ISS: bientôt la fin du monopole spatial de la Russie?
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http://fr.rian.ru/analysis/20080321/101955383.html
Le destin compliqué de la Station spatiale internationale (ISS) a connu un brusque tournant. Plus précisément, celui-ci aura lieu début avril, lorsque le Jules Verne, premier vaisseau cargo européen de la série ATV (Automated Transfer Vehicle), s'y arrimera.
Cette nouvelle page de l'histoire de la station pourrait considérablement changer la liste des protagonistes du projet ISS, la Russie risquant d'en disparaître.
En somme, le rôle de la Russie dans ce projet se divise nettement en un rôle émotionnel et un rôle matériel. Le premier est traditionnellement perçu par la société comme exceptionnel, pour plusieurs raisons, dont la principale est la primauté russe incontestable dans le développement de complexes orbitaux à longue durée d'exploitation. En outre, tout le monde a conscience qu'après la catastrophe de la navette Columbia, en février 2003, Roskosmos (Agence fédérale spatiale russe) a fait de son mieux, bien qu'en ayant fait cavalier seul, pour maintenir le complexe en régime habité, qui était le seul possible.
Cependant, les émotions sont une chose fugace et surtout momentanée. Par la suite, il n'en reste que des indices concrets de volumes, des kilowattheures, des canaux de télécommunication, etc.
Or, sur le plan matériel, la participation russe au programme ISS est, pour parler gentiment, loin d'être idéale et a même tendance à se réduire. A l'heure actuelle, le complexe international en orbite regroupe huit modules dont seulement trois (Zarya, Zvezda et le sas Pirs) sont russes. Qui plus est, le secteur russe de l'ISS souffre d'un énorme manque d'énergie à bord, les trois modules mentionnés ne produisant que 5 kilowatts d'énergie, confient les dirigeants du groupe Energuia, principale entreprise responsable de la partie russe du programme ISS. Or, pour pouvoir travailler comme il se doit, il faudrait au moins décupler l'alimentation en énergie!
Dans le même temps, la perspective d'augmenter considérablement l'approvisionnement en énergie du segment russe de la station est on ne peut plus vague. Selon les projets existants, deux modules énergétiques et de recherche russes seront mis en orbite en 2014 et en 2015 seulement. En attendant, Roskosmos est obligé d'acheter de l'électricité aux Américains au prix de 2.000 dollars le kilowatt ou bien de s'entendre sur des opérations de compensation. Et la situation ne fait que s'aggraver: selon le chef d'Energuia Vitali Lopota, le segment américain disposera d'ici 2009 de 100 kW d'électricité, alors que la Russie n'envisage que de monter à 7 d'ici 2011.
Jusqu'à récemment, la Russie possédait un seul mais puissant atout concernant l'ISS, à savoir la prestation de services de transport pour ses partenaires américains et européens. Si le programme ATV de l'Agence spatiale européenne (ASE) s'avère efficace, ce monopole russe en matière de transport sera réduit à néant. Certes, les Européens ne font pour l'instant que tester la variante cargo de leur nouveau système, mais il est difficile de douter de leur détermination à organiser des vols habités indépendants vers la station.
Dans ce contexte, il convient de mettre en avant la réaction de la NASA face aux réalisations européennes. Un article du Washington Post en date du 7 mars dernier évoque sans aucune gêne les tristes perspectives des Etats-Unis, qui risquent de se retrouver privés de vaisseaux habités d'ici 2010, après la désaffectation de la flotte de Space Shuttle (Navette spatiale américaine), autant dire qu'ils risquent d'être condamnés à utiliser les Soyouz russes qui achemineront les astronautes russes à bord de l'ISS. L'administrateur de la NASA Michael Griffin ne cache pas son désappointement quant aux frais de transport payés à la Russie, dont le bénéfice pourrait se chiffrer à environ 2 milliards de dollars sur la période 2009-2013.
Le Sénat américain considère ouvertement cette situation comme étant la pire de toutes.
La NASA nous donne l'impression de n'avoir pas cru, jusqu'au tout dernier moment, aux succès européens dans l'espace, et qu'une fois assurée de cette réalité, elle s'est mise à regretter d'avoir longtemps discriminé l'ASE en tant que partenaire du projet ISS. Rappelons que le module européen Columbus est resté bloqué à Cap Canaveral de mai 2006 jusqu'à sa mise en orbite par la navette Atlantis en février dernier.
Jean-Yves Le Gall, directeur général d'Arianespace, le plus important opérateur européen de systèmes de lancement, confie dans les colonnes du Washington Post que l'ASE envisage d'élargir considérablement son rôle dans le programme ISS. L'Union européenne se propose, selon lui, d'adopter en novembre prochain un programme de vols habités pour devenir ainsi un participant de plein droit au programme ISS.
Les Américains se rendent parfaitement compte des aspirations spatiales de l'Europe et se doivent de songer au choix d'un partenaire pour les études dans l'espace circumterrestre dans une perspective à court et à moyen terme. D'autant que l'ASE ne cache pas sa disposition à coopérer étroitement avec la NASA. Selon M. Le Gall, le domaine spatial européen pourrait se transformer en un élément décisif de la domination américano-européenne à bord de l'ISS. "Il faut seulement nous donner une chance", explique le directeur d'Arianespace.
Le destin compliqué de la Station spatiale internationale (ISS) a connu un brusque tournant. Plus précisément, celui-ci aura lieu début avril, lorsque le Jules Verne, premier vaisseau cargo européen de la série ATV (Automated Transfer Vehicle), s'y arrimera.
Cette nouvelle page de l'histoire de la station pourrait considérablement changer la liste des protagonistes du projet ISS, la Russie risquant d'en disparaître.
En somme, le rôle de la Russie dans ce projet se divise nettement en un rôle émotionnel et un rôle matériel. Le premier est traditionnellement perçu par la société comme exceptionnel, pour plusieurs raisons, dont la principale est la primauté russe incontestable dans le développement de complexes orbitaux à longue durée d'exploitation. En outre, tout le monde a conscience qu'après la catastrophe de la navette Columbia, en février 2003, Roskosmos (Agence fédérale spatiale russe) a fait de son mieux, bien qu'en ayant fait cavalier seul, pour maintenir le complexe en régime habité, qui était le seul possible.
Cependant, les émotions sont une chose fugace et surtout momentanée. Par la suite, il n'en reste que des indices concrets de volumes, des kilowattheures, des canaux de télécommunication, etc.
Or, sur le plan matériel, la participation russe au programme ISS est, pour parler gentiment, loin d'être idéale et a même tendance à se réduire. A l'heure actuelle, le complexe international en orbite regroupe huit modules dont seulement trois (Zarya, Zvezda et le sas Pirs) sont russes. Qui plus est, le secteur russe de l'ISS souffre d'un énorme manque d'énergie à bord, les trois modules mentionnés ne produisant que 5 kilowatts d'énergie, confient les dirigeants du groupe Energuia, principale entreprise responsable de la partie russe du programme ISS. Or, pour pouvoir travailler comme il se doit, il faudrait au moins décupler l'alimentation en énergie!
Dans le même temps, la perspective d'augmenter considérablement l'approvisionnement en énergie du segment russe de la station est on ne peut plus vague. Selon les projets existants, deux modules énergétiques et de recherche russes seront mis en orbite en 2014 et en 2015 seulement. En attendant, Roskosmos est obligé d'acheter de l'électricité aux Américains au prix de 2.000 dollars le kilowatt ou bien de s'entendre sur des opérations de compensation. Et la situation ne fait que s'aggraver: selon le chef d'Energuia Vitali Lopota, le segment américain disposera d'ici 2009 de 100 kW d'électricité, alors que la Russie n'envisage que de monter à 7 d'ici 2011.
Jusqu'à récemment, la Russie possédait un seul mais puissant atout concernant l'ISS, à savoir la prestation de services de transport pour ses partenaires américains et européens. Si le programme ATV de l'Agence spatiale européenne (ASE) s'avère efficace, ce monopole russe en matière de transport sera réduit à néant. Certes, les Européens ne font pour l'instant que tester la variante cargo de leur nouveau système, mais il est difficile de douter de leur détermination à organiser des vols habités indépendants vers la station.
Dans ce contexte, il convient de mettre en avant la réaction de la NASA face aux réalisations européennes. Un article du Washington Post en date du 7 mars dernier évoque sans aucune gêne les tristes perspectives des Etats-Unis, qui risquent de se retrouver privés de vaisseaux habités d'ici 2010, après la désaffectation de la flotte de Space Shuttle (Navette spatiale américaine), autant dire qu'ils risquent d'être condamnés à utiliser les Soyouz russes qui achemineront les astronautes russes à bord de l'ISS. L'administrateur de la NASA Michael Griffin ne cache pas son désappointement quant aux frais de transport payés à la Russie, dont le bénéfice pourrait se chiffrer à environ 2 milliards de dollars sur la période 2009-2013.
Le Sénat américain considère ouvertement cette situation comme étant la pire de toutes.
La NASA nous donne l'impression de n'avoir pas cru, jusqu'au tout dernier moment, aux succès européens dans l'espace, et qu'une fois assurée de cette réalité, elle s'est mise à regretter d'avoir longtemps discriminé l'ASE en tant que partenaire du projet ISS. Rappelons que le module européen Columbus est resté bloqué à Cap Canaveral de mai 2006 jusqu'à sa mise en orbite par la navette Atlantis en février dernier.
Jean-Yves Le Gall, directeur général d'Arianespace, le plus important opérateur européen de systèmes de lancement, confie dans les colonnes du Washington Post que l'ASE envisage d'élargir considérablement son rôle dans le programme ISS. L'Union européenne se propose, selon lui, d'adopter en novembre prochain un programme de vols habités pour devenir ainsi un participant de plein droit au programme ISS.
Les Américains se rendent parfaitement compte des aspirations spatiales de l'Europe et se doivent de songer au choix d'un partenaire pour les études dans l'espace circumterrestre dans une perspective à court et à moyen terme. D'autant que l'ASE ne cache pas sa disposition à coopérer étroitement avec la NASA. Selon M. Le Gall, le domaine spatial européen pourrait se transformer en un élément décisif de la domination américano-européenne à bord de l'ISS. "Il faut seulement nous donner une chance", explique le directeur d'Arianespace.
zx- Messages : 2650
Inscrit le : 02/12/2005
Age : 63
Localisation : Loir et Cher
mais il est difficile de douter de leur détermination à organiser des vols habités indépendants vers la station.
Vu de Russie, peut-être. Ici, en Europe, cette détermination est bien cachée...
L'Union européenne se propose, selon lui, d'adopter en novembre prochain un programme de vols habités pour devenir ainsi un participant de plein droit au programme ISS.
Classique. L'ABC de la politique. Avant une conférence importante ou des choix cruciaux seront faits, des "fuites" discrètes dans les médias pour "aider" les dirigeants à bien choisir.
Cordialement
Lunarjojo- Donateur
- Messages : 3318
Inscrit le : 03/01/2008
Age : 71
Localisation : Epinal
Je trouve cette article relativement injuste d'abord vis à vis de la Russie dont l'ISS n'aurait jamais vu le jour, sans sa participation, puis vis à vis de l'Europe qui a déjà prouvé ses possibilités spatiales à travers d'autres programmes (Ariane, Mars Express, Huygens, Spacelab ...).
Je ne crois pas que la NASA dénigre un jour la Russie dans le domaine.
Au sujet de l'Europe, tant que le budget sera aussi ridicule en comparaison à la puissance économique qu'elle représente, on avancera dans des délais très étendus.
Je ne crois pas que la NASA dénigre un jour la Russie dans le domaine.
Au sujet de l'Europe, tant que le budget sera aussi ridicule en comparaison à la puissance économique qu'elle représente, on avancera dans des délais très étendus.
Fabien- Messages : 6862
Inscrit le : 23/09/2005
Age : 46
Localisation : Paris (75)
Perso je vois pas en quoi la Russie perd tous ses monopoles. En 2010, soyouz sera le seul vaisseau habité... Un peu bizard comme article. Chacun y trouve un peu son compte dans l'ISS, c'est un projet international et chacun y amène ses pierre à sa construction et exploitation. C'est dommage que chacun fasse payer cher ses spécialités aux autres... on comprend après pourquoi on dit que l'ISS est un goufre à fric...
Autre choses, c'est quoi ces modules "énergétiques" que la Russie va lancer en 2014 et 2015 (date prévue de la fin de l'ISS)????
Autre choses, c'est quoi ces modules "énergétiques" que la Russie va lancer en 2014 et 2015 (date prévue de la fin de l'ISS)????
Dirk De Winne- Messages : 1396
Inscrit le : 14/08/2006
Age : 41
Localisation : Bruxelles
L'article vient encore de l'agence Novosti qui ne brille pas par ses opinions nuancées et bien informées. Ceci dit la remarque de lunarjojo est probablement très juste et s'applique bien à la Russie aussi: à la veille de décisions importantes concernant l'espace (Le conseil de Sécurité de la RF), ils poussent les dirigeants à stimuler le segment spatial: on ne va pas se plaindre.
A mon avis l'iss va durer facilement 10 ou 15 ans de plus selon son entretien.
Ma voiture était prévu pour 10 ans, elle en a 22, et j'ai passé mon CT.
Ma voiture était prévu pour 10 ans, elle en a 22, et j'ai passé mon CT.
zx- Messages : 2650
Inscrit le : 02/12/2005
Age : 63
Localisation : Loir et Cher
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