901 (la cible de MEV-1 https://fr.wikipedia.org/wiki/Intelsat_901) il y a aussi eu le cas d'athena fidus denoncé par Florance Parly(https://www.20minutes.fr/politique/2332791-20180907-florence-parly-denonce-tentative-espionnage-satellite-russe)

en plus de l’étude optique qui permet d’étudier le matériel embarqué (panneau solaire, réflecteur d'antenne, disposition des cônes) qui permet de deduires les performances du satellite le plus inquiétant est l’écoute électronique.  en effet, le flux d'info descendant (du satellite vers la terre) "arrose" une large zone et en y plaçant une antenne il est facile de l’écouter, mais évidement c'est crypté. Par contre le flux montant est difficile a intercepter car c'est un flux étroit partant de l'antenne vers l'espace. Pour l’écouter il faut donc avoir un satellite espion a coté du satellite destination. le risque c'est que si quelqu'un est capable d’écouter a la fois le flux montant et descendant il pourrais les comparé et risquerais de déduire le protocole de cryptage utilisé dans le satellite.  
L'autre problème qu'en plus d’être difficile a intercepté, la communication vers les GEO étant tres directive , elle est très discrète. les ondes se disperse par partout comme un iridium mais parte droit vers l'espace, donc même avec un système d'ecoute et de gonio, il est impossible d'identifier un radioemeteur placé a quelque km. C'est tres pratique pour les unités de reconnaissance stratégique ( 13eme RDP) les sous-marin en surface ou les avions furtif.  le probleme c'est qu'un satellite espion placé a coté du satellite de telecom visé pourrais identifier la source de l'emission. Serait-il assez précis pour localisé une équipé infiltré ou un sous-marin? si oui, ils aurons très chaud au...... mais même sans ça, cela permettrait de depuis les régions ou il y a de l'activité et donc les points d’intérêt ennemi.

David L. a écrit:

Vadrouille a écrit:
Mais c'est vrai qu'avec les WGS et autres CBAS (et leurs homologues russes et chinois) il y a matière à faire.

Les WGS sont des satellites de télécommunications, pas d'inspection orbitale.

Je disais ça au sens de satellites à espionner, je sais que ce sont des satcoms militaires. ;) 

Merci pour les explications phénix. Nul doute que la détection des satellites espions va se renforcer, ce qui impliquera que ceux-ci seront de plus en plus discrets, et ainsi de suite. Un peu comme pour les sous-marins.

PS : en revanche je pensais à quelque chose d'autre, ce fil a t-il sa place dans Physique et Mécanique Spatiale ? MEV-1 est une mission commerciale actuelle de Northrop Grumman, ne faudrait-il pas remettre ce sujet dans sa catégorie dédiée ?

Article de Northop Grumman sur le MEV, présenté à IEPC 2019, donnant des éléments techniques, mais parlant également de la logique économique et des développements futurs :
http://electricrocket.org/2019/753.pdf

Après le succès de la mission de MEV-1, celle d'Intelsat 901 est officiellement prolongée de 5 ans et le satellite de télécommunications a rejoint sa nouvelle position sur l'orbite géostationnaire.
https://twitter.com/INTELSAT/status/1342569311978844160