Juno - Mission en orbite jovienne

D'une distance de 2800 km :


NASA / JPL-Caltech / SwRI / MSSS / Kevin M. Gill

Absolument magnifique. Vivement la suite des images, à 1500 km du sol.

Oui, les images sont magnifiques ! 
Par contre je me pose une question à propos de la coloration de ces images : sont elles celles qui seraient perçus par des humains ( évidemment non daltoniens   ) qui seraient à bord de vaisseaux  spatiaux hypothétiques à proximité de Juno ? 
En tout cas cela paraît plus coloré que notre  satellite, la Lune !

Sur cette photo, en bas à droite, un lac de lave avec une ile en son milieu. IO est entièrement recouverte de volcans et de lave car les forces de marée de Jupiter étirent l'intérieur de la lune, la réchauffant jusqu'au point de fusion.

ce qui est merveilleux avec ces principales lunes, c'est qu'il n'y en a pas une qui se ressemble. Et c'est beau

Io est un vrai laboratoire à ciel ouvert.
La mission Io Volcano Observer (non sélectionnée) proposait un passage à 100 km du sol.

Mais les images de JUNO qui nous parviennent, nous consolent beaucoup.

Giwa a écrit:Oui, les images sont magnifiques ! 
Par contre je me pose une question à propos de la coloration de ces images : sont elles celles qui seraient perçus par des humains ( évidemment non daltoniens   ) qui seraient à bord de vaisseaux  spatiaux hypothétiques à proximité de Juno ? 
En tout cas cela paraît plus coloré que notre  satellite, la Lune !

Les images couleurs sont le résultat de la composition de trois prises à travers les filtres rouge, vert et bleu. Après, d'après ce que je pense comprendre le rendu final peut varier sensiblement d'un auteur à l'autre selon le dosage personnel de chacun des filtres, mais globalement pour Io, la dominante rouge-orangée s'impose vu sa composition de surface dominé par le soufre et le dioxyde de soufre provenant du volcanisme intense.

Pour l'histoire du dosage des filtres, le même problème existe depuis fort longtemps avec l'imagerie martienne prise au niveau du sol (Viking). Sur un autre forum, j'avais discuté avec une personne relativement connue dans le domaine et qui n'avait jamais voulu me donner sa recette précise pour faire péter le ciel martien d'un rouge écarlate ! Sur l'exemple d'images prisent par Opportunity depuis le flanc d'un cratère montrant le ciel sous angle élevé, celle du filtre bleu était fortement exposée contrairement à la rouge plutôt sombre. Malgré ça, le ciel martien restait toujours aussi rougeoyant pour la plupart des auteurs ! Comprends toujours pas !

Pour en revenir à Io, vous pouvez toujours vous amuser à jouer avec les filtres :

RED :


GREEN :


BLUE :


https://www.missionjuno.swri.edu/junocam/processing?source=junocam&phases[]=PERIJOVE+57

C

Gasgano a écrit:

Giwa a écrit:Oui, les images sont magnifiques ! 
Par contre je me pose une question à propos de la coloration de ces images : sont elles celles qui seraient perçus par des humains ( évidemment non daltoniens   ) qui seraient à bord de vaisseaux  spatiaux hypothétiques à proximité de Juno ? 
En tout cas cela paraît plus coloré que notre  satellite, la Lune !

Les images couleurs sont le résultat de la composition de trois prises à travers les filtres rouge, vert et bleu. Après, d'après ce que je pense comprendre le rendu final peut varier sensiblement d'un auteur à l'autre selon le dosage personnel de chacun des filtres, mais globalement pour Io, la dominante rouge-orangée s'impose vu sa composition de surface dominé par le soufre et le dioxyde de soufre provenant du volcanisme intense.

Pour l'histoire du dosage des filtres, le même problème existe depuis fort longtemps avec l'imagerie martienne prise au niveau du sol. Sur un autre forum, j'avais discuté avec une personne relativement connue dans le domaine et qui n'avais jamais voulu me donner sa recette précise pour faire péter le ciel martien d'un rouge écarlate ! Sur l'exemple d'images prisent par Opportunity depuis le flanc d'un cratère montrant le ciel sous angle élevé, celle du filtre bleu était fortement exposée contrairement à la rouge plutôt sombre. Malgré ça, le ciel martien restait toujours aussi rougeoyant pour la plupart des auteurs !

Merci de cette réponse ! Effectivement c’était important de souligner l’origine de cette dominante rouge-orangée provenant de composés soufrés
PS : par contre le dioxyde de soufre est un gaz incolore…mais bon il est facile à détecter par son odeur âcre…mais il ne vaut mieux pas le respirer trop longtemps 

Wakka a écrit:Sur cette photo, en bas à droite, un lac de lave avec une ile en son milieu. IO est entièrement recouverte de volcans et de lave car les forces de marée de Jupiter étirent l'intérieur de la lune, la réchauffant jusqu'au point de fusion.

C'est Loki Patera, une sorte de caldeira de plus de 200 km de diamètre que les Voyager avaient découvert.

https://planetarynames.wr.usgs.gov/Feature/3459

C'est quand même une sacrée belle lune.  Les reliefs abruptes de Io m'intriguaient.  il n'y a pas l'air d'avoir de chaînes de montagnes comme il en existe sur Terre mais plutôt des montagnes isolées parsemées ici et là dans de larges plaines.  J'ai trouvé un article intéressant datant de 2016 et qui dit que certaines d'entre-elles peuvent culminer jusqu'à 18 000 m d'altitude (2x l'Everest pour une lune qui fait à peine 1/4 de la taille de la Terre).  Cet article explique l'hypothèse la plus probable sur la formation de ces reliefs aussi tranchés.

Ça se passe là haut: Les montagnes étonnantes de Io mieux comprises (ca-se-passe-la-haut.fr)

@Yantar effectivement il doit y avoir des reliefs impressionnants sur cette lune. Bien sûr pour en savoir plus on aimerait bien qu’une astromobile s’y déplace…mais rien que pour le paysage qui doit y être fantastique se serait bien 🤩

Giwa a écrit:@Yantar effectivement il doit y avoir des reliefs impressionnants sur cette lune. Bien sûr pour en savoir plus on aimerait bien qu’une astromobile s’y déplace…mais rien que pour le paysage qui doit y être fantastique se serait bien 🤩

Déjà des survols en haute résolution, je serais super content.  Quand tu vois ce que Galileo nous offrait 

Je me demandais si les conditions à la surface de Io, notamment pression et température serait comparables à celle de Vénus.
Les quelques sondes russes qui avaient réussi - il y a bien longtemps - à se poser sur Venus n'avaient pas survécu longtemps.
Si on rajoute les propriétés de cette atmosphère (corrosive ?) ..... et celles de la résistance du sol avec des éjections de lave qui sont apparemment très fréquentes..... le parcours d'un rover automatique même avec une structure ultra-renforcée et des caméras adaptées, ne serait pas une partie de plaisir.

* PS : j'espère que le terme "astromobile" utilisé par Giwa pour obtenir une vue de près du paysage sur Io , ne sous entendait pas qu'on y aurait placé comme conducteurs/explorateurs des astronautes  
Quoique des volcanologues expérimentés seraient peut-être prêts à tenter l'aventure

montmein69 a écrit:
Je me demandais si les conditions à la surface de Io, notamment pression et température serait comparables à celle de Vénus.

Pour la pression, donc l'atmosphère entourant chaque corps, il suffit de regarder des photos : une surface masquée par une atmosphère opaque et des nuages d'un coté, une surface parfaitement visible de l'autre, cela n'a absolument rien de comparable.

Pour Vénus : P = 93 bars soit ~ 9,3 x 10⁶ Pa
Pour Io : P = 0,5 à 4 mPa soit ~ 0,5 à 4 x 10^-3 Pa
Une différence de 10 ordres de grandeur...

Pour la température : 467°C (740 K) pour Vénus et de -183°C (90 K) à -143°C (130 K) pour Io à l'écart des volcans. A nouveau, rien de comparable...

Chose faite Gasgano avec les filtres et ma tambouille sous Photoshop, curieusement les images R V B sont réduites par rapport à celle de Wakka (rapport d'un sur deux).

Image sans prétention bien sur mais avec une colorimétrie différente.

Zoom sur Dazhbog Patera.
118 km de diamètre.

Merci David L pour ce comparatif très éclairant 

Deux mondes dont les conditions sont assez hostiles à la présence humaine et difficiles à explorer au sol même avec des engins robotiques, mais avec des conditions "climatiques" qui n'ont en effet rien de similaire.

Merci aux sondes automatiques qui peuvent nous apporter des données et des images sur ces mondes. 

urizen a écrit:Chose faite Gasgano avec les filtres et ma tambouille sous Photoshop, curieusement les images R V B sont réduites par rapport à celle de Wakka (rapport d'un sur deux).

Image sans prétention bien sur mais avec une colorimétrie différente.

Bravo ! Beau boulot.   La colométrie est conforme à celle du site du SwRI.

Autrement, voilà des versions 1600 x 1600 pixels des filtres respectifs vert, rouge et bleu :

Merci pour les 1600 pixels et le commentaire.

Bon, je vais tester en 1600 pixels mais je ne vais pas vous inonder de mes images résultantes ;)

L'évolution de la partie de l'orbite de Juno proche du périjove :



A son arrivée dans le système jovien, Juno s'est placé sur une orbite avec une période de 54 jours. Le problème de propulsion de la sonde a empêché de réduire cette période à 14 jours. Ce sont alors plusieurs survols de satellites galiléens qui ont permis de la réduire :

- le survol de Ganymède en avril 2021 l'a fait passer de 54 à 43 jours,
- le survol d'Europe en septembre 2022 de 43 à 38 jours,
- ce survol d'Io du 30 décembre 2023 de 38 à 35 jours.

Le prochain survol d'Io, le 3 février 2024, permettra de réduire la période de 35 à 33 jours.

(source : @sado_kouta)

Yantar a écrit:C'est quand même une sacrée belle lune.  Les reliefs abruptes de Io m'intriguaient.  il n'y a pas l'air d'avoir de chaînes de montagnes comme il en existe sur Terre mais plutôt des montagnes isolées parsemées ici et là dans de larges plaines.  J'ai trouvé un article intéressant datant de 2016 et qui dit que certaines d'entre-elles peuvent culminer jusqu'à 18 000 m d'altitude (2x l'Everest pour une lune qui fait à peine 1/4 de la taille de la Terre).  Cet article explique l'hypothèse la plus probable sur la formation de ces reliefs aussi tranchés.

Ça se passe là haut: Les montagnes étonnantes de Io mieux comprises (ca-se-passe-la-haut.fr)

J'ignore quelle montagne précise culmine à 18 km, mais au moins un pic d'Hi'iaka Montes non loin de Hi-iaka Patera (la dépression irrégulière sombre, plus au Sud) a été évalué à 11 km d'après son ombre projetée bien visible sur cette image prise par l'orbiteur Galileo en nov. 1999 :


https://photojournal.jpl.nasa.gov/catalog/PIA02540
https://planetarynames.wr.usgs.gov/Feature/2527

montmein69 a écrit:Merci David L pour ce comparatif très éclairant 

Deux mondes dont les conditions sont assez hostiles à la présence humaine et difficiles à explorer au sol même avec des engins robotiques, mais avec des conditions "climatiques" qui n'ont en effet rien de similaire.

Merci aux sondes automatiques qui peuvent nous apporter des données et des images sur ces mondes. 

Concernant Io, j'ai bien peur qu'elle soit déclarée "planète interdite"  au moins pour l'humain, étant donné son niveau de radiation ionisante en surface très largement létal.
J'ai trouvé cette valeur de 3600 rems / jour où 36 Sieverts / jour quand je lis que 5 Sv est mortel à 50 % ce qui correspond à 3,33 h d'exposition sur Io !
A la surface d'Europe, c'est un peu mieux, on pourrait presque survivre une journée entière avec 540 rems / j ou 5,4 Sv / j.
Sinon, ça devient peut-être acceptable sur Ganymède avec seulement 8 rems / jour ...
Je ne pense pas qu'on puisse imaginer dans le futur des scaphandres qui y résistent quand on se souviens des "liquidateurs" de Tchernobyl avec leur plaque de plomb pour résister quelques minutes à des radiations beaucoup moins fortes. Même l'électronique d'un rover aurait bien du mal à le supporter. Aussi jusqu'à présent, pour cette raison, les sondes n'y font que de brèves incursions, pas même question d'y laisser un orbiteur, je pense  ...

https://www.quora.com/How-much-radiation-do-the-moons-of-Jupiter-receive


https://laradioactivite.com/questionsdoses/echelle_doses

Juno devait passer à 1505 km d'Io le 3 février 2024, avant de continuer à se rapprocher de Jupiter pour réaliser son 58^e passage au périjove.

Première image du survol du 3 février 2024 :