Programme lunaire Artemis
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SpaceX a gagné que les 2 premiers atterrissages, l'un qui servira de démonstration technique et le second qui servira pour le premier équipage. Ensuite il y aura un nouveau appel d'offre ouvert à tout le monde.
J-B- Messages : 1807
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A lire le papier de la Nasa, il est clair que disposer "assez rapidement" et pour pas trop cher d'une navette lunaire avec une grosse capacité d'emport et, à terme, d'un engin susceptible d'un développement en tant que vaisseau martien a pesé lourd, quitte à perdre au départ quelques années pour l'alunissage effectif.
BBspace- Donateur
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Tous les critères du choix de SpaceX (désolé, c'est en anglais) dans ce tableau :
https://forum.nasaspaceflight.com/index.php?action=dlattach;topic=46645.0;attach=2026910;image
A noter les défauts rédhibitoires (en rouge) des deux autres concurrents :
La Nasa reproche à Blue Origin de demander des versements d'argent préalables, en violation des règles du contrat qui les prévoit en fonction de résultats d'étapes intermédiaires et aussi de se réserver des droits de propriété industrielle en violation des règles Nasa.
Elle reproche à Dynetics l'absence d'objectifs d'essais avant l'envoi d'un vaisseau habité (en clair de n'avoir pas prévu de mission à vide ?)
https://forum.nasaspaceflight.com/index.php?action=dlattach;topic=46645.0;attach=2026910;image
A noter les défauts rédhibitoires (en rouge) des deux autres concurrents :
La Nasa reproche à Blue Origin de demander des versements d'argent préalables, en violation des règles du contrat qui les prévoit en fonction de résultats d'étapes intermédiaires et aussi de se réserver des droits de propriété industrielle en violation des règles Nasa.
Elle reproche à Dynetics l'absence d'objectifs d'essais avant l'envoi d'un vaisseau habité (en clair de n'avoir pas prévu de mission à vide ?)
BBspace- Donateur
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La nasa ou nasaspaceflight?
bed31fr- Messages : 1224
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La Nasa.
BBspace- Donateur
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A mon avis c'est issue de ce rapport de la nasa:bed31fr a écrit:La nasa ou nasaspaceflight?
https://www.nasa.gov/sites/default/files/atoms/files/option-a-source-selection-statement-final.pdf
J-B- Messages : 1807
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Ce point a beaucoup fait jaser hier, comme le résumait quelqu'un que je lisais "ils ont répondu hors sujet".BBspace a écrit:La Nasa reproche à Blue Origin de demander des versements d'argent préalables, en violation des règles du contrat qui les prévoit en fonction de résultats d'étapes intermédiaires et aussi de se réserver des droits de propriété industrielle en violation des règles Nasa.
Griffon- Messages : 1712
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Belle analyse :) SpaceX est le choix logique à bien des égards.
Je pense comme Scott que ce moment est historique, et que dans quelques années quand on regardera en arrière on se souviendra encore de cette décision de la NASA...
Je pense comme Scott que ce moment est historique, et que dans quelques années quand on regardera en arrière on se souviendra encore de cette décision de la NASA...
bed31fr- Messages : 1224
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Blue Origin, Dynetics et Space X, le défi semble gagné par SPX ! La NASA arbitre les premières opérations lunaires.
Dire que je n'ai même pas eu le temps de me familiariser avec les deux premières entités industrielles que voilà la
partie (ou première partie gagnée). Je me dis que j'ai bien fait de ne pas m'y intéresser puisque les voilà battues.
Bon j'en reste naïvement au SLS et à Orion qui sont totalement absents de l'élan, pourtant là au moins je comprenais
le discours moulte fois rabâché de la vieille école qui allait de Mercury Redstone en passant par Atlas Mercury, Titan
Gémini, Saturn Apollo, STS. Bon, je vais continuer à garder un œil ouvert sur ces sujets puisque je vous vois excités
sur cette passe d'arme, mais honnêtement le cœur n'y est pas.
Dire que je n'ai même pas eu le temps de me familiariser avec les deux premières entités industrielles que voilà la
partie (ou première partie gagnée). Je me dis que j'ai bien fait de ne pas m'y intéresser puisque les voilà battues.
Bon j'en reste naïvement au SLS et à Orion qui sont totalement absents de l'élan, pourtant là au moins je comprenais
le discours moulte fois rabâché de la vieille école qui allait de Mercury Redstone en passant par Atlas Mercury, Titan
Gémini, Saturn Apollo, STS. Bon, je vais continuer à garder un œil ouvert sur ces sujets puisque je vous vois excités
sur cette passe d'arme, mais honnêtement le cœur n'y est pas.
Bon, il y a "du vent dans les branche de sassafras" comme le disait le titre d'une pièce de théâtre (parodie d'un western des années 50) dont le personnage principal fut joué par Michel Simon.
En tout état de cause .... c'est une décision américaine, puisqu'ils sont seuls aux manettes pour ce retour sur la Lune baptisé du doux nom d'Artemis.
D'après les posts qui précédent, il semblerait que ce ne soit pas une décision définitive accordant à Space X le monopole des atterrissages d'équipage sur la Lune. Seulement pour Artemis III - soit la première - et sa mission test (à vide) préalable. Il faudra une annonce officielle pour le confirmer.
Cependant un journal canadien relève le changement de principe adopté par la NASA. Et suppute que ce pourrait être une nouvelle orientation rompant avec les pratiques habituelles de la NASA. Et mettant d'ailleurs "au panier" ce qui avait été publié au moment de l'appel à soumission des projets pour fournir le HLS.
Mais après tout ce n'est pas déroger à certaines habitudes US de s'assoir sur des paroles ou même des engagements écrits et des contrats signés.
https://www.lapresse.ca/affaires/entreprises/2021-04-16/la-nasa-choisit-spacex-pour-sa-prochaine-mission-vers-la-lune.php
Un avis personnel (qui évidemment n'engage que moi)
Ce choix n'est probablement pas du seul fait de la NASA; AMHA il implique aussi d'autres "acteurs" du spatial notamment l'armée via le DOD, ainsi que la Space Force. Ces "acteurs" très puissants rêvant depuis longtemps d'un lanceur lourd opérationnel permettant de déplacer du matériel militaire lourd et volumineux et des combattants, par lancement suborbital rapide vers n'importe quel point du globe. Et bien sûr ce même système de lancement permettant aussi d'envoyer en orbite, plusieurs gros satellites ou des constellations entières en une seule mission.
Il faudra attendre un bon moment pour savoir si un nouvel appel d'offre pour les missions Artemis suivantes permettra effectivement de soumettre d'autres propositions, ou si Space X sera installé définitivement dans le fauteuil du monopole des atterrissages d'équipages sur le sol lunaire.
Ce qui peut d'ailleurs se faire "naturellement" si Dynetics et le team National (BO) jettent l'éponge.
Du coup se limiter à apprécier cette décision-rupture uniquement au rôle d'un Starship-HLS .... tel que c'était envisagé dans l'appel d'offre., cela me semble une vision étriquée de ce que l'avenir pourrait nous réserver. Et notamment déposer un gros caillou dans le sas de la Gateway. .
L'article canadien cité ci-dessus, esquisse déjà un scénario de la première mission qui doit déposer un couple sur la Lune (Artemis III normalement) et cite la responsable du progarmme HLS à la NASA :
Pourquoi ne pas faire de ce scénario (censé au départ permettre de comprimer les délais pour satisfaire le souhait de D. Trump) une finalité ...... puis d'éliminer la part du voyage attribuée au SLS/Orion, puis la nécessité de l'étape intermédiaire assuré par la Gateway.
Ce serait assez logique techniquement parlant, puisque le système SuperHaevy/Starship peut assurer la liaison directe sans escale Terre-Lune et retour.
Du coup .... ceux qui pourraient se retrouver "gros-jean comme devant" ... ce seront les européens, les canadiens, les japonais ...bref les "partenaires" qui doivent assumer le financement de bon nombre de modules (et le bras robotique) de la Gateway ..... si jamais les américains estimaient que finalement ils n'en ont plus besoin de cette station lunaire.
Là encore les américains ne seront pas forcément gênés de revenir sur des accords bi-latéraux récemment signés .... Il y a de quoi méditer !
Finalement les russes ont peut-être eu le nez creux de ne pas mettre un orteil dans ces contrat Artemis.
En tout état de cause .... c'est une décision américaine, puisqu'ils sont seuls aux manettes pour ce retour sur la Lune baptisé du doux nom d'Artemis.
D'après les posts qui précédent, il semblerait que ce ne soit pas une décision définitive accordant à Space X le monopole des atterrissages d'équipage sur la Lune. Seulement pour Artemis III - soit la première - et sa mission test (à vide) préalable. Il faudra une annonce officielle pour le confirmer.
Cependant un journal canadien relève le changement de principe adopté par la NASA. Et suppute que ce pourrait être une nouvelle orientation rompant avec les pratiques habituelles de la NASA. Et mettant d'ailleurs "au panier" ce qui avait été publié au moment de l'appel à soumission des projets pour fournir le HLS.
Mais après tout ce n'est pas déroger à certaines habitudes US de s'assoir sur des paroles ou même des engagements écrits et des contrats signés.
https://www.lapresse.ca/affaires/entreprises/2021-04-16/la-nasa-choisit-spacex-pour-sa-prochaine-mission-vers-la-lune.php
SpaceX a devancé Dynetics et la société Blue Origin, de Jeff Bezos, et devient le seul fournisseur du système, une rupture par rapport au passé, car la NASA choisissait souvent plusieurs entreprises en cas d’échec de l’une d’entre elles.
Selon des analystes du secteur, cette décision conforte l’entreprise d’Elon Musk, créée en 2002 dans le but de conquérir Mars, dans sa place de partenaire privilégié de la NASA dans le secteur privé.
Un avis personnel (qui évidemment n'engage que moi)
Ce choix n'est probablement pas du seul fait de la NASA; AMHA il implique aussi d'autres "acteurs" du spatial notamment l'armée via le DOD, ainsi que la Space Force. Ces "acteurs" très puissants rêvant depuis longtemps d'un lanceur lourd opérationnel permettant de déplacer du matériel militaire lourd et volumineux et des combattants, par lancement suborbital rapide vers n'importe quel point du globe. Et bien sûr ce même système de lancement permettant aussi d'envoyer en orbite, plusieurs gros satellites ou des constellations entières en une seule mission.
Il faudra attendre un bon moment pour savoir si un nouvel appel d'offre pour les missions Artemis suivantes permettra effectivement de soumettre d'autres propositions, ou si Space X sera installé définitivement dans le fauteuil du monopole des atterrissages d'équipages sur le sol lunaire.
Ce qui peut d'ailleurs se faire "naturellement" si Dynetics et le team National (BO) jettent l'éponge.
Du coup se limiter à apprécier cette décision-rupture uniquement au rôle d'un Starship-HLS .... tel que c'était envisagé dans l'appel d'offre., cela me semble une vision étriquée de ce que l'avenir pourrait nous réserver. Et notamment déposer un gros caillou dans le sas de la Gateway. .
L'article canadien cité ci-dessus, esquisse déjà un scénario de la première mission qui doit déposer un couple sur la Lune (Artemis III normalement) et cite la responsable du progarmme HLS à la NASA :
.Dans le cadre du programme Artémis, qui vise à renvoyer des hommes sur la Lune, la NASA veut utiliser la fusée lourde SLS (Space Launch System) pour lancer quatre astronautes à bord d’une capsule Orion, qui s’amarrera ensuite à une station orbitale lunaire appelée Gateway.
La fusée Starship attendrait, prête à recevoir deux membres de l’équipage pour la dernière étape du voyage vers la surface de la Lune.
L’idée est que la station Gateway serve d’intermédiaire, mais pour la mission initiale, Orion pourrait s’amarrer directement à Starship, a déclaré Lisa Watson-Morgan.*
* directrice du programme HLS à la NASA (program manager for NASA's Human Landing System)
Pourquoi ne pas faire de ce scénario (censé au départ permettre de comprimer les délais pour satisfaire le souhait de D. Trump) une finalité ...... puis d'éliminer la part du voyage attribuée au SLS/Orion, puis la nécessité de l'étape intermédiaire assuré par la Gateway.
Ce serait assez logique techniquement parlant, puisque le système SuperHaevy/Starship peut assurer la liaison directe sans escale Terre-Lune et retour.
Du coup .... ceux qui pourraient se retrouver "gros-jean comme devant" ... ce seront les européens, les canadiens, les japonais ...bref les "partenaires" qui doivent assumer le financement de bon nombre de modules (et le bras robotique) de la Gateway ..... si jamais les américains estimaient que finalement ils n'en ont plus besoin de cette station lunaire.
Là encore les américains ne seront pas forcément gênés de revenir sur des accords bi-latéraux récemment signés .... Il y a de quoi méditer !
Finalement les russes ont peut-être eu le nez creux de ne pas mettre un orteil dans ces contrat Artemis.
montmein69- Donateur
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Vu le choix du Starship pour le HLS, je reste toujours surpris du fait que dans les annonces seuls deux astronautes soient prévus pour Artemis III.
Concrètement, le Starship pourrait aisément embarquer 6 astronautes, mais c'est peut-être une façon de limiter les risques en cas de problème ?
Concrètement, le Starship pourrait aisément embarquer 6 astronautes, mais c'est peut-être une façon de limiter les risques en cas de problème ?
ndiver- Messages : 880
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ndiver a écrit:Vu le choix du Starship pour le HLS, je reste toujours surpris du fait que dans les annonces seuls deux astronautes soient prévus pour Artemis III.
Concrètement, le Starship pourrait aisément embarquer 6 astronautes, mais c'est peut-être une façon de limiter les risques en cas de problème ?
Il n'échappe pas à la NASA (enfin il faut l'espérer) que le système SuperHeavy-Starship est encore loin d'être opérationnel d'une part, mais aussi qu'adapter un scénario de mission peut s'envisager. Il reste encore un peu de temps pour voir quelles nouvelles possibilités peuvent apparaître;
Notamment le Starship pourrait (c'est une une hypothèse) être un modèle "complet" * et pas la version light envisagée du Moon Starship qui ne revient pas sur Terre.
* avec l'équipement (tuiles notamment) logiciel de vol, pour effectuer le retour Lune ---> Terre avec capacité de rentrée atmosphérique et atterrissage contrôlé.
Plusieurs scénarios peuvent être envisagés :
- Si Artemis III est réalisé en mode Apollo sans utiliser la Gateway (pas encore opérationnelle ou projet carrément abandonnée)
Orion avec ses 4 astronautes se met en orbite lunaire haute, le Starship vient s' amarrer à Orion (le gros lombric ..... attrape la luciole ). le Starship embarque le couple et joue le rôle de HLS en faisant la navette aller vers le sol lunaire. - Si la Gateway est opérationnelle pour Artemis III on peut avoir un scénario classique pour la phase "aller" avec un Orion amenant les 4 astronautes sur la station sur orbite NRHO. Le Starship vient s'y amarrer et joue le rôle de HLS en faisant la navette aller NRHO --->le sol lunaire avec son "couple".
Des variantes peuvent cependant être envisagées pour la phase "retour"
- scénario classique type Apollo, le Starship rejoint Orion en orbite lunaire haute .... les deux piétons lunaires rejoignent ceux restés en orbite, tout le monde est à bord d'Orion et retour. Que fait-on du Starship ?
- Scénario avec la Gateway ..... le Starship fait la navette inverse sol lunaire ---> Gateway et retour des 4 avec Orion. Le Starship reste amarré à la station en NRHO.
- mais rien n'empêcherait (si le problème de carburant ne l'interdit pas) au couple de repartir directement vers la Terre en Starship ** . les deux autres rentrant avec Orion.
** en rapportant un peu de fret en pierres lunaires par exemple
Un des avantages pour Space X peut-être, de n'utiliser qu'un modèle standard de Starship, et non pas une version spéciale Lune ..... çà simplifie la fabrication à la chaine d'un seul modèle.
Il doit probablement y avoir des inconvénients dans ces hypothèses ... mais il est important d'avoir conscience que des bouleversements importants peuvent chambouler ce qui avait été envisagé avec des modèles de HLS classiques.
Bien sûr les américains décident de ce qu'ils préfèrent ... c'est leur projet.
Et AMHA les inconvénients éventuels pour "les partenaires" ne les dérangeront pas plus qu'à la marge (et encore ...)
montmein69- Donateur
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montmein69 a écrit:ndiver a écrit:Vu le choix du Starship pour le HLS, je reste toujours surpris du fait que dans les annonces seuls deux astronautes soient prévus pour Artemis III.
Concrètement, le Starship pourrait aisément embarquer 6 astronautes, mais c'est peut-être une façon de limiter les risques en cas de problème ?
Il n'échappe pas à la NASA (enfin il faut l'espérer) que le système SuperHeavy-Starship est encore loin d'être opérationnel d'une part, mais aussi qu'adapter un scénario de mission peut s'envisager. Il reste encore un peu de temps pour voir quelles nouvelles possibilités peuvent apparaître;
Notamment le Starship pourrait (c'est une une hypothèse) être un modèle "complet" * et pas la version light envisagée du Moon Starship qui ne revient pas sur Terre.
* avec l'équipement (tuiles notamment) logiciel de vol, pour effectuer le retour Lune ---> Terre avec capacité de rentrée atmosphérique et atterrissage contrôlé.
Plusieurs scénarios peuvent être envisagés :
- Si Artemis III est réalisé en mode Apollo sans utiliser la Gateway (pas encore opérationnelle ou projet carrément abandonnée)
Orion avec ses 4 astronautes se met en orbite lunaire haute, le Starship vient s' amarrer à Orion (le gros lombric ..... attrape la luciole ). le Starship embarque le couple et joue le rôle de HLS en faisant la navette aller vers le sol lunaire.- Si la Gateway est opérationnelle pour Artemis III on peut avoir un scénario classique pour la phase "aller" avec un Orion amenant les 4 astronautes sur la station sur orbite NRHO. Le Starship vient s'y amarrer et joue le rôle de HLS en faisant la navette aller NRHO --->le sol lunaire avec son "couple".
Des variantes peuvent cependant être envisagées pour la phase "retour"
- scénario classique type Apollo, le Starship rejoint Orion en orbite lunaire haute .... les deux piétons lunaires rejoignent ceux restés en orbite, tout le monde est à bord d'Orion et retour. Que fait-on du Starship ?
- Scénario avec la Gateway ..... le Starship fait la navette inverse sol lunaire ---> Gateway et retour des 4 avec Orion. Le Starship reste amarré à la station en NRHO.
- mais rien n'empêcherait (si le problème de carburant ne l'interdit pas) au couple de repartir directement vers la Terre en Starship ** . les deux autres rentrant avec Orion.
** en rapportant un peu de fret en pierres lunaires par exemple
Un des avantages pour Space X peut-être, de n'utiliser qu'un modèle standard de Starship, et non pas une version spéciale Lune ..... çà simplifie la fabrication à la chaine d'un seul modèle.
Il doit probablement y avoir des inconvénients dans ces hypothèses ... mais il est important d'avoir conscience que des bouleversements importants peuvent chambouler ce qui avait été envisagé avec des modèles de HLS classiques.
Bien sûr les américains décident de ce qu'ils préfèrent ... c'est leur projet.
Et AMHA les inconvénients éventuels pour "les partenaires" ne les dérangeront pas plus qu'à la marge (et encore ...)
Le problème si les américains envisage de passer par un Starship normal, c'est qu'ils pourraient complètement se passer de SLS et d'Orion vu que le Starship pourrait faire Terre --> Lune --> Terre. Et ça je ne pense pas que ce soit acceptable vu les ressources économiques déjà mise en ouevre dans ces deux projets.
Pareillement, j'ai du mal à les voir abandonner le Gateway les modules HALO et PPE étant déjà en construction.
Capora- Donateur
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Et il faut quand même rappeler que le Gateway n'est pas là pour permettre le retour d'astronautes sur la Lune, mais pour servir de base de départ et de contrôle pérenne pour les engins automatiques placés sur et autour de la Lune, de refuge pour des équipages et préfigurer les éléments (ressources, propulsion fine, habitat, etc.) qui seront indispensables au voyage vers Mars. Qu'il ait lieu au non à bord d'un Starship.
BBspace- Donateur
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Astro-notes a écrit:Blue Origin, Dynetics et Space X, le défi semble gagné par SPX ! La NASA arbitre les premières opérations lunaires.
Dire que je n'ai même pas eu le temps de me familiariser avec les deux premières entités industrielles que voilà la
partie (ou première partie gagnée). Je me dis que j'ai bien fait de ne pas m'y intéresser puisque les voilà battues.
Bon j'en reste naïvement au SLS et à Orion qui sont totalement absents de l'élan, pourtant là au moins je comprenais
le discours moulte fois rabâché de la vieille école qui allait de Mercury Redstone en passant par Atlas Mercury, Titan
Gémini, Saturn Apollo, STS. Bon, je vais continuer à garder un œil ouvert sur ces sujets puisque je vous vois excités
sur cette passe d'arme, mais honnêtement le cœur n'y est pas.
Et dire que pour ma part je continue à me passionner sur les propositions qui n'ont pas été retenues pour Apollo il y a 60 ans ! (cf mes posts "Les modules lunaires auxquels vous avez échappé").
Les concepts de Dynetics et de la National Team gardent au moins leur intérêt historique.
BBspace- Donateur
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Merci à @BBspace d'avoir proposé d'utiliser ce fil comme lieu de réflexion sur le choix par la NASA (en relation, je présume, avec les équipes du Président Biden) du Starship de SpaceX comme HLS pour la première mission de retour sur la Lune.
Ce choix est surprenant, mais pourtant il est profondément logique, et il est porteur d'espérances pour l'avenir à long terme de la conquête spatiale.
I - C'est un choix surprenant pour plusieurs raisons.
En premier lieu, SpaceX a une stratégie qui ne passait pas nécessairement par l'obtention de ce contrat. Sa cible finale n'est pas la Lune, c'est Mars. En outre, Elon Musk, qui depuis la fondation de SpaceX applique un plan stratégique dont les modalités sont évolutives, mais dont le découpage en grandes étapes est permanent, n'a jamais dit que la route de Mars passait par la Lune. Dans le débat spatial américain, traversé par le clivage entre les "pro Lune" et les "pro Mars", il a porté très haut les couleurs de la seconde de ces deux écoles de pensée.
A tel point que j'ai fait partie de ceux qui, tout en amont du processus de préparation du HLS, pensaient que l'offre de SpaceX était ce que l'on appelle dans le monde des marchés publics "une offre carte de visite", c'est-à-dire une offre présentée par une entreprise qui rappelle son existence au pouvoir adjudicateur, mais ne souhaite pas vraiment remporter le marché. Autrement dit une offre qui était simplement là pour rappeler que SpaceX avait des capacités pour répondre au besoin du moment, et que par ailleurs elle serait intéressée par les programmes futurs du même pouvoir adjudicateur.
Eh bien non, SpaceX est allée au bout de la démarche, et n'a manifestement pas cherché à décourager la NASA de la sélectionner.
En second lieu, sans qu'il soit nécessaire d'insister, Artémis est un projet mal né, porté sur les fonds baptismaux par un président américain contesté, pour donner un but ou un nouveau prétexte au lanceur SLS dont le développement interminable, malgré la reprise des briques des systèmes de lancements antérieurs, avait surtout eu jusqu'à présent pour effet principal d'enrichir sans grande contrepartie les acteurs fatigués de la conquête spatiale américaine avec l'alibi de la protection d'emplois dans des Etats aux responsables politiques en mal de réélection. Dans cet environnement où les petits arrangements entre bons amis ne sont pas rares, et où les carrières à la NASA peuvent se terminer à des postes très bien rémunérés d'entreprises du complexe militaro-industriel, on pouvait penser que les dés étaient pipés et que SpaceX n'avait aucune chance.
En troisième lieu, comme plusieurs sur le Forum l'ont fait observer, le projet américain de retour de l'homme sur la Lune, en faisant cohabiter le SLS, le Starship et Orion, sans parler de la station en orbite lunaire Gateway, ressemble désormais à une sorte de patchwork surréaliste entre des moyens développés séparément par des acteurs aux philosophies et intentions différentes. Et il est vrai que dans le spatial, les attelages hétéroclites ne sont pas sans risque. Cf. pour les plus anciens, la fusée Europa dont chaque étage était développé par un pays différent et qui faute de coordination efficace n'a jamais réussi un seul vol.
L'image de l'amarrage d'Orion au Starship symbolise le caractère insolite de ce projet, du fait de la disproportion entre les deux engins. A noter que cet argument n'en est pas un sur le fond, car Orion est un bijou technologique extrêmement précieux, c'est le premier véritable vaisseau habité interplanétaire dans l'histoire de l'humanité. Je n'ai jamais mis dans le même sac Orion et le SLS, le premier étant très innovant, tandis que le second, tout en étant industriellement complexe, n'en est pas moins une caricature du conservatisme technologique.
Quoi qu'il en soit, le choix que vient de faire la NASA n'était pas vraiment prévisible.
II - Mais le choix du Starship de SpaceX comme véhicule d'atterrissage sur la Lune du projet Artémis est profondément logique.
En premier lieu, le prix proposé par SpaceX était le moins élevé, alors que de surcroît le véhicule proposé présente d'immenses avantages par rapport aux projets concurrents : la capacité d'emport, la réutilisabilité, ainsi qu'un immense potentiel d'évolution dans l'avenir.
L'image représentant les trois véhicules des projets concurrents, avec leurs tailles très dissemblables, est saisissante. Parfois, il faut aussi prendre une image au premier degré, quand le raisonnement indique que les apparences et la réalité coïncident !
Elon Musk et SpaceX offrent aux Américains la perspective de transformer le retour sur la Lune en rêve d'Harpagon : "faire bonne chère avec peu d'argent". Ce qui, en ces temps d'endettement public poussé à l'extrême, est très important.
Pour l'Etat fédéral américain, financer SpaceX sur ce projet Starship est très efficace, car pour chaque euro versé par la NASA à SpaceX, celle-ci y ajoutera au minimum dix euros sur ses fonds propres. SpaceX aurait développé le Starship sans ce contrat. Dans ces conditions, pour la NASA, l'effet de levier de ce financement public complémentaire est extraordinaire. Rien de comparable à ce qu'aurait apporté la sélection d'un des autres concurrents.
En second lieu, dans le paysage spatial actuel, SpaceX est le leader. De la même façon que les succès de la Falcon 9 et le démarrage en fanfare de Starlink a fait affluer les capitaux vers SpaceX, celle-ci a fait venir à elle les meilleurs ingénieurs du marché. Le succès appelle le succès.
Ainsi, SpaceX est porté par une dynamique qui n'existe chez aucun autre acteur spatial au monde. Certes, la personnalité d'Elon Musk fait que cette entreprise a des projets toujours situés aux limites du possible, et que les risques pris sont encore plus considérables que les atouts nés des incroyables moyens développés au fil du temps. Mais cette dynamique et cette prise de risque symbolisent au fond l'histoire américaine.
Donc de deux choses l'une : ou bien Artémis n'est que l'expression d'une nostalgie du passé glorieux d'Apollo, et un moyen facile de susciter de l'adhésion politique à court terme, en se disant que si ce projet tourne mal, ce n'est pas trop grave, car ce sont les successeurs qui en payeront le prix ; dans ce cas, on peut choisir pour le HLS le projet Lockheed Northrop et consorts ; ou bien le retour sur la Lune est vraiment un grand défi de ce siècle que l'Amérique se doit de relever ; dans ce cas, il faut se donner tous les atouts en mettant au premier rang de la mobilisation nationale le leader du spatial américain, qui n'est autre que SpaceX.
Qu'auraient pensé les dirigeants russes ou chinois si SpaceX n'avait pas été retenue ? Ils auraient ou bien souri de l'orgueil américain qui croit en sa capacité à revenir sur la Lune avec une main liée dans le dos, ou bien pensé que l'absence de mobilisation du fer de lance de l'industrie spatiale américaine traduisait un désintérêt pour la Lune, et une absence de volonté d'aboutir. Imagine-t-on Churchill disant en 1940 qu'il voulait vaincre l'Allemagne nazie en utilisant la marine et l'armée de terre, mais pas l'aviation ?
En troisième lieu, ce qui a freiné jusqu'à présent les efforts de retour sur la Lune, c'est la peur de n'en retirer que peu d'avantages politiques, en donnant l'impression d'une simple recopie, à peine améliorée, du passé. C'est pourquoi les initiateurs politiques de tels projets se sont acharnés à souligner les "plus" par rapport à Apollo. Ce qui n'est pas facile ! Car de manière assez mystérieuse, malgré les évolutions technologiques, les images d'Apollo ne vieillissent pas. J'entends encore Obama justifier son projet martien (lointain) en disant "Pourquoi retourner sur la Lune ? Buzz y est déjà allé !"
Alors bien sûr, d'autres dirigeants politiques ont dit : "on va sur la Lune comme en 69, mais cette fois c'est différent, on y va pour y rester." Puis, il se sont rendu compte, d'une part, que les risques techniques et les coûts financiers de la construction d'une base permanente lunaire étaient importants, et d'autre part et surtout, que dans l'attente de l'achèvement d'une base lunaire le public ne verrait pour longtemps que des images d'engins en apparence, vu de loin, peu différents du LM d'Apollo. Cela ne passait pas.
Or, le Starship a des caractéristiques et dimensions telles que cette critique ne portera pas. Le Starship, pour la première fois, est un engin qui marque une rupture totale avec le LM de 1969.
L'ironie de cette affaire, c'est que le Starship est un engin conçu par SpaceX pour aller sur Mars, mais qu'il donne enfin aux hommes politiques américains les moyens de se passer politiquement du voyage vers Mars, parce que le Starship redonne pour la première fois à des expéditions sur la Lune des caractéristiques politiquement "sexy".
Le Starship a d'autres avantages politiques. Si sa mise au point venait à traîner au point que les Chinois soient les premiers sur la Lune au XXIème siècle, le Starship n'en serait pas moins l'instrument d'une revanche tardive mais éclatante. On comprend bien pourquoi les Russes ont jeté l'éponge dans les années 1970 : s'ils avaient fini par faire aboutir leur projet lunaire, ils auraient fait moins bien qu'Apollo. Inversement, si les Chinois arrivent en premier sur la Lune, les Américains sont assurés, avec le Starship, qu'ils montreront dans un deuxième temps leur supériorité sur les Chinois.
III - C'est un choix porteur d'espérance pour l'avenir à long terme de la conquête spatiale.
1°) Le SLS est désavoué
Enfin !
Cet aveu est indirect et implicite.
Pour moi, le choix du Starship comme HLS est donc un demi-aveu, une sorte de reconnaissance du fait que le SLS a engagé la politique spatiale des Etats-Unis dans une impasse.
Bien entendu, dans ses grandes lignes, le projet Artemis n'a pour le moment pas changé, et le SLS en est toujours la clé de voûte : c'est lui qui arrachera Orion et ses astronautes de la surface de la Terre et qui les acheminera jusque vers le domaine lunaire.
Le Starship effectuera un trajet parallèle. Juché sur le SuperHeavy, il partira sans équipage de la Terre et il n'accueillera à son bord des humains que dans l'environnement lunaire.
Par ailleurs, certains ont précisé ici que le marché attribué à SpaceX ne concerne que le premier vol lunaire habité et sa préparation.
Mais enfin, sauf en cas d'échec, on imagine mal que la NASA revienne, pour les vols ultérieurs, aux moyens plus modestes développés par les concurrents. Pour le coup, comment justifier politiquement des missions lunaires XXS après une mission lunaire XXL ?
En outre, le scénario le plus probable, c'est qu'après 2 ou 3 expéditions de femmes et d'hommes sur la Lune, avec un Starship lunaire sans capacité de retour atmosphérique, (ce qui nous conduira en 2024, 25, 26...) SpaceX aura eu le temps de développer complètement le vrai Starship capable d'affronter un retour sur Terre à la seconde vitesse cosmique. SpaceX pourra alors envoyer sur la Lune, par ses propres moyens, un Starship entièrement récupérable. Cette démonstration ayant été faite, la NASA n'aura plus besoin du SLS. Crise budgétaire aidant, la décision sera prise de faire partir les astronautes de la Terre directement dans le Starship récupérable.
Le citoyen lambda verra toujours un Starship sur la Lune. Il n'accordera pas une grande importance à la substitution d'un lanceur à un autre au départ de la Terre, pour autant qu'il la remarque.
Ainsi, de manière relativement discrète, le SLS pourra être enterré. La reconversion des industries sinistrées deviendra envisageable : car l'offre de lancement sera devenue telle qu'il y aura de nombreuses opportunités pour les constructeurs de structures orbitales, habitées ou non. Il y aura un "boom du spatial". Les gens devront changer de métier à l'intérieur du secteur spatial, mais ils ne seront pas abandonnés.
Bien sûr, rien de tel n'est programmé aujourd'hui par la NASA : mais cela devient possible.
Tuer le SLS trop tôt, comme je l'ai toujours écrit, aurait été une erreur. Sans SLS, les finances publiques américaines se seraient mieux portées, mais il n'y aurait pas aujourd'hui ce marché passé avec SpaceX. La dialectique du vice et de la vertu est souvent paradoxale.
Pour la première fois, l'Amérique entrevoit la possibilité de sortir par étapes et sans trop de douleur du cauchemar budgétaire du SLS. C'est une grande espérance !
2°) Je ne crois pas que ce marché fasse perdre son âme à SpaceX, ou dilue sa stratégie
Certains ont ici écrit que ce projet va détourner SpaceX de Mars.
Sincèrement, je ne le pense pas. Ce qui rendait jusqu'à aujourd'hui impossible la conduite en parallèle d'un programme lunaire et d'un programme martien, c'est que tous les projets envisagés reposaient sur des matériels consommables. Avec la réutilisation, la conquête spatiale n'est plus enfermée dans ce choix cornélien entre la Lune et Mars.
SpaceX a tout à gagner dans ce marché. Le Starship, en tant que vaisseau habité destiné à "l'espace profond", n'existe que sur le papier. Le seul vaisseau interplanétaire habité existant, c'est Orion. Le Dragon de SpaceX n'est destiné qu'à des vols courts (ou longs, mais amarré à l'ISS), toujours à proximité de la Terre, dans un environnement relativement peu exposé aux radiations. Si la NASA partage avec SpaceX un certain nombre de briques technologiques d'Orion, notamment concernant l'électronique, les communications lointaines, les redondances pour les systèmes vie, SpaceX gagnera plusieurs années dans le développement du Starship martien.
Ce n'est que si SpaceX ne parvenait pas à rendre le Starship pleinement réutilisable que les coûts des missions lunaires représenteraient une ponction sur ses ressources telle que le financement des expéditions vers Mars serait compromis.
Rien de nouveau dans cette analyse : la route de Mars ne sera ouverte que si SpaceX met au point un système de transport intégralement et fréquemment réutilisable.
3°) Une stratégie nationale américaine crédible pour le spatial s'esquisse pour la première fois depuis Apollo.
Malgré toute l'estime que je porte à Elon Musk et à SpaceX, j'ai toujours douté que la révolution du New Space puisse se réaliser sans une collaboration étroite entre acteurs publics et privés.
La vision naïve de milliardaires partant seuls à la conquête du cosmos ne peut pas fonctionner durablement. Cette vision est une chimère idéologique des ultralibéraux, et un fantasme des anticapitalistes radicaux. C'est aussi une manière de présenter les choses qui plaît aux médias, avides de sensationnel.
Le New Space, et tant pis si cela n'est pas sexy pour les médias, c'est d'abord une innovation juridique : c'est l'invention de contrats qui en responsabilisant financièrement les entreprises privées et en leur laissant une part raisonnable de propriété intellectuelle, permettent à celles-ci d'avoir une stratégie spatiale globale comportant à la fois des activités propres et des activités au bénéfice de personnes publiques.
Comme toutes les colonisations passées, celle de Mars ne se conçoit qu'à la condition d'une énorme implication des Etats.
Elon Musk est un visionnaire, les historiens le considéreront probablement comme un génie, mais l'impétuosité de ce génie a besoin d'être canalisée par un ensemble d'engagements auprès de multiples interlocuteurs, dont la NASA. Comme disait un autre grand esprit dans un tout autre contexte, il faut partir de l'idéal, mais pour aller vers le réel. Devoir se justifier, comparer prévisions et réalisations, devoir plaider, faire de la pédagogie, partager face à des difficultés, ne fait jamais de mal.
SpaceX a toujours été tournée vers le réel, grâce, notamment, au dialogue avec la NASA et d'autres régulateurs publics. Je ne dis pas que ces régulateurs aient raison quand ils s'opposent à SpaceX, mais je dis que ce dialogue a quelque chose de sain dans son principe et qu'il est plus nécessaire que jamais alors que le succès pourrait tourner la tête à SpaceX et son principal dirigeant. L'ambition de faire est une vertu, mais l'ubris est un risque mortel.
La NASA et les hommes politiques qui la supervisent, réciproquement, seront à travers ce partenariat autour du Starship attraits vers la vision de SpaceX et sa stratégie d'avenir. Ils glisseront insensiblement d'objectifs concernant la Lune vers des objectifs concernant Mars. Ils s'habitueront à la construction de programmes autour non plus de systèmes de transport spatial figés, mais de fusées qui n'arrêtent pas d'enchaîner les évolutions incrémentales, sans que cela requière des apports financiers publics excessifs.
De nouveaux équilibres vont se mettre en place, une nouvelle relation au temps, qui ne sera pas guidée seulement par les échéances électorales.
* * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * *
Devant un tel défi technologique, rien n'est gagné d'avance, et après quatre explosions de prototypes de Starship, qui ont plus ou moins bien volé et mal atterri, l'heure n'est ni à l'euphorie, ni au pessimisme.
Cependant, l'Amérique vient de mettre toutes les chances de son côté par ce choix en faveur de SpaceX. Après, l'aventure continue, avec ses risques, et avec ses chances, qui sont réelles.
Elon a remporté une manche décisive, mais au regard de tout ce qui reste à faire, il est maintenant plus que jamais face à son destin.
Ce choix est surprenant, mais pourtant il est profondément logique, et il est porteur d'espérances pour l'avenir à long terme de la conquête spatiale.
I - C'est un choix surprenant pour plusieurs raisons.
En premier lieu, SpaceX a une stratégie qui ne passait pas nécessairement par l'obtention de ce contrat. Sa cible finale n'est pas la Lune, c'est Mars. En outre, Elon Musk, qui depuis la fondation de SpaceX applique un plan stratégique dont les modalités sont évolutives, mais dont le découpage en grandes étapes est permanent, n'a jamais dit que la route de Mars passait par la Lune. Dans le débat spatial américain, traversé par le clivage entre les "pro Lune" et les "pro Mars", il a porté très haut les couleurs de la seconde de ces deux écoles de pensée.
A tel point que j'ai fait partie de ceux qui, tout en amont du processus de préparation du HLS, pensaient que l'offre de SpaceX était ce que l'on appelle dans le monde des marchés publics "une offre carte de visite", c'est-à-dire une offre présentée par une entreprise qui rappelle son existence au pouvoir adjudicateur, mais ne souhaite pas vraiment remporter le marché. Autrement dit une offre qui était simplement là pour rappeler que SpaceX avait des capacités pour répondre au besoin du moment, et que par ailleurs elle serait intéressée par les programmes futurs du même pouvoir adjudicateur.
Eh bien non, SpaceX est allée au bout de la démarche, et n'a manifestement pas cherché à décourager la NASA de la sélectionner.
En second lieu, sans qu'il soit nécessaire d'insister, Artémis est un projet mal né, porté sur les fonds baptismaux par un président américain contesté, pour donner un but ou un nouveau prétexte au lanceur SLS dont le développement interminable, malgré la reprise des briques des systèmes de lancements antérieurs, avait surtout eu jusqu'à présent pour effet principal d'enrichir sans grande contrepartie les acteurs fatigués de la conquête spatiale américaine avec l'alibi de la protection d'emplois dans des Etats aux responsables politiques en mal de réélection. Dans cet environnement où les petits arrangements entre bons amis ne sont pas rares, et où les carrières à la NASA peuvent se terminer à des postes très bien rémunérés d'entreprises du complexe militaro-industriel, on pouvait penser que les dés étaient pipés et que SpaceX n'avait aucune chance.
En troisième lieu, comme plusieurs sur le Forum l'ont fait observer, le projet américain de retour de l'homme sur la Lune, en faisant cohabiter le SLS, le Starship et Orion, sans parler de la station en orbite lunaire Gateway, ressemble désormais à une sorte de patchwork surréaliste entre des moyens développés séparément par des acteurs aux philosophies et intentions différentes. Et il est vrai que dans le spatial, les attelages hétéroclites ne sont pas sans risque. Cf. pour les plus anciens, la fusée Europa dont chaque étage était développé par un pays différent et qui faute de coordination efficace n'a jamais réussi un seul vol.
L'image de l'amarrage d'Orion au Starship symbolise le caractère insolite de ce projet, du fait de la disproportion entre les deux engins. A noter que cet argument n'en est pas un sur le fond, car Orion est un bijou technologique extrêmement précieux, c'est le premier véritable vaisseau habité interplanétaire dans l'histoire de l'humanité. Je n'ai jamais mis dans le même sac Orion et le SLS, le premier étant très innovant, tandis que le second, tout en étant industriellement complexe, n'en est pas moins une caricature du conservatisme technologique.
Quoi qu'il en soit, le choix que vient de faire la NASA n'était pas vraiment prévisible.
II - Mais le choix du Starship de SpaceX comme véhicule d'atterrissage sur la Lune du projet Artémis est profondément logique.
En premier lieu, le prix proposé par SpaceX était le moins élevé, alors que de surcroît le véhicule proposé présente d'immenses avantages par rapport aux projets concurrents : la capacité d'emport, la réutilisabilité, ainsi qu'un immense potentiel d'évolution dans l'avenir.
L'image représentant les trois véhicules des projets concurrents, avec leurs tailles très dissemblables, est saisissante. Parfois, il faut aussi prendre une image au premier degré, quand le raisonnement indique que les apparences et la réalité coïncident !
Elon Musk et SpaceX offrent aux Américains la perspective de transformer le retour sur la Lune en rêve d'Harpagon : "faire bonne chère avec peu d'argent". Ce qui, en ces temps d'endettement public poussé à l'extrême, est très important.
Pour l'Etat fédéral américain, financer SpaceX sur ce projet Starship est très efficace, car pour chaque euro versé par la NASA à SpaceX, celle-ci y ajoutera au minimum dix euros sur ses fonds propres. SpaceX aurait développé le Starship sans ce contrat. Dans ces conditions, pour la NASA, l'effet de levier de ce financement public complémentaire est extraordinaire. Rien de comparable à ce qu'aurait apporté la sélection d'un des autres concurrents.
En second lieu, dans le paysage spatial actuel, SpaceX est le leader. De la même façon que les succès de la Falcon 9 et le démarrage en fanfare de Starlink a fait affluer les capitaux vers SpaceX, celle-ci a fait venir à elle les meilleurs ingénieurs du marché. Le succès appelle le succès.
Ainsi, SpaceX est porté par une dynamique qui n'existe chez aucun autre acteur spatial au monde. Certes, la personnalité d'Elon Musk fait que cette entreprise a des projets toujours situés aux limites du possible, et que les risques pris sont encore plus considérables que les atouts nés des incroyables moyens développés au fil du temps. Mais cette dynamique et cette prise de risque symbolisent au fond l'histoire américaine.
Donc de deux choses l'une : ou bien Artémis n'est que l'expression d'une nostalgie du passé glorieux d'Apollo, et un moyen facile de susciter de l'adhésion politique à court terme, en se disant que si ce projet tourne mal, ce n'est pas trop grave, car ce sont les successeurs qui en payeront le prix ; dans ce cas, on peut choisir pour le HLS le projet Lockheed Northrop et consorts ; ou bien le retour sur la Lune est vraiment un grand défi de ce siècle que l'Amérique se doit de relever ; dans ce cas, il faut se donner tous les atouts en mettant au premier rang de la mobilisation nationale le leader du spatial américain, qui n'est autre que SpaceX.
Qu'auraient pensé les dirigeants russes ou chinois si SpaceX n'avait pas été retenue ? Ils auraient ou bien souri de l'orgueil américain qui croit en sa capacité à revenir sur la Lune avec une main liée dans le dos, ou bien pensé que l'absence de mobilisation du fer de lance de l'industrie spatiale américaine traduisait un désintérêt pour la Lune, et une absence de volonté d'aboutir. Imagine-t-on Churchill disant en 1940 qu'il voulait vaincre l'Allemagne nazie en utilisant la marine et l'armée de terre, mais pas l'aviation ?
En troisième lieu, ce qui a freiné jusqu'à présent les efforts de retour sur la Lune, c'est la peur de n'en retirer que peu d'avantages politiques, en donnant l'impression d'une simple recopie, à peine améliorée, du passé. C'est pourquoi les initiateurs politiques de tels projets se sont acharnés à souligner les "plus" par rapport à Apollo. Ce qui n'est pas facile ! Car de manière assez mystérieuse, malgré les évolutions technologiques, les images d'Apollo ne vieillissent pas. J'entends encore Obama justifier son projet martien (lointain) en disant "Pourquoi retourner sur la Lune ? Buzz y est déjà allé !"
Alors bien sûr, d'autres dirigeants politiques ont dit : "on va sur la Lune comme en 69, mais cette fois c'est différent, on y va pour y rester." Puis, il se sont rendu compte, d'une part, que les risques techniques et les coûts financiers de la construction d'une base permanente lunaire étaient importants, et d'autre part et surtout, que dans l'attente de l'achèvement d'une base lunaire le public ne verrait pour longtemps que des images d'engins en apparence, vu de loin, peu différents du LM d'Apollo. Cela ne passait pas.
Or, le Starship a des caractéristiques et dimensions telles que cette critique ne portera pas. Le Starship, pour la première fois, est un engin qui marque une rupture totale avec le LM de 1969.
L'ironie de cette affaire, c'est que le Starship est un engin conçu par SpaceX pour aller sur Mars, mais qu'il donne enfin aux hommes politiques américains les moyens de se passer politiquement du voyage vers Mars, parce que le Starship redonne pour la première fois à des expéditions sur la Lune des caractéristiques politiquement "sexy".
Le Starship a d'autres avantages politiques. Si sa mise au point venait à traîner au point que les Chinois soient les premiers sur la Lune au XXIème siècle, le Starship n'en serait pas moins l'instrument d'une revanche tardive mais éclatante. On comprend bien pourquoi les Russes ont jeté l'éponge dans les années 1970 : s'ils avaient fini par faire aboutir leur projet lunaire, ils auraient fait moins bien qu'Apollo. Inversement, si les Chinois arrivent en premier sur la Lune, les Américains sont assurés, avec le Starship, qu'ils montreront dans un deuxième temps leur supériorité sur les Chinois.
III - C'est un choix porteur d'espérance pour l'avenir à long terme de la conquête spatiale.
1°) Le SLS est désavoué
Enfin !
Cet aveu est indirect et implicite.
Pour moi, le choix du Starship comme HLS est donc un demi-aveu, une sorte de reconnaissance du fait que le SLS a engagé la politique spatiale des Etats-Unis dans une impasse.
Bien entendu, dans ses grandes lignes, le projet Artemis n'a pour le moment pas changé, et le SLS en est toujours la clé de voûte : c'est lui qui arrachera Orion et ses astronautes de la surface de la Terre et qui les acheminera jusque vers le domaine lunaire.
Le Starship effectuera un trajet parallèle. Juché sur le SuperHeavy, il partira sans équipage de la Terre et il n'accueillera à son bord des humains que dans l'environnement lunaire.
Par ailleurs, certains ont précisé ici que le marché attribué à SpaceX ne concerne que le premier vol lunaire habité et sa préparation.
Mais enfin, sauf en cas d'échec, on imagine mal que la NASA revienne, pour les vols ultérieurs, aux moyens plus modestes développés par les concurrents. Pour le coup, comment justifier politiquement des missions lunaires XXS après une mission lunaire XXL ?
En outre, le scénario le plus probable, c'est qu'après 2 ou 3 expéditions de femmes et d'hommes sur la Lune, avec un Starship lunaire sans capacité de retour atmosphérique, (ce qui nous conduira en 2024, 25, 26...) SpaceX aura eu le temps de développer complètement le vrai Starship capable d'affronter un retour sur Terre à la seconde vitesse cosmique. SpaceX pourra alors envoyer sur la Lune, par ses propres moyens, un Starship entièrement récupérable. Cette démonstration ayant été faite, la NASA n'aura plus besoin du SLS. Crise budgétaire aidant, la décision sera prise de faire partir les astronautes de la Terre directement dans le Starship récupérable.
Le citoyen lambda verra toujours un Starship sur la Lune. Il n'accordera pas une grande importance à la substitution d'un lanceur à un autre au départ de la Terre, pour autant qu'il la remarque.
Ainsi, de manière relativement discrète, le SLS pourra être enterré. La reconversion des industries sinistrées deviendra envisageable : car l'offre de lancement sera devenue telle qu'il y aura de nombreuses opportunités pour les constructeurs de structures orbitales, habitées ou non. Il y aura un "boom du spatial". Les gens devront changer de métier à l'intérieur du secteur spatial, mais ils ne seront pas abandonnés.
Bien sûr, rien de tel n'est programmé aujourd'hui par la NASA : mais cela devient possible.
Tuer le SLS trop tôt, comme je l'ai toujours écrit, aurait été une erreur. Sans SLS, les finances publiques américaines se seraient mieux portées, mais il n'y aurait pas aujourd'hui ce marché passé avec SpaceX. La dialectique du vice et de la vertu est souvent paradoxale.
Pour la première fois, l'Amérique entrevoit la possibilité de sortir par étapes et sans trop de douleur du cauchemar budgétaire du SLS. C'est une grande espérance !
2°) Je ne crois pas que ce marché fasse perdre son âme à SpaceX, ou dilue sa stratégie
Certains ont ici écrit que ce projet va détourner SpaceX de Mars.
Sincèrement, je ne le pense pas. Ce qui rendait jusqu'à aujourd'hui impossible la conduite en parallèle d'un programme lunaire et d'un programme martien, c'est que tous les projets envisagés reposaient sur des matériels consommables. Avec la réutilisation, la conquête spatiale n'est plus enfermée dans ce choix cornélien entre la Lune et Mars.
SpaceX a tout à gagner dans ce marché. Le Starship, en tant que vaisseau habité destiné à "l'espace profond", n'existe que sur le papier. Le seul vaisseau interplanétaire habité existant, c'est Orion. Le Dragon de SpaceX n'est destiné qu'à des vols courts (ou longs, mais amarré à l'ISS), toujours à proximité de la Terre, dans un environnement relativement peu exposé aux radiations. Si la NASA partage avec SpaceX un certain nombre de briques technologiques d'Orion, notamment concernant l'électronique, les communications lointaines, les redondances pour les systèmes vie, SpaceX gagnera plusieurs années dans le développement du Starship martien.
Ce n'est que si SpaceX ne parvenait pas à rendre le Starship pleinement réutilisable que les coûts des missions lunaires représenteraient une ponction sur ses ressources telle que le financement des expéditions vers Mars serait compromis.
Rien de nouveau dans cette analyse : la route de Mars ne sera ouverte que si SpaceX met au point un système de transport intégralement et fréquemment réutilisable.
3°) Une stratégie nationale américaine crédible pour le spatial s'esquisse pour la première fois depuis Apollo.
Malgré toute l'estime que je porte à Elon Musk et à SpaceX, j'ai toujours douté que la révolution du New Space puisse se réaliser sans une collaboration étroite entre acteurs publics et privés.
La vision naïve de milliardaires partant seuls à la conquête du cosmos ne peut pas fonctionner durablement. Cette vision est une chimère idéologique des ultralibéraux, et un fantasme des anticapitalistes radicaux. C'est aussi une manière de présenter les choses qui plaît aux médias, avides de sensationnel.
Le New Space, et tant pis si cela n'est pas sexy pour les médias, c'est d'abord une innovation juridique : c'est l'invention de contrats qui en responsabilisant financièrement les entreprises privées et en leur laissant une part raisonnable de propriété intellectuelle, permettent à celles-ci d'avoir une stratégie spatiale globale comportant à la fois des activités propres et des activités au bénéfice de personnes publiques.
Comme toutes les colonisations passées, celle de Mars ne se conçoit qu'à la condition d'une énorme implication des Etats.
Elon Musk est un visionnaire, les historiens le considéreront probablement comme un génie, mais l'impétuosité de ce génie a besoin d'être canalisée par un ensemble d'engagements auprès de multiples interlocuteurs, dont la NASA. Comme disait un autre grand esprit dans un tout autre contexte, il faut partir de l'idéal, mais pour aller vers le réel. Devoir se justifier, comparer prévisions et réalisations, devoir plaider, faire de la pédagogie, partager face à des difficultés, ne fait jamais de mal.
SpaceX a toujours été tournée vers le réel, grâce, notamment, au dialogue avec la NASA et d'autres régulateurs publics. Je ne dis pas que ces régulateurs aient raison quand ils s'opposent à SpaceX, mais je dis que ce dialogue a quelque chose de sain dans son principe et qu'il est plus nécessaire que jamais alors que le succès pourrait tourner la tête à SpaceX et son principal dirigeant. L'ambition de faire est une vertu, mais l'ubris est un risque mortel.
La NASA et les hommes politiques qui la supervisent, réciproquement, seront à travers ce partenariat autour du Starship attraits vers la vision de SpaceX et sa stratégie d'avenir. Ils glisseront insensiblement d'objectifs concernant la Lune vers des objectifs concernant Mars. Ils s'habitueront à la construction de programmes autour non plus de systèmes de transport spatial figés, mais de fusées qui n'arrêtent pas d'enchaîner les évolutions incrémentales, sans que cela requière des apports financiers publics excessifs.
De nouveaux équilibres vont se mettre en place, une nouvelle relation au temps, qui ne sera pas guidée seulement par les échéances électorales.
* * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * *
Devant un tel défi technologique, rien n'est gagné d'avance, et après quatre explosions de prototypes de Starship, qui ont plus ou moins bien volé et mal atterri, l'heure n'est ni à l'euphorie, ni au pessimisme.
Cependant, l'Amérique vient de mettre toutes les chances de son côté par ce choix en faveur de SpaceX. Après, l'aventure continue, avec ses risques, et avec ses chances, qui sont réelles.
Elon a remporté une manche décisive, mais au regard de tout ce qui reste à faire, il est maintenant plus que jamais face à son destin.
PierredeSedna- Donateur
- Messages : 2499
Inscrit le : 24/08/2017
Age : 65
Localisation : Région Ile-de-France
Comme à chaque fois une analyse passionnante de PierredeSedna. Merci !
ndiver- Messages : 880
Inscrit le : 18/06/2013
Age : 39
Localisation : France / Allemagne
Tout est chamboulé par ces dernières nouvelles sur HLS et un grand merci à PierredeSedna pour cette brillante analyse sur la stratégie de ces changements !
Giwa- Donateur
- Messages : 12863
Inscrit le : 15/04/2006
Age : 81
Localisation : Draguignan
Comme toujours une excellente analyse, même si, comme on dit dans la presse, l'auteur "tire un peu à la ligne..."
Avec ce choix, la Nasa semble vouloir rattraper une partie du temps perdu par une agence soumise aux aléas politiques et parfois conservatrice dans certains de ses choix. Il faut souhaiter la réussite ce pari maintenant public/privé pour l'avenir de l'astronautique.
Avec ce choix, la Nasa semble vouloir rattraper une partie du temps perdu par une agence soumise aux aléas politiques et parfois conservatrice dans certains de ses choix. Il faut souhaiter la réussite ce pari maintenant public/privé pour l'avenir de l'astronautique.
BBspace- Donateur
- Messages : 3221
Inscrit le : 21/11/2009
Age : 76
Localisation : Seine-et-Marne
Pierre de Sedna a écrit:En outre, le scénario le plus probable, c'est qu'après 2 ou 3 expéditions de femmes et d'hommes sur la Lune, avec un Starship lunaire sans capacité de retour atmosphérique, (ce qui nous conduira en 2024, 25, 26...) SpaceX aura eu le temps de développer complètement le vrai Starship capable d'affronter un retour sur Terre à la seconde vitesse cosmique. SpaceX pourra alors envoyer sur la Lune, par ses propres moyens, un Starship entièrement récupérable. Cette démonstration ayant été faite, la NASA n'aura plus besoin du SLS. Crise budgétaire aidant, la décision sera prise de faire partir les astronautes de la Terre directement dans le Starship récupérable.
C'est effectivement ce que doit espérer Space X.
Cela se produira-t-il aussi rapidement .... chacun peut avoir son avis prévisionnel et écrire le futur, à tout le moins l'envisager.
Je n'ai pas la capacité de prévoir ce que sera l'avenir, de la politique spatiale des USA, ni de décrypter ce qu'il y a dans la tête de son Président, des élus du Congrès, d'autant que au-delà de deux ans .... il y a les élections de mid-term, et au bout de quatre, un nouveau président.
Pour le futur proche, et la préparation des missions Artemis I à III, il est clair que la NASA ne veut en aucune façon mettre ses équipages dans une situation où les risques ne seraient pas acceptables du fait de techniques non maîtrisées.
Cela et les limites budgétaires (sans mésestimer la mémoire collective de deux équipages de navettes perdues) encadrent et bornent, la décision actuelle concernant l'intégration de Space X dans la boucle. Estimer aujourd'hui, que cela sera réussi "fingers in the nose" .... je ne m'y risque pas.
Gérer la satellisation du Starship-HLS propulsé dans la première phase du vol par un booster SuperHeavy,, est dans le cadre de ce que peut accepter actuellement la NASA ... puisqu'il n'y aura pas d'équipage à bord.
De même gérer le ravitaillement afin qu'il puisse être injecté en TLI et rejoindre la Lune ..... cela se fera avec au minimum un Starship-citerne. et celui-ci devra effectuer dit-on, 5 ou 6 rotations, avec à chaque fois un RdV avec le Starship-HLS. Toutes opérations sans risques inacceptables .... ni délai fastidieux car sans équipage, (si on excepte la perte des deux appareils si cela se passait mal). Charge alors (dans une éventualité que personne ne souhaite évidemment), à Space X de remplacer le matériel pour assurer son contrat.
Le ravitaillement impose aussi à Space X de maîtriser la rentrée atmosphérique pour le Starship-citerne et l'atterrissage. C'est un objectif qui n'est pas imposé par la NASA puisque l'agence veut "seulement" que le Starship-HLS soit acheminé à proximité de la Lune.
Aura-t-il un reliquat d'ergols suffisant pour réaliser ensuite sa véritable mission, soit atterrir sur la Lune, puis revenir (vers Orion ou la Gateway suivant le profil de la mission) ? Il vaudrait mieux .... car à proximité de la Lune du moins au début des missions, il n'y aura pas encore de ravitaillement prévu (cette "fonctionnalité technique" sera peut-être avancé ? ou bien cela fera partie de la mission attribuée à Space X de prévoir où et à quel moment cette servitude devra être effectuée ?). Là encore tout cela sera à gérer sans équipage à bord du Starship-HLS.
Toutes ces étapes ne sont pas encore maîtrisées, et la NASA ne laissera pas ses équipages exposés à un risque lié à ces basses contingences techniques.
A partir de là .... on peut se dire que Space X survolera brillamment ces challenges et que ce ne sera qu'une formalité. En matière de prévision tout est autorisé
Ce sera de fait indispensable pour envisager que le voyage lunaire habité puisse se faire en décollant depuis le pas de tir terrestre. Surtout si lors de cette phase de décollage il puisse y avoir des faiblesses du côté des exigences du "man rating". Or ce sera aussi difficile pour le Starship que çà l'était pour la navette qui n'avait aucun système d'éjection de l'équipage et a fait trembler au décollage, (comme au retour d'ailleurs) jusqu'à sa toute dernière mission. N'oublions pas que les Super-Draco n'ont pas suffi à qualifier le Crew Dragon pour sa phase de retour.
On va donc devoir faire preuve d'un peu de patience pour voir si ce que certains peuvent voir dans leur boule de cristal va se réaliser.
montmein69- Donateur
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Un point sur lequel je ne m'étendrai pas, car très incertain pour l'instant. Le choix de l'atterrisseur lunaire montre au moins une chose: seuls les Américains décident. Or les évolutions futures tels que l'on peut supposer du Starship lunaire peuvent amener l'arrêt de la passerelle lunaire, pour cause d'inutilité. Passerelle lunaire dans laquelle sont engagés les Européens. L'Europe et les autres pays engagés dans le programme Artémis passent pour des partenaires. Je dirais plutôt figurants.
Lunarjojo- Donateur
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Localisation : Epinal
L'idée du Gateway en NRHO date de l'ère Obama et cette passerelle est vitale pour les plans d'exploration de l'espace profond. De plus, Orion avec son propulseur électrique, peut y accéder mais pas directement en orbite lunaire basse. De plus, cela permet une orbite bien plus stable que trop près de la Lune où les mascons affectent les objets qui s'y trouvent. De plus, les engins en NRHO sont continuellement exposés au Soleil et en contact avec la Terre. De plus, l'orbite étant polaire et rectilinéaire, la station est face à la face cachée de la Lune, et de la face visible, survole le pôle sud à chaque périlune. De plus, au NRHO, il devrait être possible d'y placer de très grands observatoires (télescopes, radiotélescopes) faciles à entretenir puisqu'un équipage pourrait y accéder sans consommer trop d'énergie.
Il s'agit d'utiliser les lois de la mécanique céleste (les points de Lagrange, par exemple) pour consommer le moins de carburant possible afin de permettre à autant de lanceurs que possible de participer à l'aventure.
Le Gateway ne concerne pas que la Lune mais aussi toute mission lointaine.
Quand la NASA a imaginé de remplacer un troisième étage de Saturne 5 par une station Skylab, on a beaucoup appris mais ce fut ponctuel et après 6 mois d'occupation en tout, c'était fini.
La Navette et la station spatiale ont laissé la place à toutes sortes d'expériences imaginées, améliorées au cours du temps. Le Gateway c'est aussi une vision à long terme avec beaucoup d'inconnues mais aussi, beaucoup de potentiels.
Ok, je viens de lire en entier le post de PierredeSedna et il est excellent!
Une chose en faveur son argumentation c'est la nomination de Bill Nelson comme administrateur. Il sait très bien comment la NASA est financée mais aussi les atouts de SpaceX.
Comment faire en sorte de favoriser les sociétés privées dont leurs bases sont très localisées dans parfois un seul état par rapport aux votes des sénateurs qui veulent surtout des emplois dans leur état au détriment de progrès réel dans le spatial?
Pour qu'un Starship aille vers la Lune, il faudrait 1200 tonnes de carburant à trouver en LEO (puisqu'il sera presque vide) et les Starship-Tankers ne peuvent transporter au plus que 220 tonnes...Donc il faudrait 5 autres lancements de Starship sur un délai très court (une affaire de jours) alors qu'en Floride il y a les risques d'ouragans, de vents d'altitudes....Tout retard compromettrait la mission, même sans accident. Il faudrait jusqu'à 5 sites de lancements, 5 Super Heavy prêts !
Cette difficulté majeure explique la LOP-G en NRHO, le SLS et Orion en moteur électrique! Là on construit une station-relai pas trop difficile d'accès et on apprend l'espace profond.
Autre chose: SpaceX pour faire des économies, a choisi la multiplication de moteurs identiques. L'ennui c'est que les technologies des propulsions électriques (Lune) et propulsion nucléaire (Mars) sont connues et prometteuses ! SpaceX va devoir se lancer dans le nucléaire si elle tient à Mars et donc le Starship tel qu'on le connait aujourd'hui n'est pas la solution pour emporter 100 personnes vers Mars!
Il s'agit d'utiliser les lois de la mécanique céleste (les points de Lagrange, par exemple) pour consommer le moins de carburant possible afin de permettre à autant de lanceurs que possible de participer à l'aventure.
Le Gateway ne concerne pas que la Lune mais aussi toute mission lointaine.
Quand la NASA a imaginé de remplacer un troisième étage de Saturne 5 par une station Skylab, on a beaucoup appris mais ce fut ponctuel et après 6 mois d'occupation en tout, c'était fini.
La Navette et la station spatiale ont laissé la place à toutes sortes d'expériences imaginées, améliorées au cours du temps. Le Gateway c'est aussi une vision à long terme avec beaucoup d'inconnues mais aussi, beaucoup de potentiels.
Ok, je viens de lire en entier le post de PierredeSedna et il est excellent!
Une chose en faveur son argumentation c'est la nomination de Bill Nelson comme administrateur. Il sait très bien comment la NASA est financée mais aussi les atouts de SpaceX.
Comment faire en sorte de favoriser les sociétés privées dont leurs bases sont très localisées dans parfois un seul état par rapport aux votes des sénateurs qui veulent surtout des emplois dans leur état au détriment de progrès réel dans le spatial?
Pour qu'un Starship aille vers la Lune, il faudrait 1200 tonnes de carburant à trouver en LEO (puisqu'il sera presque vide) et les Starship-Tankers ne peuvent transporter au plus que 220 tonnes...Donc il faudrait 5 autres lancements de Starship sur un délai très court (une affaire de jours) alors qu'en Floride il y a les risques d'ouragans, de vents d'altitudes....Tout retard compromettrait la mission, même sans accident. Il faudrait jusqu'à 5 sites de lancements, 5 Super Heavy prêts !
Cette difficulté majeure explique la LOP-G en NRHO, le SLS et Orion en moteur électrique! Là on construit une station-relai pas trop difficile d'accès et on apprend l'espace profond.
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