[SpaceX] Avenir, perspectives et opinions (4/4)

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On dirait bien que Elon Musk envisage toujours un lanceur de 18 mètres de large pour l'avenir du programme...


J-B

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Le gouverneur de Californie, Gavin Newsom, s'est rangé du côté d'Elon Musk contre le vote de la Commission côtière de Californie qui s'oppose à l'augmentation des vols de SpaceX sur la base spatiale de Vandenberg. 

Le gouverneur démocrate a déclaré qu'il soutient Elon Musk dans ce conflit et qu'il soutient sa plainte contre la commission. Il explique que les positions politiques d'Elon Musk ne sont pas sa tasse de thé mais qu'il n'a pas aimé la position de la commission qui justifie son refus par des motifs politique.
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https://spacenews.com/spacex-secures-new-contracts-worth-733-5-million-for-national-security-space-missions/

SpaceX a obtenu des contrats pour huit lancements dans le cadre du programme National Security Space Launch (NSSL) Phase 3 Lane 1, a annoncé le 18 octobre le Space Systems Command de l'armée de l'espace américaine.

Les contrats, d'une valeur de 733,5 millions de dollars, couvrent sept missions pour l'Agence de développement spatial (SDA) et une pour le Bureau national de reconnaissance (NRO), dont le lancement est prévu en 2026. Ils s'inscrivent dans le cadre de la phase 3 de la NSSL, qui consiste à fournir des services de lancement aux agences américaines de défense et de renseignement.
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Petite précision pour le post précédent, SpaceX était en compétition avec ULA pour chaque contrat, SpaceX a gagné les 8 contrats et ULA 0.
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J-B a écrit:
On dirait bien que Elon Musk envisage toujours un lanceur de 18 mètres de large pour l'avenir du programme...

Alors que les dernières versions du Raptor se rapprochent des limites de ce que la physique permet (température, pression, résistance des matériaux), une question se pose : s’agirait-il d’équiper ce lanceur de 18 mètres de diamètre de centaines de Raptors, ou avec des moteurs de plus grande taille dont la mise au point serait un préalable ?

Qu’est-ce qui serait le plus performant ? Mais aussi qu’est-ce qui serait le plus industrialisable, le plus économique au regard de la chaîne de production ?

Un tel lanceur éviterait-il les ravitaillements en vol et le rattrapage entre les pinces d’une tour ? Quelle pourrait être sa hauteur ?

De tels sujets sont-ils problématisables par les experts, peut-on, au regard de la physique et de l’économie, indiquer les avantages et inconvénients de chaque scénario ?
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Pour un lanceur de 18 m tout est à refaire, tour, table, ferme à ergol. Les moteurs, de toute façon, seront à la limite et le nombre qu'il faudrait ... au moins une centaine pour le premier étage, gérable ???
AMHA, mieux vaut en créer de nouveaux,certes c'est beaucoup de travail et de temps, mais ça en vaut la peine !
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Anovel
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Je redis un point que je vois critique pour un lanceur de 18 m de diamètre, c'est d'où le faire décoller pendant son développement.
Car on double le diamètre par rapport à un Starship, or ce dernier pose déjà des soucis vis-à-vis de ses licences de vol.
Le seul projet comparable qui me vienne en tête ce fut le Sea Dragon avec son décollage en pleine mer.
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Euh, ne nous enflammons pas trop sur ce Starship de 18 m.
L'actuel à 9 m n'est pas encore opérationnel et est encore en cours de développement.
Ce sera lui le cheval de bataille de SpaceX pour un bon moment.
Pour moi, ce Starship 2 à 18 m, c'est un sujet pour au-delà de 2035, voir 2040.
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Nous sommes ici sur un fil concernant SpaceX et l’avenir.

Or, 2035, 2040, cela viendra vite, très vite !

Dans les travaux administratifs de l’Etat en France, les exercices de prospective prennent désormais régulièrement pour cible 2050.

Bon, je sais ce qui va m’être répondu : commençons par faire des prévisions budgétaires correctes à l’horizon de trois mois, et ce n’est pas faux. FB_rire2

A une époque, on a su faire un peu mieux.

Mais ce n’est pas le sujet. Fin de la parenthèse.
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Trois barges peuvent prendre en charge plus de 200 lancements de Falcon si l'on y ajoute des missions RTLS de temps à autre. Cette année, l'équipe a démontré que la durée du cycle d'atterrissage à atterrissage était de 4,5 jours. Si l'on suppose 5 jours d'atterrissage à atterrissage pour ajouter un peu de marge, on obtient encore... 365/5 x 3 = 219 missions ! 

Il s'agit d'un plan fragile qui repose sur très peu de temps d'arrêt imprévus, mais c'est possible. Il y a certainement beaucoup plus de jus à tirer de nos navires actuels !
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ndiver a écrit:Je redis un point que je vois critique pour un lanceur de 18 m de diamètre, c'est d'où le faire décoller pendant son développement.
Car on double le diamètre par rapport à un Starship, or ce dernier pose déjà des soucis vis-à-vis de ses licences de vol.
Le seul projet comparable qui me vienne en tête ce fut le Sea Dragon avec son décollage en pleine mer.
Il y a eu déjà des propositions de plateformes en mer pour le Starship, voir pour le futur développement d'un port spatial sur une île.
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Anovel
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Anovel a écrit:
ndiver a écrit:Je redis un point que je vois critique pour un lanceur de 18 m de diamètre, c'est d'où le faire décoller pendant son développement.
Car on double le diamètre par rapport à un Starship, or ce dernier pose déjà des soucis vis-à-vis de ses licences de vol.
Le seul projet comparable qui me vienne en tête ce fut le Sea Dragon avec son décollage en pleine mer.
Il y a eu déjà des propositions de plateformes en mer pour le Starship, voir pour le futur développement d'un port spatial sur une île.


En fait, le vaisseau de 18 mètres de diamètre pourrait être un Starship géant... sans Super Heavy !

Ce qui est possible s'il ne décolle que de la Lune et de Mars, et s'il est assemblé sur la Lune (ou dans l'espace) à partir de pièces détachées apportées de la Terre par des Starships "traditionnels" de 9 mètres de diamètre.

Cela vaudrait peut-être mieux pour l'impact environnemental.

Ce vaisseau de 18 mètres de diamètre serait intéressant pour assurer le confort des voyageurs à destination de Mars. Il pourrait avoir des parois plus épaisses pour protéger contre les rayonnements et les micro météorites. Le Starship actuel de 9 mètres nous semble énorme, mais pour une traversée de 6 mois, même si l'on ne sélectionne pas de personnes claustrophobes pour coloniser Mars, il est bien exigu.

Mais je ne crois pas que l'on puisse produire du méthane sur la Lune, et il n'est probablement pas pertinent de le faire venir de la Terre. Le méthane pourrait donc venir... de Mars. Les colons et leurs vivres ne faisant qu'un aller simple, le Starship géant de 18 mètres de diamètre effectuerait le voyage retour de Mars vers la Lune avec, dans sa partie supérieure, des réservoirs supplémentaires remplis de méthane pour la traversée suivante.

Pour l'envoi du matériel vers Mars, le Starship v3 de 9 mètres, réapprovisionné à plusieurs reprises en ergols autour de la Terre, me paraît suffisant.
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PierredeSedna a écrit:
En fait, le vaisseau de 18 mètres de diamètre pourrait être un Starship géant... sans Super Heavy !

Ce qui est possible s'il ne décolle que de la Lune et de Mars, et s'il est assemblé sur la Lune (ou dans l'espace) à partir de pièces détachées apportées de la Terre par des Starships "traditionnels" de 9 mètres de diamètre.

Cela vaudrait peut-être mieux pour l'impact environnemental.

Ce vaisseau de 18 mètres de diamètre serait intéressant pour assurer le confort des voyageurs à destination de Mars. Il pourrait avoir des parois plus épaisses pour protéger contre les rayonnements et les micro météorites. Le Starship actuel de 9 mètres nous semble énorme, mais pour une traversée de 6 mois, même si l'on ne sélectionne pas de personnes claustrophobes pour coloniser Mars, il est bien exigu.

Mais je ne crois pas que l'on puisse produire du méthane sur la Lune, et il n'est probablement pas pertinent de le faire venir de la Terre. Le méthane pourrait donc venir... de Mars. Les colons et leurs vivres ne faisant qu'un aller simple, le Starship géant de 18 mètres de diamètre effectuerait le voyage retour de Mars vers la Lune avec, dans sa partie supérieure, des réservoirs supplémentaires remplis de méthane pour la traversée suivante.

Pour l'envoi du matériel vers Mars, le Starship v3 de 9 mètres, réapprovisionné à plusieurs reprises en ergols autour de la Terre, me paraît suffisant.
C'est pas bête, et en plus juste le Starship peut décoller directement de Mars en SST0 et même pas besoin de super Raptor mais juste des Raptor Vacuum.
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Anovel
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Anovel a écrit:C'est pas bête, et en plus juste le Starship peut décoller directement de Mars en SST0 et même pas besoin de super Raptor mais juste des Raptor Vacuum.
Pour donner un ordre de grandeur.
Supposons que ce Starship à 18m (appelons-le Starship 2 par simplicité) ait les mêmes proportions que l'actuel (Starship 1).
Il ferait 18m de large et 240m de haut. Son volume serait 8 fois plus grand. Sa masse serait de l'ordre de 40 000 tonnes.

Au départ de Mars, il faut un delta-v de l'ordre de 7000 m/s pour en décoller et se mettre sur une trajectoire de retour vers la Terre.
Avec une ISP de 380s (raptor vac), ceci donne une masse sèche aux approches de la Terre de l'ordre de 15% de la masse de départ de Mars.
Soit une masse de 6 000 tonnes, à répartir entre la structure du vaisseau et la charge utile.
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Je pense que si colonisation de Mars il doit avoir, nous aurons "très vite" des convoyeurs d'une orbite à l'autre avec des moteurs électriques (nucléaire, solaire,...) en effet il n'y a aucun intérêt technique à transporter de l'orbite au sol des protections thermiques, des structures capables d'encaisser les efforts au lancement , les panneaux solaires et autres protections des radiations.
De plus, cela représente un investissement financier massif, au coût de la protection thermique réutilisable, je ne vois pas l'intérêt de l'utiliser que une fois tout les 18Mois. Il faudra la rentabiliser au maximum, en l'utilisant tout les jours et en laissant des gros cargos à faibles structures, faible protection thermique mais avec des bons moteurs et capacité énergétique faire les trajets longs.

Quand on prend l'avion, on embarque pas la passerelle d'aéroport à l'autre bout du trajet. Se sera pareil en interplanétaire.

In fine, tout cela pour dire que SpaceX devrait plutôt bosser sur un convoyeur interplanétaire que sur un starship de 18m de diametre.
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Outan a écrit:Je pense que si colonisation de Mars il doit avoir, nous aurons "très vite" des convoyeurs d'une orbite à l'autre avec des moteurs électriques (nucléaire,  solaire,...) en effet il n'y a aucun intérêt technique à transporter de l'orbite au sol des protections thermiques,  des structures capables d'encaisser les efforts au lancement , les panneaux solaires et autres protections des radiations.
De plus, cela représente un investissement financier massif, au coût de la protection thermique réutilisable,  je ne vois pas l'intérêt de l'utiliser que une fois tout les 18Mois. Il faudra la rentabiliser au maximum,  en l'utilisant tout les jours et en laissant des gros cargos à faibles structures,  faible protection thermique mais avec des bons moteurs et capacité énergétique faire les trajets longs.

Quand on prend l'avion,  on embarque pas la passerelle d'aéroport à l'autre bout du trajet. Se sera pareil en interplanétaire.

In fine, tout cela pour dire que SpaceX devrait plutôt bosser sur un convoyeur interplanétaire que sur un starship de 18m de diametre.
Buzz Aldrin y a déjà pensé avec son Cycleur ! Mais dans un premier temps, ce peut être ce Starship de 18 m de diamètre qui pourrait servir comme Cycleur ou convoyeur en utilisan une propulsion chimique au méthalox provenant tout d’abord de la Terre ,puis plus tard de Mars
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Giwa
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Sauf que je vois un petit problème : pour avoir des cycleurs ou convoyeurs vers Mars, alors il faut avoir l'engin capable de faire Mars Low Orbit <-> surface sans avoir à dépendre de ces derniers. Et pour cela il faut produire du carburant directement sur Mars.
Ce qui signifie un début d'économie interplanétaire.
Or la vision de Musk avec ses starships c'est je suppose l'étape précédente, celle de la colonisation.

Autre point : le problème qui m'a toujours dérangé avec les cyclers, c'est que de part leurs orbites, ils arrivent à grande vitesse à proximité des corps célestes qu'ils visitent.
Or pour rejoindre le cycler et récupérer sa marchandise, il faut se mettre à sa vitesse au moment où il approche du corps celeste, puis ralentir de cette même vitesse élevée. Ce qui requiert une grosse quantité de carburant pour un si petit trajet (beauté de la mécanique orbitale).
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ndiver a écrit:Sauf que je vois un petit problème : pour avoir des cycleurs ou convoyeurs vers Mars, alors il faut avoir l'engin capable de faire Mars Low Orbit <-> surface. Et pour cela il faut produire du carburant directement sur Mars.
Ce qui signifie un début d'économie interplanétaire.
Or la vision de Musk avec ses starships c'est je suppose l'étape précédente, celle de la colonisation.
A savoir si la production de méthane et de d’oxygène  liquides ne puissent être entièrement automatisés et robotisés  à partir des ressources en dioxyde de carbone et de glace d’eau de Mars 

Parfois je me demande si cela ne trotte pas dans la tête d’Elon avec une avant garde de robots sur Mars  avant les humains…. Ces robots qu’il met au point, est-ce juste pour servir des cocktails pour les réceptions mondaines ????


Dernière édition par Giwa le Lun 21 Oct 2024 - 8:34, édité 1 fois
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Giwa
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Outan a écrit:Je pense que si colonisation de Mars il doit avoir, nous aurons "très vite" des convoyeurs d'une orbite à l'autre avec des moteurs électriques (nucléaire,  solaire,...) en effet il n'y a aucun intérêt technique à transporter de l'orbite au sol des protections thermiques,  des structures capables d'encaisser les efforts au lancement , les panneaux solaires et autres protections des radiations.
De plus, cela représente un investissement financier massif, au coût de la protection thermique réutilisable,  je ne vois pas l'intérêt de l'utiliser que une fois tout les 18Mois. Il faudra la rentabiliser au maximum,  en l'utilisant tout les jours et en laissant des gros cargos à faibles structures,  faible protection thermique mais avec des bons moteurs et capacité énergétique faire les trajets longs.

Quand on prend l'avion,  on embarque pas la passerelle d'aéroport à l'autre bout du trajet. Se sera pareil en interplanétaire.

In fine, tout cela pour dire que SpaceX devrait plutôt bosser sur un convoyeur interplanétaire que sur un starship de 18m de diametre.


1 - Il y a sept ans, la question principale que suscitait l'irruption de SpaceX sur la scène spatiale mondiale était celle de la réutilisation. La plupart des observateurs, sceptiques, expliquaient alors que la remise en état des étages de fusée était trop longue, trop coûteuse, et que de toute façon, la réutilisation ne pourrait jamais devenir rentable parce que les lancements n'étaient pas assez nombreux ; on nous disait que l'échec de la navette américaine, de la navette Bourane russe, que l'abandon d'Hermès et que le désintérêt des Russes confirmaient que la réutilisation des fusées était une idée vieillotte des années 70-80, à laquelle il fallait définitivement tourner le dos ; on nous disait que la fusée consommable Ariane était la meilleure du monde, que tous ses concurrents s'étaient cassé les dents et qu'il en irait de même pour SpaceX, que la réutilisation ne changerait rien au problème. 

Mais aujourd'hui, alors que SpaceX a démontré sa capacité à effectuer, grâce à la réutilisation de ses fusées, plus de cent lancements par an, y compris au bénéfice de clients institutionnels européens, l'opinion dominante a changé, et beaucoup d'acteurs, Américains, Chinois, Européens, essaient à leur tour de se lancer dans la réutilisation. Tous n'y parviendront pas, mais on présume désormais que ceux qui maîtriseront les techniques de la réutilisation des fusées auront une longueur d'avance sur ceux dont les fusées resteront consommables.

2 - L'Histoire ayant quasiment tranché en faveur de la fusée réutilisable, le débat s'est donc déplacé. Ceux qui regrettent le bon vieux temps où la ferraille des étages de fusée n'ayant volé qu'une fois s'accumulait au fond des océans s'avancent maintenant masqués et s'en prennent indirectement à la réutilisation en mettant en cause les perturbations qu'apporteraient prétendument les constellations satellitaires en orbite basse à la pureté de nos nuits et à l'équilibre des écosystèmes. Cette controverse n'est pas porteuse de progrès, celui-ci ne pouvant venir que des améliorations techniques déjà bien engagées pour réduire les nuisances des constellations, mais sans entraver leur développement.

3 - La grande question qui déterminera l'avenir de l'astronautique est donc à mon avis celle que soulève @Outan dans son post : faut-il différencier les véhicules spatiaux en fonction des environnements dans lesquels ils évoluent (l'espace profond, les rentrées atmosphériques, les atterrissages et décollages depuis des astres dépourvus d'atmosphère tels que la Lune) ou faut-il parier sur la mise au point d'une sorte de couteau suisse, sur une fusée généraliste qui serait capable de tout faire ? Clairement, SpaceX a fait ce choix d'une fusée généraliste, le Starship, avec certes quelques variantes, mais ne remettant pas en cause l'architecture principale.

SpaceX a un excellent argument : l'unicité de l'architecture permet de concentrer les efforts sur des défis ambitieux, mais en nombre limité, et d'arriver plus vite à l'étape de la production industrielle en série qui permet de réduire considérablement les coûts.

Pour autant, il faut bien reconnaître que sur ce sujet, il n'est pas encore totalement prouvé que la voie choisie par SpaceX est la meilleure. Le programme Starship progresse, et va probablement permettre la mise sur orbite de charges utiles de masse importante à un rythme élevé. Le retour sur investissement sera rapide : les coûts de mise en place et de renouvellement des constellations vont baisser. 

C'est alors que se posera la question du type de véhicule à utiliser pour des voyages habités dans l'espace profond. Et à ce stade, l'architecture du Starship pourra être un obstacle, par exemple, à l'utilisation de la propulsion nucléaire ou à l'optimisation des volumes pour le bien-être des équipages. La réussite, qui n'est pas encore acquise, mais qui devient probable, du Starship en tant que véhicule assurant la navette entre la Terre et les orbites circumterrestres, ne vaudra en rien démonstration de sa pertinence pour le voyage Terre-Mars. 

Aller vers Mars, ce n'est pas prolonger un voyage entre le sol et l'orbite, c'est faire totalement autre chose. L'argument principal en faveur du Starship, c'est celui de la simplicité. A contrario, le recours à un véhicule de type station spatiale pour des trajectoires interplanétaires obligerait, en tout cas pour les premiers vols, à emporter aussi dans le train spatial un module de descente sur le sol Mars. Tandis que le Starship est censé avoir des capacités pour les trois étapes, les trajets Terre/orbite et retour, le vol  en espace profond, et les trajets orbite martienne/ sol de Mars et retour. Le souci de minimiser la masse plaide en faveur d'un véhicule unique. Mais est-ce réalisable en l'état actuel des technologies ? Le concept de Starship pour l'exploration de Mars n'est-il pas en avance sur notre époque ? Pourrait-on arriver plus rapidement sur Mars en adoptant des solutions plus pragmatiques ?

4 - Il y a, dans le choix de l'architecture Starship, une dimension d'ordre idéologique, voire psychanalytique. Jusqu'à l'expression de son soutien à la candidature de Trump à la Maison-Blanche, Musk était un libéral, voire un libertarien. Musk a changé, mais il est resté individualiste, et même ultra-individualiste. Le Starship, pour les lecteurs de science-fiction dont Musk fait partie, c'est l'équivalent spatial de la voiture, véhicule qui permet d'aller partout, et qui à ce titre est un symbole de liberté individuelle. Je n'ai jamais vu de photo d'Elon Musk dans un train, il ne supporterait ni les horaires ni la restriction de liberté que symbolisent les rails. 

L'espace vie des astronautes dans le Starship est une sorte d'utérus maternel qui assure la protection à toutes les étapes du vol Terre-Mars-Terre. On ne change pas de véhicule pendant toute l'aventure. Parce que dans la logique de SpaceX, le lien entre l'astronaute et son vaisseau est affectif et puissant ; comme sur les routes de la Terre, le lien entre le conducteur et sa bagnole ; comme le lien, dans la Guerre des Etoiles, entre Han Solo et son Faucon Millenium.

Il y a, dans la manière de fonctionner d'Elon Musk, un mélange de génie et de puérilité qui est parfois déroutant.

Y a-t-il un danger à fonder un choix d'architecture spatiale en partie sur des arguments idéologiques, ou à se laisser influencer par les forces de l'inconscient pour prendre des décisions industrielles ? Cela permet, certes, de populariser une vision, d'utiliser des leviers pour mobiliser des partisans et des soutiens, pour obtenir des financements. Mais le décideur lui-même doit être attentif à ne pas se laisser piéger par sa subjectivité.

5 - Une certaine philosophie de la liberté et de la volonté peut cependant aider à accepter l'irruption de l'irrationnel dans la stratégie d'une grande entreprise : le choix de l'architecture Starship n'est peut-être pas le plus simple, mais c'est celui qui permet d'aller le plus vite et le plus loin, car s'il est efficace, le véhicule polyvalent donne une base extraordinaire pour une conquête spatiale extensible peu à peu à tout le système solaire. 

Le Starship n'est pas qu'un projet industriel, c'est d'abord une utopie. Souvent, on le sait, les utopies se sont mal terminées. Mais l'Histoire ne se répète pas toujours et dans une approche volontariste, on peut considérer qu'il n'y a pas de plus belle réussite possible dans la vie que de mobiliser avec succès son intelligence et sa ténacité pour faire plier la réalité afin de la faire coïncider avec ses désirs. 

Il me semble que telle est la philosophie d'Elon Musk. Quel contraste, avec l'époque antérieure au New Space, durant laquelle le spatial avait renoncé à toute vision transformatrice ! 

Mais n'est-on pas passé d'un extrême dans l'autre ? La volonté peut-elle surmonter tous les obstacles ? Nous verrons bien dans les prochaines années jusqu'où cette philosophie peut mener le spatial.

Le Starship va très probablement bouleverser le spatial, et contribuer fortement à la conquête de Mars, mais ne sera pas nécessairement le véhicule qui effectuera la totalité du voyage.
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Choros a écrit:Pour donner un ordre de grandeur.
Supposons que ce Starship à 18m (appelons-le Starship 2 par simplicité) ait les mêmes proportions que l'actuel (Starship 1).
Il ferait 18m de large et 240m de haut. Son volume serait 8 fois plus grand. Sa masse serait de l'ordre de 40 000 tonnes.

Je pense qu'un Starship de 18m de diamètre ne fera pas 240m de haut, la masse dépendant du nombre de raptor pouvant être mis sur le Super heavy, donc proportionnelle à la section, la hauteur ne devra pas changer pour être capable de maintenir le même ratio poids poussée. 
À moins de doubler la puissance du raptor (ce dont je doute, mais qui sait ? SpaceX nous étonne tous les jours), on ne devrait donc pas avoir de Starship plus haut.

Egalement merci PierredeSedna pour ton analyse du travail de SpaceX presque psychanalytique, c'est très intéressant !
Franchon
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Franchon a écrit:
Choros a écrit:Pour donner un ordre de grandeur.
Supposons que ce Starship à 18m (appelons-le Starship 2 par simplicité) ait les mêmes proportions que l'actuel (Starship 1).
Il ferait 18m de large et 240m de haut. Son volume serait 8 fois plus grand. Sa masse serait de l'ordre de 40 000 tonnes.

Je pense qu'un Starship de 18m de diamètre ne fera pas 240m de haut, la masse dépendant du nombre de raptor pouvant être mis sur le Super heavy, donc proportionnelle à la section, la hauteur ne devra pas changer pour être capable de maintenir le même ratio poids poussée. 
À moins de doubler la puissance du raptor (ce dont je doute, mais qui sait ? SpaceX nous étonne tous les jours), on ne devrait donc pas avoir de Starship plus haut.
Avec une section de 18m, ceci implique une surface disponible pour mettre les raptors 4 fois supérieure à l'actuelle.
En partant du principe que le Starship 1 v3 aura 35 moteurs, ceci ferait un total possible de 140 moteurs pour ce Starship 2.
La performance visée à terme pour le raptor est de 300 tonnes de poussée.
On aurait donc un total disponible de 42 000 tonnes de poussée.
En admettant que le rapport poids/poussée de 1,4 au décollage soit conservé, ceci impliquerait une masse maximale du Starship 2 de l'ordre de 30 000 tonnes.
Soit une hauteur de l'ordre de 180m.

Un tel engin éclaterait littéralement le Sea Dragon, dont le concept avançait une masse au décollage de 18 000 tonnes pour une poussée de 36 000 tonnes.
Choros
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Choros a écrit:En partant du principe que le Starship 1 v3 aura 35 moteurs, ceci ferait un total possible de 140 moteurs pour ce Starship 2.
La performance visée à terme pour le raptor est de 300 tonnes de poussée.
On aurait donc un total disponible de 42 000 tonnes de poussée.
En admettant que le rapport poids/poussée de 1,4 au décollage soit conservé, ceci impliquerait une masse maximale du Starship 2 de l'ordre de 30 000 tonnes.
Soit une hauteur de l'ordre de 180m.

Merci pour le calcul. Quel gigantisme !
Quand on pense que dans l'aéronautique aujourd'hui on recherche les avions avec le moins de moteur (statistiquement moins en panne) que va devenir une fusée avec 140 moteurs ? Même avec une chance sur 1000 de tomber en panne au démarrage, ça laisserait de grandes chances de voir une panne apparaître au bout de quelques vols seulement. Mais peut être que la simplicité du moteur et sa production en série en fera un élément facilement remplaçable à moindre coût...
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Franchon a écrit:Quand on pense que dans l'aéronautique aujourd'hui on recherche les avions avec le moins de moteur (statistiquement moins en panne) que va devenir une fusée avec 140 moteurs ?
140 moteurs, c'est avec les données connues actuellement.
Personne ne peut exclure que pour ce Starship 2 SpaceX ne développerait pas un nouveau moteur avec une poussée unitaire supérieure.
Aucune allusion n'a été faite à ce sujet jusqu'à maintenant, mais cette hypothèse ne peut pas non plus être exclue.
Choros
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Le Starship n'a pas de concurrents ! Donc difficile de déceler des erreurs dans le concept. Il y en a certainement !
Cette fusée ressemble tellement au Fireball XL 5 (marionnettes) que cela m'a semblé suspect dès le début! 
La SF des années 50....appartient à son époque, avec les connaissances de l'époque.
Un couteau suisse? Oui, d'accord. Mais dès les années 60, pour conquérir la Lune, il a bien fallu démultiplier les vaisseaux selon leurs fonctions. Celui qui a choisi le rendez-vous en orbite lunaire (pour minimiser la masse) a eu raison. A court terme.
Mais même aujourd'hui, on n'a pas encore de projets avancés pour séjourner sur la Lune pendant la nuit lunaire. Artémis conduit à une impasse. D'ailleurs, je me demande si c'est pour cette raison qu'on cherche encore à exploiter l'orbite terrestre basse. Au moins là, il y a du potentiel.
Raoul
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