Fobos-Grunt - mission russe sur l'étude de Phobos

Petit article sur Phobos Grunt :

dimanche 20 aout 2006, 13h58
Un général russe à la recherche de la vie sur Mars
Par Dario THUBURN

KHIMKI (AFP) - Dans un discret bâtiment de la banlieue de Moscou, Gueorgui Polichtchouk, général soviétique à la retraite, prépare sa prochaine conquête galactique: trouver des signes de vie sur Mars.
A la tête du centre d’études spatiales Lavotchkine, ce général organise une mission non-habitée vers un satellite de la planète rouge, Phobos, fasciné comme de nombreux scientifiques par l'idée de la vie sur Mars.

"Nous devons mettre en évidence la vie et nous rendre compte si elle peut être maintenue. Phobos nous donnera ces réponses", assure-t-il, montrant sur une carte le voyage de trois ans que la sonde Phobos-Grunt devra effectuer, en recevant dans son centre autrefois classé top secret, à Khimki.
La Russie a lancé ce programme martien après l'annonce en 2004 des ambitions américaines de lancer une mission habitée sur la planète rouge, donnant ainsi un nouveau départ à une course aux étoiles née à l'époque de la Guerre froide.

Avec l'envoi en octobre 2009 de cette sonde, la Russie compte affirmer sa place de grande puissance spatiale.

L'expédition, financée à 75% par l'Etat russe, coûte "des milliards de dollars", explique le général Polichtchouk, se refusant à plus de précisions.

Composée de globes pesant au total huit tonnes et munie d'un système de forage pour prélever des échantillons de sol sur Phobos, la sonde aura également pour mission d'étudier l'origine des deux petites lunes de Mars ainsi que les variations climatiques saisonnières sur la planète.

Le système de Mars, appelé planète rouge en raison de l'oxyde de fer entrant en quantité importante dans la composition de son sol au relief torturé, est considéré comme très semblable à celui de la Terre.

"C'est une mission très difficile, une planète très difficile", reconnaît le général Polichtchouk, évoquant l'échec du robot géologue européen Beagle 2 en 2003, ainsi que le lancement raté de sa mission martienne en 1996.

Le centre Lavotchkine, ancienne gloire du programme spatial soviétique, où ont été mises au point les premières missions non-habitées vers la Lune, Mars et Vénus, a connu des jours difficiles dans les remous de la chute de l'URSS.

De 14.000 employés, les effectifs ont été réduits à 5.000 en raison des coupes budgétaires et d'investissements pour améliorer le matériel du centre.

Les salaires restent bas, comme dans l'ensemble du secteur public russe, à environ 15.000 roubles par mois (560 dollars, 430 euros). A peine plus que les vendeurs du magasin de meubles Ikea situé juste en face.

Mais cette entreprise d'Etat a été plutôt épargnée par la "fuite des cerveaux" qui a décimé d'autres secteurs de la recherche russe.

Le centre, également célèbre pour avoir construit des avions de chasse et des missiles, continue à mettre au point des technologies à usage militaire.

A la grande époque de la Guerre froide, il s'est distingué par plusieurs missions spatiales inédites.

Le 2 décembre 1971, la sonde Mars-3, un appareil en forme de champignon orné de la faucille et du marteau, devenait ainsi le premier véhicule à atterrir avec succès sur Mars, même si les Américains avaient envoyé une sonde à proximité.

C'est également ce centre qui a permis le premier alunissage en douceur d'une sonde, avec l'appareil Luna-9 en 1966. Venera-8, premier engin à évoluer sur le sol de Vénus, en 1972, sort également de ses laboratoires.

Loin de la course aux étoiles de la Guerre froide, le général Polichtchouk pense désormais en termes de coopération internationale.

Son centre a des contrats avec le Canada, la Chine, la France, l'Allemagne, l'Italie, et même les Etats-Unis.

Il travaille aussi à un projet international de construction d'un laboratoire sur la lune.

"La Chine et l'Inde sont dans la course à la lune, ils veulent rejoindre le club de ceux qui sont allés sur la Lune", dit le vieux général dans une grimace.

"Mais nous, nous y sommes déjà allés. Nous l'avons déjà vue", dit-il.

Une mission très ambitieuse, cependant :

- Une sonde de 8 t : c'est énorme, ce serait de loin la plus grosse sonde jamais lancée (au fait, ont-ils un lanceur qui permet d'expédier 8 t vers Mars d'un seul coup?). Alors que les russes n'ont jamais eu beaucoup de succès vers Mars, avec des missions bien plus simples
- Des milliards de dollars : est-ce bien raisonnable, alors qu'ils ont tant de mal à financer l'évolution de leur vaisseau habité, par exemple ?

On attend avec impatience le décollage de la fusée...

Peut etre un simple effet d'annonce ! Le délais partait très cours pour une mission de ce type.

Mouais. Ils feraient mieux de lancer un Phobos 3, avant de se risquer dans une telle mission.

lot51 a écrit:Peut etre un simple effet d'annonce !

Non, non! Là, c'est vraiment un projet très sérieux. IL remonte au début des années 1990, mais aucun financement n'avait jamais été trouvé. Et depuis quelques années, on en entendait de plus en plus parler, et l'anéne dernière le gouvernement a décidé de l'intégrer au programme spatial fédéral (FKP) 2006-2015... Cela signifie qu'il y a un financement...

Alors, certes, on ne peut jamais prédire à l'avance si un projet va ou non aboutir, mais disons que celui-là est très bien parti!...

Nicolas

["nikolai39"]

Alors, certes, on ne peut jamais prédire à l'avance si un projet va ou non aboutir, mais disons que celui-là est très bien parti!...

Les études sont sérieuses. Une video de la mission (on espere un resume du commentaire par ceux qui comprennent le russe)
Le lanceur prévu est une Soyuz avec etage Fregat

http://restart.roscosmos.ru/Media/FOBOS2.wmv


Pour ce qui est de l'avancement du projet.... difficile de savoir à quelle hauteur c'est financé

info datée d'octobre 2005 (sur un forum americain)

Overall budget for 10 years is about $11bn.
$2.5bn of it is dedicated to the ISS.
$60mln - ISS retranslation sattelites.
$350mln - Kliper.
$500mln - unidentified Moon & Mars hardware and research.
$100mln - science probes (phobos-grunt and others).

et quelle est l'avancement du travail sur la sonde

Un petit article de l'ESA (pas récent non plus) :

http://www.esa.int/SPECIALS/ESA_Permanent_Mission_in_Russia/SEMIJFW4QWD_0.html

montmein69 a écrit: par ceux qui comprennent le russe)

Comme ils sont chanceux...

montmein69 a écrit:
Un petit article de l'ESA (pas récent non plus) :
http://www.esa.int/SPECIALS/ESA_Permanent_Mission_in_Russia/SEMIJFW4QWD_0.html

Cet article mentionne le lancement au moyen d'une Semiorka-Fregat. Ca m'étonnerais bien étant donné la masse prévue pour le vaisseau. Je verrais plus une Proton.

Blink / Pamplemousse a écrit:Je verrais plus une Proton.

La Proton-K peut balancer 6 t sur une trajectoire interplanétaire... Donc la Proton-M ne doit pas être loin des 8 t...

["nikolai39"]

["Blink / Pamplemousse"]Je verrais plus une Proton.

La Proton-K peut balancer 6 t sur une trajectoire interplanétaire... Donc la Proton-M ne doit pas être loin des 8 t...

J'ai retrouvé l'article dans sa version originale :

http://news.yahoo.com/s/afp/20060819/sc_afp/russiascienceindustryspacemars

Le commentaire du général russe sur le coût "several billion dollars" me parait se référer au coût des missions lunaires humaines annoncée par les américains :

Russia dusted off exploration plans after US
President George W. Bush unveiled an ambitious programme in 2004 to return to the Moon and launch a manned mission to Mars.

Such missions cost "several billion dollars," Polishchuk said. The programme will be funded 75 percent by the Russian state and 25 percent by selling off spare room on board to other space agencies.

Ce qui sous-entendrait : on fait une mission intéressante avec des moyens bien plus restreints (et serait compatible avec le budget que j'ai indiqué dans un précédent post)

Pour la masse annoncée de 8t ... je m'interroge

"It weighs a total of around eight tonnes."
S'agit-il bien de metric tons ? Le système impérial est assez déroutant ...

DAns ce document la contrainte d'utiliser une Soyouz-Fregat est clairement indiquée .... il faudra peut-être une cure d'amaigrissement de la sonde ...

http://tinyurl.com/g6nrb


:scratch:

Je viens de me souvenir que la sonde est équipée d'une propulsion plasmique, ce qui peut expliquer qu'on peut envoyer avec un lanceur donné une sonde de masse plus importante que si tout était fait en propulsion chimique.

A+

Voilà l'explication des 8 tonnes : en réalité, l'étage Fregat fait partie de la sonde.

["nikolai39"]Voilà l'explication des 8 tonnes : en réalité, l'étage Fregat fait partie de la sonde.

Où as-tu trouvé l'info ?

Le fait qu'il y ait une propulsion plasmique ne doit pas avoir AMHA d'influence sur la masse totale de la sonde. Par contre le moteur est peut-être moins lourd, idem pour la masse de carburant ...donc possibilité d'un lander plus gros, mieux equipé en instruments sans changer la masse totale limitée par le lanceur utilisé)

montmein69 a écrit:Où as-tu trouvé l'info ?

Ben dans la vidéo que tu as indiqué plus haut !

De plus, le site de la NPO Lavotchkine a un petit dossier sur le sujet...

http://www.laspace.ru/rus/phobos.php

Moi je me demande tout simplement pourquoi les russes ont toujours autant été attirés vers Phobos (et Deimos aussi un peu d'ailleurs) alors que les américains très peu.
Quel intérêt d'aller voir Phobos et s'y poser alors qu'il est plus simple d'orbiter autour de Mars pour l'observer, qu'apparemment les lunes n'ont rien d'extraordinaires, et qu'avec une telle masse il y aurait peut-être beaucoup plus à tout miser sur Mars directement ?

Space Opera a écrit:Moi je me demande tout simplement pourquoi les russes ont toujours autant été attirés vers Phobos (et Deimos aussi un peu d'ailleurs) alors que les américains très peu.
Quel intérêt d'aller voir Phobos et s'y poser alors qu'il est plus simple d'orbiter autour de Mars pour l'observer, qu'apparemment les lunes n'ont rien d'extraordinaires, et qu'avec une telle masse il y aurait peut-être beaucoup plus à tout miser sur Mars directement ?

Je ne sais pas si c'est la raison officielle, mais si ces cailloux sont formés de glace proche de la surface et facilement exploitable, il me semble que celà présente un intérêt considérable pour de futurs vols habités.

A+

Space Opera a écrit:Moi je me demande tout simplement pourquoi les russes ont toujours autant été attirés vers Phobos (et Deimos aussi un peu d'ailleurs) alors que les américains très peu.
Quel intérêt d'aller voir Phobos et s'y poser alors qu'il est plus simple d'orbiter autour de Mars pour l'observer, qu'apparemment les lunes n'ont rien d'extraordinaires, et qu'avec une telle masse il y aurait peut-être beaucoup plus à tout miser sur Mars directement ?

D'un point de vue energetique Phobos est l'un des corps celestes desqueles il est plus facile de returner des echantillons sur la Terre. En plus, sa surface devrait avoir accumulé beaucoup de matière martienne.
Il n'est pas vrai que les americains ne sont pas interessés à Phobos. Il y avait une mission Discovery (Aladdin) proposé il y a quelques ans qui devait returner des echantillons de Phobos et Deimos

Roskosmos a publié un article intitulé "Ce que nous cherchons sur Phobos".

http://www.federalspace.ru/Doc1Show.asp?DocID=16

["nikolai39"]

["montmein69"]Où as-tu trouvé l'info ?

Ben dans la vidéo que tu as indiqué plus haut !

Ben oui ..mais alors .... il faut comprendre le russe ...
(tu as des gènes linguistiques familiaux ou tu as pris LV2 au Lycée ? :ven: )

Ni l'un ni l'autre... J'ai pris LV3!... :)

nikolai39 a écrit:Ni l'un ni l'autre... J'ai pris LV3!... :)

Quelle chance... Ah... (long soupir).

montmein69 a écrit:
http://restart.roscosmos.ru/Media/FOBOS2.wmv

Je n'arrive plus à charger la video. Quelqu'un pourrait-il me l'envoyer ?
Merci d'avance.

La Chine annonce qu'une coopération se mettrait en place, du moins un satellite chinois ferait partie du voyage en utilisant le même lanceur que celui de Phobos Explorer

http://fr.news.yahoo.com/28032007/202/espace-la-chine-et-la-russie-vont-explorer-mars-ensemble.html

A la lecture du communiqué ci-dessous, c'est plus une place à bord du lanceur qu'une vraie coopération à la mission Phobos

http://tinyurl.com/3xa9zs

Il serait intéressant de savoir si la russie laisse la porte ouverte à d'autres (ESA ?) pour la mission Phobos elle-même. Un retour d'échantillon martien (fussent-ils d'une de ses lunes) serait une grande première.

La mission Phobos-Grunt est réellement excitante (comme l'ont été les sondes Phobos 1&2), mais j'ai peur que ça soit relativement ambitieux au vue du passé des russes envers la planète rouge.
Cette mission reste une mission exceptionnelle, peut-être la mission automatique la plus osée et la plus complexe qu'il y ait jamais eu à ce jour. Elle m'excite en tout cas plus que les MERs, qui sont pourtant le symbôle de l'exploration. Les russes, s'ils réussissent cet exploit, se ramène en fanfare sur les toutes premières marches du podium de l'exploration robotisée. L'europe a récemment eu son heure de gloire avec Huygens, la NASA nous innonde de ses photos, la russie a largement sa place si elle réussit cette gageure.

Je remonte volontairement le sujet pour savoir si l'on a des nouvelles de cette sonde qui me passionne par sa complexité :) ?

Cela ne communique pas beaucoup au sujet de cette mission ce qui est bien dommage.
Voici ce que j'ai trouvé de plus récent :

On April 5, 2007, Chief Designer Council of the Phobos-Grunt held a meeting chared by the head of NPO Lavochkin G. M. Polyshuk. It was attended by representatives of the Russian space agency, Roskosmos, Space Research Institute, IKI RAN and various sub-contractors invloved in the project. Igor Goroshkov, the chief designer of the project, along with a number of other developers reported on the state of the spacecraft. At the time, another key meeting, cosnidering the status of the ground control segment of the Phobos-Grunt project was planned for May 2007.

Also, during 2007, reports surfaced about the possibility of using Phobos-Grunt, as a data-relay satellite for the European ExoMars rover, which was expected to land on the surface of Mars.

d'après
http://www.russianspaceweb.com/spacecraft_planetary_mars.html

La dernière indication est intéressante même si c'est HS pour ce FIL. L'orbiter russe s'il est bien en poste au moment de l'arrivée d'ExoMars sera plus récent que les orbiters américains ou Mars Express.