Mars 2020 (Perseverance & Ingenuity) : Exploration du cratère Jezero

MRS a écrit:

Wakka a écrit:Et voilà comment Paris Match annonce la nouvelle : "Un lac d'eau liquide détecté sur Mars"


https://www.parismatch.com/Actu/Sciences/Un-lac-d-eau-liquide-detecte-sur-Mars-1762324

Un titre "accrocheur" n'est pas un défaut en soi s'il peut inciter des lecteurs à s'intéresser au sujet et chercher plus loin ensuite. C'est tout bénéf. pour la promotion de la "Conquête Spatiale" dans le grand public !

On peut le voir ainsi, et prendre le sujet avec humour, ou penser que les lecteurs de l'article ainsi titré prendront le choix de ce titre avec humour. C'est peut-être le cas pour une partie du public, jeune, recherchant "le fun", et bien informée sur la question. 

J'ai plutôt pour ma part tendance à considérer, pour un support écrit (je ne parle pas de l'information par Youtube) qu'il y a une frontière à ne pas dépasser entre un titre accrocheur et un titre inexact. 

Un linguiste pourrait sûrement nous confirmer que toutes les ellipses, tous les silences, n'ont pas la même portée. Un sociologue expliquera peut-être qu'il faut aussi prendre en compte les cultures propres à chaque génération. Mais quand on parle de science, il faut s'adresser à toutes les générations et donc en revenir aux fondamentaux de la langue qui permettent d'être bien compris de tous.

Si je dis : "à minuit, j'irai me coucher", tout le monde comprend que j'irai me coucher dans mon lit. C'est implicite. Sauf contexte particulier, la précision "dans mon lit" est superflue. Par ailleurs, que ce soit le cas ou non, c'est sans incidence sur la portée de mon message principal qui est d'indiquer l'heure à laquelle j'ai l'intention de me coucher.

Si je dis "le président de la république est mort" tout le monde comprendra quelque chose de différent que si je dis "le président de la république Georges Pompidou est mort le 2 avril 1974". En l'absence de précision, une énonciation se rapporte en général au présent. Tout le monde le comprendra ainsi et si ensuite il s'avère que ce n'est pas le cas, on dira au mieux que j'ai joué sur les mots, au pire que je suis malhonnête. Certains en riront, d'autres trouveront la plaisanterie de mauvais goût.

En second lieu, dans le cas d'espèce concernant la thématique de l'eau sur Mars, qui revient sans cesse dans la communication de vulgarisation scientifique au moins depuis Opportunity (2004), voire Mariner 9 (1971), il faut faire attention à ne pas lasser le public en répétant les mêmes généralités et en présentant comme nouveau ce qui mille fois a déjà été annoncé.

Le lecteur qui connaît un peu le sujet et qui lit le titre "un lac d'eau liquide détecté sur Mars" se méfiera du sensationnalisme de ce titre et en déduira que l'article n'a pas été écrit par un scientifique. C'est plutôt répulsif et cela n'incite pas à choisir la source d'information en question. 

Le titre d'un article doit, dans une formule incisive et brève, faire ressortir ce que l'information a de nouveau. Ce qui n'est pas le cas ici.

Le lecteur qui ne connaît rien du tout à la question, qui prendra le titre "au premier degré" et qui ira lire l'article sera heurté par la discordance entre le titre et le contenu. Si cette mésaventure lui arrive plusieurs fois, je crains qu'il ne se détourne de l'information de vulgarisation scientifique, de la même façon que nous nous détournons des publicités qui présentent de manière sommaire un produit comme un produit miracle. 

Quand le monde de la science n'apparaît pas meilleur que celui de la communication commerciale, qu'il recourt à des procédés "putaclics" (quelle affreuse expression !) il nuit à sa propre réputation et contribue à la démoralisation générale de la société, à une époque ou à l'inverse, il importe de redonner confiance dans l'avenir.

La vulgarisation scientifique a vocation à mettre les progrès de la science à la disposition du public, de manière claire et synthétique, donc en simplifiant sans déformer et en évitant les tournures de style qui jouent excessivement sur l'émotionnel. Elle doit à mon sens donner une idée du rythme des progrès de la connaissance et décrire les découvertes, tout en reconnaissant les zones d'incertitude.

Le sensationnalisme (sauf à ce que ce soit du "2ème degré", et que tout le monde comprenne que c'est du "2ème degré") est une manière de communiquer pas très respectueuse du public, et qui n'est pas soutenable dans la durée. 

La sincérité et la sobriété de l'expression peuvent éloigner à court terme quelques lecteurs. Mais s'y astreindre - sauf contexte, public particulier - me semble être nécessaire pour maintenir sur le long terme la crédibilité et élargir progressivement le public intéressé.

@PierredeSedna : 

Heureusement, dans le cas de cet article précisément, à part le mot "ancien" manquant dans le titre (et pas dans la phrase qui a suivi) , le reste du contenu était très correct. Mais c'est un avis purement personnel.

Wakka a écrit:Un peu de géologie :

Mars : le rover Perseverance livre ses premiers résultats

Très beau visuel dans cet article du CNRS :

Je ne sais pas si l'on a déjà parlé sur le forum du vol 15 d'Ingenuity ?

Dans ce dernier vol (en plusieurs étapes) il serait revenu vers son point de départ (si j'ai bien compris cette vidéo)

Il doit revenir à son point de départ (zone nommée en référence à Orville et Wilbur Wright) car il doit absolument suivre Perseverance. En effet, les deux engins ne peuvent être séparés de plus d’un kilomètre, sinon l’hélico ne pourrait plus être contrôlé.

La Nasa prévoit entre 4 et 7 vols jusqu’au champ des frères Wright. Lors du vol n° 15, Ingenuity a du revenir dans la région nommée « Raised Ridges » (« Crêtes surélevées »), qu’il avait photographiée lors de son dixième vol. Ce vol, durant lequel Ingenuity a culminer à 12 mètres d’altitude, a duré 128.8 secondses La distance parcourue est de 423 mètres, ~ 41m d'un précédent lieu d'atterrissage, celui du vol 9.

Si tous ces "zigouigouis" n'ont pas bien de sens pour moi, je me doute que les techniciens intéressés ont dessiné ce plan de vol avec attention. 

Astro-notes a écrit:Si tous ces "zigouigouis" n'ont pas bien de sens pour moi, je me doute que les techniciens intéressés ont dessiné ce plan de vol avec attention. 

Pour moi ce sont des zigzags !
Plus sérieusement, il faut avoir avoir conscience de ce que la technologie de ce premier hélicoptère martien apporte 

Merci Wakka pour toutes ces précisions

Oui, bien sûr Giwa je suis bien d'accord avec toi. Zigouigoui c'est un peu fort je me rabat sur zig zag 

Un nouvel échantillon a été récupéré. Il provient d'une roche chargée d'olivine, un minéral verdâtre.

Dire qu'il va falloir envisager de ramener ça sur Terre un de ces jours à venir ! 

Astro-notes a écrit:Dire qu'il va falloir envisager de ramener ça sur Terre un de ces jours à venir ! 

Et de plus ces olivines ne seront pas concurrentielles - même en envoi groupé - avec les prix des olivines terrestres proposées sur le marché !  D’accord elles seront verdâtres comme les martiens ! 

Petit complément d'info sur ces carottages par Thomas Appéré :

"Lors du 1er forage, la roche était trop friable et la carotte n'est pas restée dans le tube. Pour les 3 carottages réussis [dont celui d'hier], les carottes sont solides. Tout dépend de la nature de la roche."

Wakka a écrit:Petit complément d'info sur ces carottages par Thomas Appéré :

"Lors du 1er forage, la roche était trop friable et la carotte n'est pas restée dans le tube. Pour les 3 carottages réussis [dont celui d'hier], les carottes sont solides. Tout dépend de la nature de la roche."

Le premier tube sera-t-il abandonné ou pas ? Car même s’il semble ne rien rester du carottage, même des traces microscopiques , voire nanoscopiques pourraient être analysées après le retour sur Terre  !

Si la masse du contenant est largement supérieure à des traces microscopiques qu'il pourrait contenir ..... cela m'étonnerait qu'on en fasse grand cas lors de la mission de récupération et d'envoi sur orbite pour le retour des échantillons vers la Terre.
Mais après tout ..... si c'est indispensable pour l'équilibre de la charge de la mini-fusée qui remontera en orbite (notamment au moment du lancement) ..... pourquoi pas.

C’est dommage qu’il n’est pas possible de prélever des échantillons friables car les informations qu’ils pourraient apporter ont aussi leur importance …mais bon difficile de trouver une méthode commune de prélèvement. Comme le prochaine fois que l’on pourra tenter aussi de prélever de telles matières friables n’est pas pour demain, il faudrait tenter de faire avec de quelques traces microscopiques qui auraient pu être prélevées La spectrométrie de masse qui pourrait être mis en œuvre au retour sur Terre permet d’analyser des traces infimes et pourquoi pas ramener tout de même un de ces tubes d’apparence vide, ça serait tout de même à tenter.

Oui Giwa et là tu parles de micro-échantillons voire plus, de fines particules au sens terrestre (?) au point de penser que même vide un container vaudrait le coup de faire le voyage pour analyser ce rien !

Astro-notes a écrit:Oui Giwa et là tu parles de micro-échantillons voire plus, de fines particules au sens terrestre (?) au point de penser que même vide un container vaudrait le coup de faire le voyage pour analyser ce rien !

Tout à fait ! Un peu de matériaux martiens ont pu imprégner les parois du tube voire même de substances plus volatiles par adsorption  et les spectrométries à notre disposition sur Terre seraient capables de les distinguer des matériaux terrestres présents dans ce container.

https://twitter.com/thomas_appere/status/1462847676572131332

Sol 288 : 

18ème vol effectué hier, 15 décembre. Ingenuity dépasse maintenant les 32 minutes de vol et atteint presque 4 km de survol.

https://www.jpl.nasa.gov/news/nasas-ingenuity-mars-helicopter-reaches-a-total-of-30-minutes-aloft

6 échantillons ont été collectés et scellés à ce jour, comme l'indique cette photo issue des bureaux du JPL : News du 15 déc 2021



- 4 carottes rocheuses
- 1 carotte atmosphérique
- 1 carotte "témoin"

37 tubes restants.

En fait je n'ai toujours pas compris l'utilité de ces prélèvements et stockage d'échantillons plusieurs années avant leur rapatriement sur Terre par rapport à des  prélèvements en temps réel que ferait un "rover" avant un rapatriement quelques semaines après  ? 

L'intérêt est de multiplier les lieux de prélèvement mûrement réfléchis au fil des mois pendant le périple du rover sur des terrains variés par rapport à des prélèvements faits à la va-vite juste avant le retour.

A rajouter en plus :

Tout simplement la faisabilité de faire autant de "retours" que d'échantillons récoltés. (ou même de 2 ou 3 tubes ensemble)
Cela supposerait que lors de la mission initiale en plus du rover (et son hélicoptère) on fasse atterrir en plus autant de  "systèmes de retour" que nécessaire.
Donc ajouter toute la technique de transfert des échantillons du rover (qui actuellement ne sait que les déposer sur le chemin) vers les systèmes de transport (probablement des mini-fusées qui seraient capable de rapatrier directement leur chargement du sol lunaire au sol terrestre).
Donc gérer tous ces retours ...... les uns après les autres.

On ne sait pas faire cela en l'état.

On ne maîtriserait (on l'espère en tout cas) que deux phases : une  mise en orbite basse d'un mini-lanceur et de sa petite charge ..... suivie d'un RDV avec une sonde restée en orbite capable de "retrouver" le chargement .....puis une fois celui-ci récupéré ...... de faire le voyage de retour vers la Terre.

Il faut donc financer et créer deux missions ..... et cela coûte cher et prend du temps.*
* et comme c'est une première complexe ... on ne sait pas si ça va fonctionner.

Se sont associées pour effectuer chacun une partie de la mission finale deux grandes agences spatiales (NASA et ESA) en collaboration :
https://www.forum-conquete-spatiale.fr/t18870-nasa-esa-mars-sample-return-retour-des-echantillons-collectes-par-perseverance-2028

Bien entendu si Chronopost ou DHL ou UPS avaient des bureaux et la logistique sur Mars ..... ce serait un jeu d'enfants. Mais "macache bono" comme on disait .....

Evidemment si tu as des idées pour simplifier le schmilblick ..... envoie un tweet à Josef Aschbacher Directeur général de l'ESA