[SpaceX] Nature des tirs

La nature des tirs orbitaux de SpaceX, définie par la charge utile :



Contrairement à certaines annonces de particulièrement mauvaise foi, il est évident que les lancements de SpaceX sont majoritairement commerciaux.

Au vu des graphiques proposés par David, en 2018 SpaceX c'est:
- 2/3 de ses lancements qui sont commerciaux
- Environ 29 % de ses lancements qui sont institutionnels
- Environ 5 % pour le lancement privé (Falcon Heavy)

jmontaut a écrit:Au vu des graphiques proposés par David, en 2018 SpaceX c'est:
- 2/3 de ses lancements qui sont commerciaux
- Environ 29 % de ses lancements qui sont institutionnels
- Environ 5 % pour le lancement privé (Falcon Heavy)

La répartition devrait s'équilibrer en 2019, avec des prévisions qui donnent :
- 9 tirs commerciaux, soit 50 %
- 8 tirs institutionnels, soit 44,4 %
- 1 tir privé (Starlink), soit 5,6 %

Nouvelle version, avec la distinction entre les lancements pour des opérateurs commerciaux et ceux pour des institutions étrangères, et prise en compte de la nature privée des deux Microsats lancés en 2018 :

Estimation de la valeur des lancements sur la période 2011 - 2019 :
(travail en cours pour les années antérieures)



J'ai pris 133 M$ (montant / mission pour le contrat CRS-1) pour toutes les mission CRS, 90 M$ pour les missions institutionnelles dont le montant du contrat n'a pas été rendu public et 62 M$ pour les lancements commerciaux.

Aucun lancement de Falcon Heavy n'est encore pris en compte, le tir inaugural n'ayant pas eu de clients.

Valeurs connues pour les lancements institutionnels :

Lancements réalisés
- 97 M$ pour DSCOVR
- 82 M$ pour Jason-3
- 87 M$ pour TESS
- 82,7 M$ pour GPS III-2

Lancements prévus
- 165 M$ pour STP-2
- 96,5 M$ pour le second GPS III à lancer par SpaceX
- 96,9 M$ pour chacun des GPS III du lot de trois satellites
- 97 M$ pour Sentinel-6A / Jason-CS
- 112 M$ pour SWOT

Merci David L. pour tous ces graphiques qui nous permettent de suivre les activités de SpaceX et leurs progressions .
Le dernier graphique sur les valeurs des lanceurs m’amène à une nouvelle question : peut-on évaluer le profit financier de SpaceX pour ses activités spatiales ou est-ce encore trop tôt pour les investissements, amortissements, etc.?

Giwa a écrit:
Le dernier graphique sur les valeurs des lanceurs m’amène à une nouvelle question : peut-on évaluer le profit financier de SpaceX pour ses activités spatiales ou est-ce encore trop tôt pour les investissements, amortissements, etc.?

Il faudrait connaître le coût de revient des lancements réalisés par SpaceX...

Sur combien de temps peut-on amortir une fusée sur le plan comptable ?  :megalol:
Voila une question que je me pose étant en formation dans un domaine comparable, ca doit etre 10-15 ans tout au plus au vu des durées d'utilisation des fusées d'antan.

Je pencherais plutôt pour 5 à 10 ans maximum

C'est considéré comme du consommable donc un seul tir, les autres tirs, s'il y a, c'est bénéfices (encore faut-il que la remise en condition de vols ne soit pas onéreuse), pour mémoire les capsules Dragon coûtent aussi chers à remettre en condition de vol qu'en faire des neuves.

A partir du moment où les lanceurs sont réutilisables, ça devrait passer de simples charges à de l'actif amortissable logiquement. Au pire en stock.

Je pense quand même qu'on est dans un flou juridique sur l'aspect comptable  :lol!:
Je ne sais pas ce que dise les US GAAP à ce sujet. Ça va avoir un impact pour connaître la réelle rentabilité de chaque lanceur et de Space X au global.

Comptablement ça doit se traiter comme n'importe quel véhicule utilitaire. Amortissement sur plusieurs années. Sauf que tu ne l'as pas acheté, tu l'as produit :-)

Remboursement des frais kilométriques, heu... Puissance fiscale, heu... 5 millions de chevaux fiscaux... :megalol:

Anovel a écrit:...pour mémoire les capsules Dragon coûtent aussi chers à remettre en condition de vol qu'en faire des neuves.

As-tu des sources à ce sujet ? :scratch:

Henri a écrit:

Anovel a écrit:...pour mémoire les capsules Dragon coûtent aussi chers à remettre en condition de vol qu'en faire des neuves.

As-tu des sources à ce sujet ? :scratch:

C'est un tweet de Musk que j'ai lu sur teslarati, il disait que le coût de remise en état était presque aussi élevé que faire un engin neuf mais cela ne concernait que le dragon il me semble.

Anovel a écrit:

Henri a écrit:
As-tu des sources à ce sujet ? :scratch:

C'est un tweet de Musk que j'ai lu sur teslarati, il disait que le coût de remise en état était presque aussi élevé que faire un engin neuf mais cela ne concernait que le dragon il me semble.

Le retour dans l'océan et le caractère semi-consommable du bouclier thermique ablatif PICA doivent y être pour quelque chose...

Mise à jour de la répartition des tirs de SpaceX par la nature de la charge utile, au 22 juillet 2020, après le lancement d'Anasis-II :

Dans ce diagramme, par privé tu entends Starlink je suppose ?

Henri a écrit:Dans ce diagramme, par privé tu entends Starlink je suppose ?

Oui, avec également le tir inaugural de Falcon Heavy et la démonstration de lancement avorté en vol du 19 janvier 2020.

Graphique assez inquiétant : on voit tout l’importance du projet starlink qui pour le moment grève les comptes (sans doute plus que le projet starship) sans rien rapporter. Starlink a intérêt à trouver des clients car autrement ce colosse qu’est devenu spacex va être trahi par ses pieds d’argile. On voit que le nombre de lancements commerciaux et institutionnels est assez bas et en ralentissement. J’espère pour spacex qu’il n’y aura pas d’accidents concernant la crew dragon car pour le moment c’est leur assurance contre un éventuel dépôt de bilan: la NASA ne laissera pas spacex couler. Besoin de cette compagnie et de Boeing pour emmener ses astronautes. 

Pour ce qui est du projet starlink je suis relativement optimiste car l’armée US est intéressée par ce réseau et n’hésite pas à mettre de l’argent quand il s’agit de sécurité nationale. Il serait bon que spacex puisse récupérer une partie de la manne   Américaine concernant la mise à disposition d’un système haut débit pour l’ensemble des populations des zones mal desservies.

D'un côté de la balance : SpaceX fait payer (modiquement) les compagnies qui profitent des vols Starkink pour lancer quelques satellites, donc il y a tout de même une source de revenu pour ces lancements. Ajoutons à ceci que les premiers étages de ces vols coûtent théoriquement* moins cher, puisque réutilisés. De même, je crois me souvenir que l'US Army accompagnait financièrement SpaceX sur le projet (études, et peut-être d'autres parties ?)

De l'autre côté de la balance : on ignore le coût de construction des satellites Starlink.

Tout bien pesé, vu qu'on ignore le poids de chaque côté de la balance, il est difficile de savoir si la hauteur de la barre orange est proportionnelle au manque à gagner, ou pas. Le graphique reste très intéressant, merci David !

* je dis "théoriquement", mais je pense "raisonnablement" : je ne vois pas l'intérêt qu'aurait SpaceX à réutiliser ses premiers étages si ça ne coûtait pas moins cher que d'en produire des neufs.

sans oublier le fait que SpaceX ne laçant pas les satellites des constellations concurrentes cela fait un manque à gagner significatif! Si ce genre de projets prennent de l'ampleur SpaceX pourra-t-il rester longtemps en dehors de cette manne financière ?

Thierz a écrit:D'un côté de la balance : SpaceX fait payer (modiquement) les compagnies qui profitent des vols Starkink pour lancer quelques satellites, donc il y a tout de même une source de revenu pour ces lancements. 

Très juste.

Par ailleurs, s'agissant de l'excellent diagramme de David, il ne faut pas surinterpréter la proportion très forte de lancements dits "privés" (effectués par l'entreprise pour son propre compte) au 1er semestre 2020 : ces lancements privés ont fortement augmenté dans l'absolu, certes, mais la proportion de ceux-ci dans le total des lancements a été encore amplifiée par les retards de vols commerciaux et militaires engendrés par la crise sanitaire. Cet effet n'est que temporaire !

La maîtrise (on l'espère) croissante de l'impact de la crise sanitaire sur les activités économiques du secteur spatial devrait assez rapidement conduire à l'accomplissement des vols commerciaux et institutionnels en attente et donc à un meilleur équilibre entre les différents types de vols de SpaceX. Les scores de toutes les catégories de vols vont augmenter (à moyen terme, SpaceX réalisera deux lancements Starlink par mois), de telle sorte que la partie "privé" restera à 50%, mais bien entendu la multiplication des vols va apporter à SpaceX des économies d'échelle.

N'oublions pas que 2019 a été une mauvaise année : le nombre de vols réalisés a été en recul, tandis qu'aujourd'hui et encore plus au second semestre 2020, les coûts fixes de l'entreprise seront répartis sur un plus grand nombre de vols.

Je voudrais enfin souligner que s'il n'y avait pas eu un certain nombre de retards, fortement amplifiés par la crise Covid, 2020 aurait dû être l'année de l'explosion des lancements de micro et nano satellites par SpaceX. @Thierz rappelle la présence de petits satellites commerciaux à côté des grappes de Starlink, mais j'ai souvenir que SpaceX, il y a un an, a défini un programme très ambitieux de lancements groupés de micro et nano satellites, dont le marché semblait en expansion rapide. 

Je n'ai pas une idée très précise de ce programme, mais je pense qu'une fois le choc de la présente crise sanitaire passée, on pourra assister à un développement exponentiel de cette partie du marché. SpaceX n'est pas seule sur les rangs, mais elle aura sa part, d'autant que Rocket Lab, qui a un grand avenir, a conjoncturellement pris du retard avec l'échec de son 13ème vol. Quant aux multiples petites sociétés qui cherchent à émerger, elles finiront par prendre leur part de ce vaste et nouveau marché, mais en attendant, c'est avant tout SpaceX qui peut rafler la mise. 

Ce qui tombe bien : SpaceX peut espérer "faire la jonction" en attendant le retour d'investissement sur Starlink. Quand, en 2022 peut-être, le Starship larguera des myriades de Starlink à chaque vol, SpaceX pourra éventuellement délaisser ce marché des micro et nano satellites et le laisser aux jeunes pousses. Sauf si sa stratégie est de continuer à faire des grappes mixtes Starlink / micro sat commerciaux avec le Starship. Ce qui d'ailleurs pourrait conduire à une saisine des autorités de concurrence, car en droit de la concurrence, je suis désolé pour SpaceX, ça ne passe pas bien. Ils doivent le savoir, à mon avis.

Mais on n'en est pas là ! Le Starship n'a même pas fait le saut de 150 mètres et c'est SpaceX qui sera en grand danger financier si ce programme dont les coûts vont croissant ne débouche pas rapidement.