L'Allemagne futur moteur de l'Europe spatiale ?

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L'Allemagne futur moteur de l'Europe spatiale ?
[ 24/12/07 ]

Sous l'impulsion d'Angela Merkel, l'Allemagne souhaite renforcer considérablement, dans la recherche spatiale, son potentiel scientifique et industriel.

La demande pour mener des recherches dans l'espace va augmenter, depuis la médecine jusqu'au génie des matériaux, et la recherche en orbite proche de la Terre va s'intensifier. » Celui qui tient ce discours étonnamment optimiste et à contre-courant des idées dominantes est un Allemand. C'est Johann-Dietrich Wörner, le nouveau président du directoire du DLR (*), l'agence spatiale en charge de la recherche dans l'aéronautique et le spatial outre-Rhin. Il ne s'agit pas seulement de propos de circonstance, à l'heure où la navette « Atlantis » s'apprête à mettre en orbite le laboratoire européen Colombus soutenu à bout de bras par les Allemands. C'est Angela Merkel qui a redonné du tonus à une discipline tombée pratiquement en désuétude sous l'ère Schröder. « Après avoir longtemps considéré l'espace comme un secteur n'entraînant que des retombées industrielles ou technologiques, l'Allemagne juge aujourd'hui qu'il s'agit d'une activité stratégique porteuse d'une forte valeur symbolique pour sa notoriété internationale », juge Jean-François Dupuis, conseiller pour la science et la technologie de l'ambassade de France en Allemagne.

Vols habités
La décision du DLR de créer une division « systèmes » à Brème confirme la volonté du pays de prendre en main le pilotage de programmes très visibles au plan international. Outre la protection du climat, les techniques de base et les transferts de technologie, l'agence allemande se voit confier une mission ambitieuse : « Aller dans l'espace sans aide extérieure ». Dans une récente interview (**), le nouveau patron de l'agence dresse sans ambiguïté la nouvelle feuille de route : « Nous envisageons de prendre un rôle d'architecte et de pionnier dans l'aérospatiale et nous voulons marquer ce secteur de notre empreinte. Pour cela nous avons besoin des meilleurs cerveaux et la possibilité de leur offrir des salaires attrayants. Cependant nous resterons un centre de recherche au service de la politique fédérale. C'est pourquoi nos efforts prendront toujours en compte les intérêts nationaux. »

Renouvelant son soutien aux vols habités, l'ancien président de l'Université technique de Darmstadt estime « indispensable que les Européens se dotent d'un accès indépendant à l'espace ». Parmi les grands projets envisagés, le DLR table sur l'installation d'un radiotélescope sur la face cachée de la Lune. « Réussir une telle mission représenterait une tâche intéressante et pourrait augmenter notre estime auprès de nos partenaires. » En d'autres termes, l'Allemagne pense très fort à l'après-Colombus et cherche à renforcer son image de puissance spatiale capable de rivaliser avec les Etats-Unis, la Russie ou la Chine. Sans négliger la coopération européenne, le message à l'intention de la France est clair : « la coopération est plus efficace si les partenaires sont de force égale ». La mission lunaire, envisagée pour 2013 (entre 300 et 400 millions d'euros) donnerait cette notoriété à laquelle Berlin semble tant tenir. La puissante association des industriels du secteur (BDLI) applaudit à cette idée, d'autant plus que « l'Allemagne dispose de toutes les compétences ».

Bizarrement, la France, première puissance spatiale européenne, ne semble pas prendre au sérieux ce discours offensif. Prisonnier d'une logique strictement budgétaire, le CNES paraît avoir rangé au placard ses ambitions dans le domaine de l'exploration. De plus, l'agence française a toujours tendance à traiter avec un brin de condescendance ses partenaires européens au nom d'un principe simple mais dangereux : « De toute façon, rien ne peut se faire sans nous ».

De surcroît, le secteur spatial hexagonal traverse un véritable « désert décisionnel ». Le ministère de la Recherche, en charge de la tutelle du secteur, a visiblement des chats universitaires plus remuants à fouetter. Résultat, pour l'instant, Valérie Pécresse se contente du suivi lointain d'un domaine qui « coûte cher en ne créant ni emplois ni croissance ». Du coup, tout le monde espère une sorte d'intervention divine, c'est-à-dire « une initiative présidentielle ». Un accord signé entre les deux premiers contributeurs de l'ESA aurait l'avantage de montrer les muscles d'une filière singulièrement affaiblie par le feuilleton Galileo, tout en officialisant une relance de la coopération franco-allemande dans les « grands programmes structurants ».

Plusieurs projets sont éligibles à ce statut à forte composante symbolique. L'étude du climat par un réseau de satellites analysant la chimie de l'atmosphère, la défense du territoire européen (par un système de surveillance par satellite) et, bien sûr, les vols habités, vieux serpent de mer qui divise les Européens. Politiquement, un programme du genre « des Européens dans une capsule européenne » aurait l'avantage de montrer au reste du monde que l'Europe spatiale est sortie de sa léthargie sous la conduite avisée et dynamique du couple franco-allemand. Le traité simplifié, qui fait de l'espace une « compétence communautaire partagée », est de ce point de vue un outil qui ne demande qu'a être exploité.
ALAIN PEREZ
http://www.lesechos.fr/medias/2007/1224//4664554.jpg
http://www.lesechos.fr/info/metiers/4664487.htm
Mes amis, cela fait plus de six mois que je pressents la montée en puissance du choix d'une capsule européenne (avec une modeste participation/aide de nos amis russes) et sur un lanceur européen. Tel est mon pari. Qu'on s'en souvienne pour fin 2008 :sage:


Collaborations tous azimuts
[ 24/12/07 ]
Partenariats.

Le secteur spatial est traditionnellement propice aux partenariats bi ou multilatéraux, qui permettent de minimiser les coûts des participants. L'Allemagne est ainsi engagée dans une quinzaine de programmes avec la France dans le cadre de l'ESA ou sous forme bilatérale (Ariane, Corot, ATV, Colombus, GMES...). Le pays est également lié à la Russie (robot Rokviss à bord de la Station spatiale). Les deux pays ont signé en 2005 un accord de « partenariat stratégique » qui a connu des premières retombées dans l'optique et les télécoms. Premier contributeur européen à la Station spatiale internationale, l'Allemagne entretient également des relations très étroites avec les Etats-Unis, notamment dans le domaine de l'observation et celui des technologies de retour dans l'atmosphère.
http://www.lesechos.fr/info/metiers/4664489.htm

à+
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Socrates

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Un tel discours venant de l'Allemagne est très significatif effectivement :D Un bon cadeau de fin d'année. Pourvu que ça se fasse avec les Français, surtout que les couples de projets franco-allemand ont toujours donner des merveilles (reste a ésperer qu'il n'y aura pas de bataille industrielle entre les deux pays).
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SkyLab

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C'est une excellent enouvelle et sachant que l'Allemagne est avec la France un des pays moteurs de l'ESA, on ne peut qu'espérer que la France suive sur la même volonté.
De toute façon avec l'émergence de nouveaux pays dans le spatial et notamment dans les vols habités, puis avec l'exploitation d'ISS il va bien falloir que l'europe se décide à passer le cap.
Mustard
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Espérons que tout çà va se concrétiser! C'est certain que l'Europe spatiale ne peut vraiment décoller que si l'Allemagne en devient un des principaux partenaire.
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Giwa
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Très bonne nouvelle, ces temps ci, la France avait tendance a s'endormir, cela fait du bien que l'allemagne donne un coup de jus a l'Europe, esperons que un vehicule habité européen vois le jour très bientot.
Vadrouille
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SkyLab a écrit:...surtout que les couples de projets franco-allemand ont toujours donner des merveilles...
Ma merveille s'appelle Jonathan :)

VONFELD
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A suivre bien entendu. :x
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Vonfeld a écrit:
SkyLab a écrit:...surtout que les couples de projets franco-allemand ont toujours donner des merveilles...
Ma merveille s'appelle Jonathan :)

VONFELD

LOL Félicitations ;) Mais il y a une grande influence française à la vue du nom :D
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SkyLab

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Ce que j'aime dans l'ESA c'est qu'elle est plus européenne que l'union européenne :esamour: Pourvu qu'ils se décident un jour à passer le cap de vols habités. Arianne est tellement belle, l'Européen Astronaute Corps est si uni et hétéroclyte!!!
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Dirk De Winne

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A votre avis, si l'ESA se décide, combien de temps croyez vous qu'il faudrait pour développer et réaliser un 1er vol ? 3 ans, 5 ans, 10 ans ?
Mustard
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Mustard a écrit:A votre avis, si l'ESA se décide, combien de temps croyez vous qu'il faudrait pour développer et réaliser un 1er vol ? 3 ans, 5 ans, 10 ans ?

Max 5 ans, l'ESA à déjà plein de données sur le sujet...
Apolloman
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Apolloman a écrit:
Mustard a écrit:A votre avis, si l'ESA se décide, combien de temps croyez vous qu'il faudrait pour développer et réaliser un 1er vol ? 3 ans, 5 ans, 10 ans ?

Max 5 ans, l'ESA à déjà plein de données sur le sujet...

5 ans c'est déja le temps que va prendre le développement d'Orion, et quand on sait la grande expérience de la NASA on peut facilemen timagoner que nous en mettrons plus.
Franchement quelle expérience avons nous réellement ? coté logiciel de bord, navigation spatiale, support vie, EVA, rentrée atmo avec tuiles/angle de rentrée/parachutes et compagnie c'est limite avec juste un unique test suborbital de l'ARD. Sans parler du coté man rated d'ARIANE 5.
Mustard
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L'interview original du directeur de la DLR Johann-Dietrich Wörner

http://tinyurl.com/3yy5e5

En allemand ... langue que je ne maitrise pas ....
Je suis toujours un peu méfiant sur l'interprétation faite par des journalistes. Rien de tel AMHA que de se référer à celui qui s'est exprimé.
montmein69
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Merci pour le lien Montmein. Wörner est somme toute assez prudent et ne déclare rien de nouveau, il espère surtout une vraie décision politique de la part du gouvernement allemand et en rappelle tous les avantages que son pays tirerait de son positionnement comme un joueur important du domaine spatial. Il rappelle que Mars est trop loin pour l'instant et que la Lune est un objectif passionnant et visible sur la scène internationale.
Pour la suite de la station, il est trop tôt pour dire quoique ce soit, mais il regarde et écoute ce qui se dit en Russie.
Skyboy
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quelques précisions:budgets en hausse
Programmes.
Tous les postes du budget spatial allemand vont connaître une hausse sensible en 2008, à commencer par la dotation annuelle du DLR qui atteint 265,56 millions (contre 241 millions en 2007). Parallèlement, la contribution du pays à l'Agence spatiale européenne (ESA) atteindra 571,5 millions d'euros (contre 557 millions en 2007). Le financement des programmes nationaux continue également de progresser : 158 millions d'euros en 2006, 175 millions en 2007, 191,3 millions en 2008, et il pourrait atteindre les 200 millions d'euros en 2009. Ce montant se décompose en 111 millions destinés à financer la recherche et 80 millions réservés à des investissements. Les montants consacrés aux applications de défense (satellites de télécommunications sécurisées et d'observation) sont estimés à 50 millions d'euros. Au total, le budget spatial du pays pour 2008 est proche du milliard d'euros. L'espace est également une activité prioritaire du programme « High Tech » lancé par Berlin pour doper la R&D dans les entreprises et les universités. Selon les données officielles, sur un total de 15 milliards injectés dans ce poste sur quatre ans, 3,65 milliards seront orientés vers le spatial.

http://www.lesechos.fr/info/metiers/4664488.htm
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Socrates

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